ir^)h,v

ItS

.^^<^

•<jî,

^

JOHN M. KELLY LIBDADY

Donated by The Redemptorists of the Toronto Province

from the Library Collection of Holy Redeemer Collège, Windsor

University of St. Michael's Collège, Toronto

HiLY KDEEMER LIBRARY. W^^JIDSOR

LES LIVRES DU NOUVEAU TESTAMENT

DU MÊME AUTEUR

Histoire du Canon de l'Ancien Testament (i.Sgo), i vol. in-8,

:.fio pages Épiiiné

Histoire du Canon du Nouveau Testament (i8;ii), i vol. g''- i"-8>

3o5 pa'cs Epuisé

Études bibliques, troisième ciliUon (iy<)3), i volume in-8.

f2'|0 pages 3 ''"•

Histoire critique du texte et des versions de l'Ancien Testament (1892-

189!), ■! vol. in-8 Épuisé

Les Klythes babyloniens et les premiers chapitres de la Genèse (1901),

i vol. gi'. in-8, XIX-212 pages Epuisé

Les Évangiles synoptiques (1907-1908), 2 vol. gr. in-S, i.oi4 et

S18 pages 3o Ir.

L'Évangile et l'Église, quatiième éttilion (1908), i vol. in-12,

xxxiv-280 pages Epuisé

Autour d'un petit livre, deuxième cilitiou (190:;), i vol. in-12.

XXXIV-300 pages Epuise

Simoîes réflexions sur le décret du Saint-Office Lameniabili

sane e.xilii et sur l'Encyclique P'ascendi dominici gregis,

ileuxiOmi- ctliliuu (19118;, i vol. in-12, 807 pages 3 fr.

Quelques lettres sur des questions actuelles et sur des événements

récents (1908), I vol. in-ia, 2y5 pages 3 fr.

La Religion d'Israël, deuxième édition {1908), i vol. in-12.

29: page

3 fr.

Leçon d'ouverture du cours d'Histoire des religions au Collège de

France (1909), in-12, /13 pages o 75

Jésus et la Tradition évangélique (1910), i vol. in-12, 288 pages. 3 fr.

A propos d Histoire des Religions (1911), i vol. in-12, 326 pages.. 3 fr.

L'Évangile selon Marc (1912), i vol. in-12, 5o3 pages 5 fr.

Choses passées (igiS), i vol. in-12, x-398 pages 3 5o

Guerre et Religion, deuxième édition (ujiS), 1 volume in-12.

196 pages 2 5o

L'Épitre aux Galates (19)6), 1 vol. in-12, \o'^ pages 2 5o

Mors et Vita, deuxième édition (1917I, i vol. in-12, 90 pages. i 5o

La Rsligicn (1917), i vol. in-12, 3io pages 3 00

La Paix des nations et la Religion de l'avenir (1919), in-12, 3i p. i 25

De la Discipline intellectuelle (1919), 1 vol. in-12, 192 pages 3 5o

Les Mystères pa'iens et le Mystère chrétien (1919), i vol. gr. in-8,

36s paijes Épuisé

Essai historiquesurlô Sacrifice(i92o),i vol. gr.in-8,ô52 pages.. 3o fr.

Les Actes des Apôtres (1920), 1 vol.gr. in-8, 963 pages 5o fr.

Le Quatrième Évangile, deuxième édilion (igai), i vol. in-8,

i;o2 pages .3i) fr.

LES LIVRES

DU

NOUVEAU TESTAMENT

TRADUITS DU GREC EX FRANÇAIS

INTRODUCTION GENERALE ET NOTÎCES

ALFRED LOISY

%-^

:^

^

PARIS EMILE NOURRY, ÉDITEUR

62, Rue des IÎcoles, 62

1922

Tous droits réservés ponr lous pays

,<r

HflLY REDEEMER LIERAI^? WINDSOR

INTRODUCTION GENERALE

On appelle Nouveau Testanienl un recueil décrits que l'Eglise ancienne a regardés comme apostoliques et divinement inspirés. Aussi bien ces écrits étaient-ils en même temps considérés comme la source pure et la règle irréfragable de la loi.

Le nom même de la collection s'cntcjid par rapport à un autre recueil d'écrits, l'Ancien Testament, l'ensemble des Ecritures sacrées que le chris- tianisme a héritées du judaïsme, et c'est à 1 instar de ces Ecritures juives qu'a été institué le recueil des Ecritures proprement chrétiennes.

En rigueur de langage, les titres de ces recueils ne désignent pas des livres, mais ils ont été d'abord employés pour signifier deux économies successives de la révélation divine : l'économie de la religion Israélite, censée préliminaire et ligurative, l'économie de la religion chrétienne, censée délinitive et réalisée par Jésus-Christ en accomplissement de la première. C'est à ces deux économies, et d'abord à l'économie de la reli- gion Israélite, que s'est appliqué le nom d'alliance. Le mot héhrca (berith), en celte application spéciale, ne s'entend pas d'une convention réciproque mais d'une disposition providentielle dans l'intérêt du peui)le élu, une sorle de charte octroyée qui. du coté de Dieu, est une promesse gracieuse, et, par rapport à Israël, une loi qui s'impose, conditionnant l'cU'et de la prr, messe. La même notion s'applique à l'économie chrétienne de la religion, sauf que l'objet direct n'en est pas la fortune d'un peuple mais le salut éternel de tous les hommes, et que l'idée de grâce y domine tout à fait celle de loi. Comme le mot grec (dialhéké) dont on s'était servi pour tra- duire le mot héljren signifie aussi testament, et qu'on le traduisit ainsi en \Ai\n{leiilameiitam), les deux économies de la religion révélée sont devenues, dans le langage com-ant, les deux Teslamenis, et les deux séries de livres sacrés qui sont, à proprement parler, les livres de la révélalion ancienne et ceux de la révélation nouvelle, ont été bientôt appelés eux-mêmes. Ancien et Nouveau Testament.

Aucun renseignement exprès n'existe sur les conditions dans lesquelles s'est formé le recueil du Nouveau Testament. Vers la fin du second siècle, le recueil existe, constitué dans ses parties principales, et depuis quelque temps, car eeux qui en témoignent, Irénée de Lyon, Tertulllen de Car-

6 I.ES LIVRES DU NOUVEAU TESTAMENT

lluige. Clément d'Alexandrie l'ont trouvé tel. Les deux parties du recueil sont : les quatre évangiles, selon Matthieu, Marc, Luc, Jean, seuls autorisés bien qu'on en connaisse d'autres, et ils sont supposés contenir l'histoire et l'enseignement de Jésus ; les écrits apostoliques, c'est-à-dire les Actes des apôtres, et treize épîtres attribuées à Paul. Les contours de cette seconde partie sont quelque peu flottants ; on y peut rattacher la première épîlre de Pierre, les trois épîtres d3 Jean, aussi l'Apocalypse. Mais des voix s'élèvent contre l'Apocalypse; au iii*^ siècle elle sera contestée en Orient, et l'on peut dire qu'elle ne subsistera, au iv siècle, que dans le canon de l'Eglise occidentale, lin revanche, l'épître aux Hébreux, qui, vers l'an 200, est acceptée à Alexandrie comme épitre de Paul, n'est pas reçue comme œuvre apostolique en Occident, bien qu'elle y soit connue et en crédit. Eusèbe de Césaréc, au commencement du iv° siècle, signale comme ayant été controversées et l'étant encore, c'est-à-dire admises par les uns, non reconnues par les autres, outre l'Apocalypse et l'épître aux Hébreux, la seconde épître de Pierre, les épitres de Jacques et de Jude, les deux petites épîtres de Jean. Mais l'harmonie (init par s'établir entre les Eglises ; vers 400, l'Eglise latine reçoit l'épître aux Hébreux ; à partir de 5oo envi- ron, l'Eglise grecque peu à peu reprend l'Apocalypse. Depuis lors le canon ou catalogue ofliGiel du Nouveau Testament comprend vingt-sept livres, dont qualorze épiires de Paul et les sept épîtres dites catholiques (deux de Pierre, une de Jacques, une de Judff, et trois de Jean).

11 semble que la première collection de ces écrits, qui associait aux quatre évangiles les Actes des apôtres et treize épitres de Paul, ail été eonstituée dans les communautés cliréliennes, et probablement par un accord voulu des plus considérables d'entre elles, vers le milieu du second siècle, au plus fort de la crise gnostique et pour opposer une barrière au débordement de l'hérésie. Le recueil de l'Eglise n'était pas lixé quand le gnostique Marcion (vers l4o-i45), qui répudiait le corps des Ecritures juives, arrêta lui-même le choix des écrits apostoliques qui étaient censés contenir la véritable et unique révélation, faite par le Christ : le recueil de .Marcion comprenait « l'évangile » et « l'apôtre » ; « l'évangile » était celui de Luc, mais avec beaucoup de retranchements et quelques retouches ; r « apôtre » était la collection des épitres de Paul, moins les deux épitres à Timolhée et l'épître à Tite. 11 est possible que Marcion ait connu la col- lection sans ces trois épîîres, qui y ont été surajoutées. Quoi qu'il en soit, la grande Eglise institua aussi son recueil d'écrits autorisés, et elle fit ce recueil plus large, soit parce qu'elle avait concilier les traditions des dilTérentes communautés, soit parce qu'elle avait un intérêt dans cet élargissement. C'est ainsi qu'elle canonisa quatre évangiles censés d'ori- gine apostolique, parce qu'ils portaient des noms d'apôtres (Matthieu et Jean) ou de disciples d'apôlres (Marc et Luc). Il eût été en soi plus naturel et plus expédient de n'avoir qu'un évangile, mais il fallait compter avec l'usage traditionnel des communautés principales. L'Eglise d'Edcsse, qui ne |)arlait pas grec, pouvait dans le dernier quart du second siècle,

INTRODUCTION GENERALE /

adopter comme évangile officiel le Diatessaron de Tatien, les quatre évaugiles communément reçus étaient fondus en un seul ; l'ensemble des communautés ne le pouvait pas et u'y songea pas. L'on joignit aux quatre évangiles les Actes des apôtres, parce qu'ils étaient du même auteur que le troisième évangile, et surtout parce qu'ils fournissaient une base à la tradition apostolique dont on prétendait s'autoriser contre la gnose. On adopta les épitres de Paul avec les trois que n'avait pas Marcion, ces der- nières, qui palémisaieut contre le gnoslicisme naissant, se trouvant être une ressource appréciable contre le gnoslicisme grandissant.

Le critérium de la canonicité était l'origine apostolique, mais on n'en exigeait que peu ou point de preuves. L'étiquette suffisait, pourvu qae le livre fût en possession de l'usage liturgique dans les communautés, et que l'épiscopat y pût trouver appui dans sa lutte contre le gnosticisme. Encore semble-t-il que, dans certains cas, par exemple en ce qui regarde les épitres à Tite et à Tiniolhée, la seconde condition ait dispensé de la pre- mière. Ainsi le choi.v des livres ne se fit point au hasard ; et pareillement ce choix consacra leur autorité, en la définissant, plutôt qu'il ne la créa. 11 était, certes, de grande conséquence pour le crédit ultéi leur de ces livres, et d'abord pour leur conservation, qu'on les mit au rang des Ecritures sacrées, en luèrae considération que les écrits de Moïse et des anciens prophètes ; mais cet accroissement de prestige, que nous voyons condi- tionné par les circonstances de l'histoire, était dans l'ordre naturel des choses et conforme au caractère propre des écrits dont il s'agit. Le chris- tianisme primitif a été comme line explosion de loi enthousiaste, etpendant longtemps il a vécu en quelque sorte sous le régime de l'inspiration conti- nue. L'importance croissante, et bientôt unique, de l'épiscopat dans la direc- tion des communautés, endigua, pour ainsi dire, cette inspiration, mais il avait commencé par se l'aj)proprier. Tous les écrits des premiers temps chrétiens étaient plus ou moins des produits de l'inspiration divine. C est pourquoi la délimitation du recueil apostolique fut un classement des écrits inspirés, en vertu duquel ceux-là seulement furent considérés comme règle authentique de la foi, qui provenaient de la i)remière génération croyante, des témoins immédiats du Christ. Il en résulta que l'inspiration des anciens écrits non aposloli(|ues perdit de son relief et que ces écrits tombèrent finalement en discrédit, étant moins utilisables dans les disputes dogma- tiques. La fixation du recueil apostolique releva donc au-dessus des autres les écrits qui y étaient contenus, mais ce n'est pas.cettc fixation qui leur fil attribuer le caractère de livres inspirés; ils posséduicnl auparavant ce caractère, qui fut seulement garanti et majoré parleur assimilation aux Ecritures de l'Ancien 'i'eslament.

Tant s'en faut que l'inscription de ces livres dans le recueil oflicicl, sous un nom apostoli([ue, soit une garantie certaine d'authcuticilé. Si l'on

8 LES LIVRES DU NOUVEAU TESTAMENT

excepte les principales épîtres de Paul, il n'est pas un écrit du Nouveau Testament dont l'atlribution ne soit contestable et la date indécise. Le christianisme a été tout autre chose qu'un mouvement littéraire dont les principales étapes seraient marquées par la publication d'écrits sensa- tionnels. L'évangile a été d'abord un enseignement oral, et plutôt encore un message : le règne de Dieu est proche, et il convient de s'y préparer. Jésus n'a rien écrit, et ceux qui le prêchèrent après sa mort n'eurent pas, au début, plus que lui, motif de rédiger des documents de leur foi. Ce sont les progrès mêmes de cette foi et son évolution qui provoquèrent l'éclosion d'une littérature proprement chrétienne, en lui fournissant un objet, et qui en déterminèrent en même temps le caractère.

Il est vrai que le christianisme était, dès sa naissance, héritier d'une littérature qui le dispensait provisoirement d'en avoir une à lui propre. Issu du judaïsme, et comme accomplissement de l'espérance juive, il était en possession d'un livre sacré i[ui était censé l'autoriser ; et il ne disposait pas que de la Bible, il disposait aussi bien de la littérature juive en général ; les recrues qu'il lit bientôt dans le judaïsme helléniste lui procu- rèrent l'usage de la littérature juive en langue grecque, ce qui lui fut d'un appréciable secours. L'on doit noter, en elfet, que la littérature chrétienne primitive est tout entière en langue grecque, parce que la propagation du christianisme £.'est faite bientôt en dehors de la Palestine, par des Juifs plus ou moins hellénisés, qui parlaient grec et qui d'ordinaire lisaient la Bible en grec, dans la version dite des Septante. L'influence de la tradi- tion juive palestinienne, en tant qu'elle a piî s'exercer, par des livres écrits en hébreu ou en araméen, sur le christianisme naissant, aura donc été assez limitée; car, pour ce qui est de Jésus et de ses premiers disciples, il ne saurait être question d'influence autre que celle de l'Ecriture, lue dans la synagogue en hébreu et paraphrasée en araméen, ou bien de traditions doctrinales reçues oralement. Cette influence s'est exercée sur l'enseigne- ment de Jésus et sur les plus anciens écrits évangéliques,- s'il a existé d'abord en araméen, comme il est probable, une légende de Jésus et un recueil de sentences qui représentait l'enseignement par lui donné ou à lui attribué. Mais ces premiers documents évangéliques ne nous ont point été conservés; nos évangiles sont grecs, et aucun d'eux ne peut être considéré comme la simple traduction d'un évangile sémitique. L'évangile n'est juif et araméen qu'en son premier commencement, et, vu rinsigniliance histo- rique du christianisme judaïsant, l'on peut dire que le christianisme est une forme hellénisée du judaïsme. Circonstance à remarquer, puisque le judaïsme, sous sa forme chrétienne, apparaît en religion de mystère, comme d'autres cultes orientaux qui se sont pareillement hellénisés et qui n'ont pas appris seulement à parler grec.

Le christianisme, en ert'ct, dès le commencement de sa dilTusiou, fut autre chose qu'une école spéciale dans le judaïsme commun ; ce fut une secte religieuse caractérisée par le culte de celui sous le nom et en la foi duquel cette secte s'était constituée. Plus grandissait le culte de son Mes-

INTRODUCTION GENERALE U

sie mort et ressuscité, moins le christianisme pouvait èlre considéré comme une simple variété de la religion juive ; et l)ienlôt organisé en éco- nomie de salut par la foi en Jésus, il était, quoi qu'il prétendit, une reli- gion autre que le judaïsme. De cette situation naquit sa littérature. Comme sa propagande s"excrça d'abord dans les milieux juifs ou influencés par le judaïsme, il eut à définir et à défendre sa position vis-à-vis de cette reli- gion qu'il se llaltait de réaliser mieux qu'elle ne se réalisait elle-même. 11 ne lui suflisait pas d'enseigner, en s'autorisant des Ecritures et de la tradi- tion juives, le monothéisme traditionnel avec les espérances qu'il compor- tait; il lui fallait établir les titres de son Christ, démontrer comment l'éco- nomie du salut chrétien était annoncée dans la Bible et justifiée jjar les prophéties. Le mj-the du Christ et la légende de Jésus ont été construits, pour une bonne part, en vue de cette nécessité. 11 a fallu, après qu'on eût dispensé des observances légales les convertis du jiaganisme, expli- quer comment la Loi de Moïse, avec son système de sacrifices et de puri- fications rituelles, était abrogée par le mystère de la rédemption, de même qu'il a fallu accorder les formules prophétiques de l'espérance juive avec l'immortalité promise dans le mystère. Le christianisme ne pouvait s'af- firmer sans être contraint de faire en même temps son apologie. Sa litté- rature exprime la conscience de pUis en plus claire et décidée qu'il prend de son autonomie vis-à-vis du judaïsme ; dans la variété de ses formes, elle atteste le travail spirituel par lequel cette autonomie s'est réalisée, et les efforts de la raison croyante pour étayer la nouvelle foi. L'originalité singulière de cette littérature consiste précisément en ce qu'elle a voulu présenter comme la forme authentique de la foi et de l'espérance Israélites la religion hellénistique, le mystère de salut universel, que le christianisme était devenu.

Autant qu'on peut en juger, la catéchèse apostolique, même eu dehors de la Palestine, fut une instruction principalement morale, inspirée par le monothéisme juif et empruntée au judaïsme, coordonnée d'ailleurs à la grande espérance et dominée par lidéc du prochain règne de Dieu, La place faite au Christ n'y était pas eu rapport avec l'importance que le per- sonnage de Jésus avait déjà prise dans la foi et dans le culte. L'essentiel de son rôle appartenait encore à l'avenir, et l'espoir de sou avènement glorieux se confondait dans la perspective finale avec l'attente du juge- ment universel. Mais si le Christ semblait n'être qu'im élément, d'ailleurs essentiel, de la catéchèse, il était presque tout dans l'apologie savante, et il fut tout dans la gnose mystique, celle-ci se confondant plus ou moins avec celle-là, bien que l'apologie fût rendue nécessaire par la position du christianisme à l'égard du judaïsme, tandis que la gnose résultait de l'in- fluence exercée par la mystique païenne sur la nouvelle foi. Les secta- teurs du Christ, devant le judaïsme dont ils continuaient de se réclamer, avaient à jirouver surtout que Jésus était le Messie. Tâche délicate, puisque Jésus était mort et (jue le règne divin, |>ar lui annoncé comme imminent, tardait à venir ; la carrière de Jésus avait été insigniliante par

10 LES L1VUE5 DU NOUVEAU TESTAMENT

rapport au rôle que la foi lui attribuait, el sa mort y coulredisail. 11 était donc urgent d'établir que la mort était une part capitale du progiarame ntïéssianique tel qu'on le supposait tracé dans les Ecritures. On y ramena par une exégèse complaisante tout ce qu'on lisait de plus expressif dans les Psaumes el dans Isaïe touchant les soullrances el la libération des justes. La vraie solution de la dilTiculté fut dans 1 interprétation qui se fit de la mort du Christ comme d'un sacrilice expiatoire de tous péchés. <;etlc idée fut aussi présentée sous la garantie de l'Ecriture, bien que la notion de ce sacrilice mystique, cdicace de rédemption et d'immortalité pour ceux qui s'ideulilieraienl en e^^prit, par la foi el l'initiation rituelle, au Sanvenr mort el ressuscité, fût beaucoup plus païenne que juive ; elle était, du moins, parfaitement étrangère au judaïsme ofliciel et aux Ecritures canoniques. Les plus anciens témoignages accusent une extraordinaire liberté, non seulement dans lappiication dos textes bibliques, mais dans la construction mên\e du mythe en faveur duquel les textes sont invoqués. Paul el l'auleur de l'épître aux Hébreux semblent en savoii- beaucoup plus long sur les agissements du Christ dans !e ciel a vant el après son épipha- nie, que sur la vie de Jésus. Tous les deux, avec leur Chrisl qui ^ient du ciel en terre afin de subir la mort de la croix par obéissance à la volonté du l'ère, puis quiremonle en gloire; se soumettant les puissances adverses, ou apportant son projtre sang dans le sanctuaire d'en haut, professent un évangile vraiment gnoslique et qu'ils pensent lire dans l'Ecriture ancienne. En fait, l'Ecrilurc fournil un support et un aliment à leurs spéculations sur la mission rédemptrice de Jésus-Christ.

Cependant l'oljjet de ces considérations n'a pas tardé à s'élargir et, en même temps, à se préciser dans le détail, parce que, la tin du monde ne venant pas, les communautés se recrutant et s'organisant, la nouvelle religion se constituant délinilivemenl en mystère de salut universel, on a dûpourvoir aux besoins particuliers des communautés naissantes, adapter la doctrine aux conditions de la vie réelle, trouver ou mettre dans l'ensei- gnement évangélique tout ce qui convenait à l'édilication commune, faire une place à la vie de Jésus, et non seulement à sa mort, dans la légende du Christ, présenter celte vie du Christ Sauveur eu telle façon qu'elle répondit aux exigences de la prophétie, qu'elle convînt à la dignité du rédempteur, à la typologie du salut qu'elle avait réalisé, et que le fonda- teur du christianisme pût Intler victorieusement avec tous les initiateurs religieux, ceux du lointain passé, ceux des temps plus récents ou même du présent ; on a donner à l'Eglise, survenue à la place du règne de Dieu, sa charte régulatrice, et quant à la croyance et quant à la discipline, le tout sans rompre la perspective eschatologique du règnede Dieu, et plu- tôt en cnlretenant, en attisant, en instruisant une attente toujours trompée, mais qui ne pouvait ni ne voulait s'avouer son illusion Tout ce travail de la pensée chrétienne continuait aussi bien à se rattacher aux Ecritures, la foi semblant ne vouloir prendre assurance que sur celte base, elle avait plutôt son appareil de défense ou de formulaire que son fondement réel.

INTRODUCTION GÉNlh\ALE 11

Ainsi s'explique le développement de ce qu'on est accoutumé d'appeler la tradition évangélique. C'était une tradition ellervescente, une évolution créatrice, qui emportait les vieux textes dans son mouvement grandissant. Paul, sans doute après d'autres, trouve que la résurrection de Jésus le troisième jour après sa mort a été prédite dans les Ecritures ; mais le témoignage immédiat de cette résurrection est pour lui dans les visions qui se sont produites chez les croyants, lui-même compris (I Ca. xv, 48), en sorte que la foi de la résurrection se présente aussi bien conmie une première suggestion de l'Esprit, du Christ-esprit. Même les instruclions que l'Apôtre adresse à ses communautés sont aussi un fruit de l'Esprit. Trait non moins significatif elqui est de conséquence, le récit qu'il fait de l'instiiulion eucharistique (I Cn. xi, a'3-26) est donné par lui comme une révélation du Christ, donc une vision, une révélation de l'Esprit. D'autres ont vu ainsi d'autres instruclions et d'autres prétendus faits de la vie de Jésus. Ici, pour nous, vision et fiction se touclienl, et il est telles (iclions, par exemple certains artifices des rédactions évangéliques ou de la rédac- tion des Actes, qui ont été suggérés par l'intérêt apologétique, non par l'enthousiasme mystique, ou bien qui sont simplement, si on l'ose dire, un procédé littéraire. Cependant, cn général, les récits niêmes elles enseigne- ments directs ont été suggérés parla foi, et de telle sorte que, tout en les suggérant dans son propre intérêt, la foi les regardait comme vrais, bien qu'on eût été fort empêché d'en établir la réalité historique ou l'aullienti- cilé, et parce qu'on n'avait aucun souci de cette historicité ni de cette au- thenticité, en ayant à peine l'idée.

Le mirage de la foi explique aussi les singularités de l'exégèse et son inconsistance au point de vue rationnel. Le rapport supposé, d'un texte biblique à tel objet, était un élément de la vision ; et tel rapproche- ment, qui nous semble accommodation futile et simple jeu d'esprit, était censé tenir, parce qu'on ne songeait pas même à le discuter. L'Apocalypse johannique est, littérairement parlant, une sorte de compilation ; mais le compilateur était un visionnaire, non un érudil, si bien que son leuvre, tout artilicielle ((u'cile est, n'en inspirait pas moins de conliance à celui qui l'a construite. C'est pourquoi même certains faux littéraires ont ()u n'être qu'à |)einc conscients. Des hommes inspirés ont prêté au Christ des dis- cours qu'il n'avait pas prononcés, des gestes quil n'avait pas faits, mais qu'eux-mêmes avaient viis ; d'autres ont bien pu écrire au nom de Pierre ou de Paul, en se mettant à leur place dans une autre sorte de vision et sans presque se rendre compte <le ce que nous appellerions une fraude. Plus souvent peut-être le nom supposé n'est qu'une étiquette honorable pour faire valoir tel enseignement ou telle règle disciplinaire qu'on jugeait dignes de cette recommandation. On ne doit pas tenir rigueur ri des gens qui n'ont pas le sens de la propriété littéraire et qui s'eltaçent derrière leur idée. Le plus sage est de recevoir en bloc, sans s'arrêter aux noms, et sauf à le discuter en détail, le témoignage de la tradition comme étant i'opuvre de la foi chrétienne, de l'esprit chrétien. Il serait presque puéril de se mon-

12 LES LIVRES DU NOUVEAU TESTAMENT

trer surpris ou scandalisé quand on découvre que le fond des écrits les plus vénérés des chrétiens est, pour une bonne part, vision et liction ; que leur moyen de preuve le plus ordinaire esl le contresens, et que leur attribution littéraire esl le plus souvent un faux. Leur valeur documentaire n'est que très peu affectée par ces circonstances apparemment si fâcheuses, et il n'est besoin que de les savoir lire.

On comprend aisément qu'ils soient pénétrés de l'inlluence biblique et comme farcis de citations ou de réminiscences de l'Ancien Testament. La Bible juive étant censée contenir tous les secrets de l'Esprit, ou y trouvait ce qu'on y venait chercher. et plus encore, parce que les vieux textes étaient une façon de stimulant pour la pensée chrétienne en quête de lumière sur le Christ et son œuvre. Il va sans dire que toutes les parties de la Bible ne se prêtaient pas également à cette adaptation mystique. Bientôt les textes qui s'accommodaient le mienx au besoin de l'enseignement chrétien furent mis en séries ; déjà les sentences morales avaient pu être colligécs en vue de la propagande ou de l'apologétique juives auprès des pa'iens ; il y a des chances pour que les recueils de textes messianiques aient été princi- palement chrétiens. L'existence de ces recueils, qui continuèrent d'être en faveur durant les premiers siècles de l'Eglise, parait garantie même pour l'âge apostolique. Car non seulement le langage du troisième évangile et des Actes, celui du quatrième évangile, le procédé systématique des cita- tions dans le premier donnent à penser que les textes censés messianiques formaient faisceau pour la considération et la pratique chrétiennes des premiers temps, mais la rencontre des mêmes séries dans les discours des Actes et dans les épitres, même dans les évangiles, la forme de certaines citations qui reviennent dans les divers écrits avec les mêmes variantes relativement à l'original des textes cités, invitent à admettre que les auteurs du Nouveau Testament n'en étaient plus à glaner dans l'Eci ilure les passages qui pourraient servir à leur démonstration, et qu'ils dispo- saient de témoignages préalablement rassemblés pour l'usage qu'ils en fO)it. On conçoit que ces recueils, toujours susceptibles d'enrichisscmenl, aient pu être constitués dès que le christianisme a organisé sa propagande et qu'ils aient exercé une influence considérable sur la formation de la légende évangélique aussi bien que sur la tradition commune de l'enseigne- ment chrétien. On pourrait même dire ([u'ils ont déterminé pour les siècles l'orientation de la théologie ; du moins ont-ils imprimé à la littérature chrétienne le caractère qui lui est resté, de se présenter, en quelque façon, comme le commentaire perpétuel d'un texte sacré.

Les premiers monuments de cette littérature ont en commun les traits que nous venons de dire et qui leur font un genre à part. Ils alTectent dilTé- renles formes qui permettraient de les répartir, au point de vue littéraire, en différentes classes. La division pourtant ne saurait être rigoureuse, et,

INTRODUCTION GÉNÉRALE 13

si on les Iraite d'écrils historiques, didactiques, prophétiques, ce n'est pas pour établir entre eux une distinction exacte mais pour signilierleur objet principal, du moins en ce qui est des apparences. Les évanfjiles et les Actes ne sont pourtant pas réellement des livres d'histoire : tous les évangiles, et non seulement le quatrième, sont des chiistologies et des catéchèses eu iorme d'histoire, et part y est faite à la prophétie cschatolo- gique ; même la partie narrative y est une vision mystique de la carrière du Christ, à moins ([u'elle ne soit, à certains égards, une explication du rituel chrétien; les Actes sont, au fond, une apologie du christianisme contre le judaïsme devant l'opinion païenne, une instruction morale sur l'histoire apostolique, et une vision mystique de celle histoire, c'est-à-dire fout plutôt qu'un exposé objectif de la fondation du christianisme, de même que les évangiles sont tout, excepté une relation objective sur le fait de Jésus. Dans toutes les épîlres rexhorlatiou morale a une place mais la christologie de Paul, sa conception mystique du salut, sa théorie de la foi et de la Loi ont la plus large part dans les épitres authentiques de l'Apôtre ; la christologie et l'ecclésiologie, dans l'épilre aux E|)liésiens, qui est apocryphe ; une révélation apocalyptique dans la seconde aux Thessaloniciens, qui n'est pas moins apocryphe que l'épîtreaux Ephésiens ; la discipline ecclésiastique et la dénonciation de la gnose naissante, dans lesépitres à Tite et à Timothée, qui ne sont pas moins apocryphes que la seconde aux The.ssaloniciens ; une autre christologie, dans Tépître aux Hébreux ; une catéchèse mystique sur le salut, dans la première épître attri- buée à Pierre ; une discussion eschatologique dans la seconde ; la théologie mystique du quatrième évangile, dans les épîlres dites de Jean; cnlin l'épi tre de Jacques est une instruction de morale juive à peine teintée de chris- tianisme. C est seulement dans les grandes épitres de Paul que certaines parties ont un caractère personnel ou circonstanciel, communications et apologie de l'apôtre, ou bien instructions spéciales en rapport avec la situation propre des communautés que ces lettres concernent ; et par ce côté seulement ces épîlres sont de vraies lettres. L'Ai)0calypse, sous son armature eschatologique, est une longue admonestation morale adressée aux connnunautés, en même temps qu'une christologie mystique, et presque mystico-astrale. Si le christianisme primitif n'a pas été une agitation chao- tique, il fui du moins nn intense bouilloniemeiit de substances mêlées, et sa littérature n'est (toint quelque chose de rassis ni de bien orilouné ; les genres comnmus do la littérature y sont mélangés tout autant que les idées et les as[)iralions.

11 ne faut pas s'attendre à ce que le principal mérite de ces œuvres soit dans la régularité de leur structure et la perfection de leur style. On a beaucoup de peine à reconnaître mi plan dans les écrits d'ajjparence historique. Celui de l'.Apocalypse est mal écjuilibré dans son développe- ment. La langue n'est pas le grec classifpic, mais la langue dite C(unrnune, plus voisine du langage parlé, que nos auteurs manient avec plus on moins d'aisance et qu'ils accommodent plus ou moins librement à lem-s lins. Ce

t4 LES LIVRES DU NOUVEAU TESTAMENT

n'est pas nn langage vulgaire, ni pour le ton général ni pour le choix des mots. La théologie a de l'affinité avec la philosophie ; le mysticisme a sa manière et sa terminologie propres. Des écrits religieux ne peuvent pas être de tout point négligés dans leur forme. Les peuples les plus primitifs ont des incantations et cantilènes rythmées le choi.v des mots importe à l'efficacité des formules, le parallélisme, la cadence, l'assonance aident la mémoire et mesurent les gestes rituels. De procèdent et le rythme poétique et le style oraculaire qui se rencontrent dans plusieurs livres l'Ancien Testament. Ce style élail, plus ou moins, celui des antiques liturgies. En tant que style oraculaire et liturgique, il se retrouve dans une bonne partie du Nouveau Teslainenl, influençant en quelque mesure la prose des discours et celle des récits ; et il pourrait n'y èlre pas imité uniquement des Ecritures juives. Les sentences du Christ dans les trois premiers évangiles allectcnt une forme populaire et offrent peu de termes philosophiques ou de théologie transcendante, mais elles ont leur rythme qui rappelle le parallélisme des poèmes hébreux et qui n'est pas non plus sans analogie avec le style oraculaire de la mystique païenne. Ce style, avec les ternies propres du langage mystique, se rencontre dans le qua- trième évangile, le mysticisme se teinte de lyrisme. Plus rapprochée des écrits hébreux est l'Apocalypse, émaillée de barbarismes inconnus au reste du Nouveau Testament, mais rédigée tout entière dans le style prophé- tique, avec un parallélisme assez régulier. Même les épilres tiennent plus ou moins de ce style mystique et liturgi([ue, cadencé et rythmé. Tout cela, sans être classique, est plus ou moins étudié, subtilement agencé parfois et harmonieusement tourné. (1 va de soi que la qualité du style et son originalité ne sont pas les mêmes partout L'épîire aux Epliésiens est d'une élégance toute factice et apprêtée, à coté de l'épitre aux Golossiens, ori- ginale et concise, dont elle dérive ; et le style de la seconde épitre attribué à Pierre est aussi faux que son attribution. Mais, si les écrits sont d'iné- gale valeur, même quant à la forme, l'on peut voir en tous que la religion nouvelle, en utilisant ia langue commune de l'hellénisme, qui était «léjà celle de la Bible des Septante, a marqué celte langue de son empreinte, l'a façonnée à son usage, à sou image, en a fait une sorte de langage chré. lien.

Les livres du Nouveau Testament ont été classés dans le recutil tradi- tionnel surtout d'après leur objet. L'ordre commun des quatre évangiles, Matthieu, Marc, Luc, Jean, est en rapport avec la date, approximative- ment connue ou supposée, de leur composition. Les Actes des apôtres viennent en complément de l'histoire évangélique. Suivent les épitres. Celles de Paul sont rangées en partie d'après leur importance, eu partie d'après leur date réelle ou supposée ; l'épîlre aux Romains, qui vient eu tête dans la collection oflicielle, est postérieure aux deux éfiitres aux Corinthiens, qui la suivent ; l'épilreaux Galates est antérieure aussi, pour

INTnODUCriON GÉNÉnAI.E 15

le moins, à l'épUre aux Romains ; l'épilre aux Ephésiens vient avant celle aux Philippiens parce qu'elle est plus longue ; et pour la même rai- son l'épilre aux Philippiens précède celle aux Colossiens ; les deux aux Thessaloniciens ferment la série des lettres adressées aux communautés, mais, dans l'ordre chronologique, la première aux Thessalouiciens devrait précéder les épîtres aux Corinthiens ; comme adressées à des particuliers, les épîtres àTimothée, à Tite, à Philémon, par ordre de taille, suivent les lettres aux communautés ; la place de l'épitre aux Hébreux est incertaine dans la tradition manuscrite, tantôt après les lellres aux communautés, tantôt derrière Philémon, parce que, dans la réalité, cette épitre est adventice au recueil ancien des treize épîtres. La collection des sept épîtres dites catholiques est également conçue, et pour cause, en dehors de toute chronologie ; certains manuscrits la logent avant les épitres paulines, ce qui correspond en quelque manière à l'intention de ceux qui les ont écrites et de la tradition qui les a conservées. Enfin c'est à son objet particulier, plutôt qu'à sa date relativement tardive, que l'Apo- calypse doit d'être réléguée à la lin du recueil général.

Il a paru expédient d'abandonner, pour la disposition des livres dans la présente traduction, l'ordre traditionnel, et de suivre, dans la mesure du possible, l'ordre chronologique. ^Nlais on ne saurait établir une chronologie rigoureuse, vu que ceux mêmes de nos documents qui présentent des garanties suflisantes d'authenticité ne peuvent être datés qu'approximati- vement. Force nous est donc de répartir les écrits en groupes, d'après leur contenu et leur caractère. On obtient ainsi le groupe des épitres, celui que forment les trois premiers évangiles et les Actes, et le groupe des écrits dits johanniques, ([ni sont liés entre eux par les circonstances aux moins extérieures de leurs origines. Le groupe des épîtres devra être placé le premier, parce qu'il contient, dans les premières épitres authen- tiques de Paul, les écrits les plus anciens du Nouveau Testament et les seuls qu'on puisse dater, si ce n'est en toute rigueur, du moins avec quelque assurance ; d'autre part, l'épilre aux Hébreux est aussi anté- rieure au grand développement de la littérature évangélique ; et coiume les épitres apocryphes sont plus faciles à entendre si on les lit en regard des autres, mieux vaut garder ensemble toutes les épitres, sauf celles de Jean qui ont leur place marcjnée après le quatrième évangile. Dans le second groupe, Marc doit venir en tète comme le plus ancien des évangiles ; suivra Matthieu, puis les deux livres attribués à Luc. Dans le groupe johannique, ou peut mettre l'Apocalypse en premier lieu, comme plus apparentée avec les groupes précédents, et finalement le quatrième évangile avec les trois épitres. Moyennant celte disposition le lecteur pourra suivre en gros l'évolution du christianisme depuis sa naissance jusque vers l'époque a été lixé le canon du Nouveau Testament, c'est- à-dire jus(iu'au temps l'Eglise apparaît délinitivement constituée sous le régime de l'épiscopat, avec le rudiment de son symbole Ihéologiquc et son recueil chrétien d'Ecritures inspirées. Les plus anciennes épîtres lui

feroul coimailre le point de départ. les prniières ébauches de la foi nais- sante et ses premières conquêtes; les é.npiles dits synoptiques et les Actes lui monlreront la formalion de la çende de Jésus, coordonnée au Hiyllic du Christ qu'ont élaboré les épilrs, aussi le développement de lapologélique chrétienne, et celui de lévagélisalion. dont certains jalons principaux auront été d'abord fourni- Iitts de Paul EnOn la

synthèse passablement incohérente (j - ' ' lits «lilsjobanniques

bji (ii)iw.ra. quelque idée de la syntl.. - .. , ieux équilibrée, qui se

feraprochaiiiement.dans la croyance occl.ia>iique,du monothéisme et du messianisme juifs avec les idées de coniMiniori divine et de rédemption, ébauchées dins les épîlres et apparentées ux cultes mystiques du monde gréco-romain.

Sans doute ne sera-t-il pas inutile de jmcer ici, pour lorienlation du lecteur, un aperçu chronologi<jue des prinipaux faits qui sont visés dans nos livres, îivcc indication a[ii)roximativelcs dates auxquelles on peut rapporter les écrits :

l'once l'ilate, procurateur de .ludée, 2ii-'i'àe notre ère. Condamnation et mort de Jésus, au |>rinteni[>s de l'an 29, prbablemcnt. et i)luiôl un an ou deux avant qu'un an ou deux ajjrès. linuilc, formalion de la première comniuriauté à Jérusalem, puis dun groupidc croyants reciulés parmi les Juir«i b('lléiii>ies; dispersion de ces cniyaiil hellénistes après le miirlyrc (ri:;iieiiiii' ; ils iiréchenl en dehors de la l'atetine la foi du Seigneur Jésus ; (pielquos-uus d'entre eux exercent h Anliooe une piédicalion fructueuse auprès des ()aïens.

Conversion île Paul, ii Damas, en 'Ji. Màe approximation que pour la mort do Jésus, et ainsi en est-il pour pres(je toutes les dates suivanles qui concernent Paul.

En 'Vi, Paul vient h Jérusalem voir Pierri

De 'i'i il /JJ, Paul, associé h Baruabé,prèoe à Anlioche et dans les pays de Syrie et de Cilicie.

Vers la (In de 4'^ oa au commencement d /Jî, assemblée aposlolicpie de Jérusalem, Barnabe et Paul reçoivent ajH-obalion de l'œuvre accom- plie auprès des Gentils, et sont désavoue les juda'isanls qui voulaient imposera ceux-ci la circoncision ; Barnabéît Paul retournent à Antiocbe. Printemps de .'J'î, .\grippa P' fait périr à jl-ns^dcm l'apôtre Jacques lils (le Zébédéc. probablement aussi son frèrelc.ui Fuite de Pierre, l'eu de temps nprrs, Paul, il Anlioclie, entre en coilil avec Pierre, se sépare de li.irnab.', cl cnlreprend ses cours<'s do inissinnaire indépendant.

lin .'iV-V». l>rédication de Paul ii Dcrbé, ystres, Icouium, Antioclic de Pisidie, en Galalie.

■Vers 47-/i<.). mission de Paul en Maeédoiuf fondation de communautés à

Philippe, Il Thessalonique, à Béréi;. Prédiction infructueuse à Alhènes.

Vers 50-. 'i'J, séjour i\ Corinthe et fon latin de la communauté eorin-

Iblcnni". Vers 5i, Paul écrit de Corinthe répu' dite iircmière aux 'riiessa-

loniciens.

\»>W»'

Ut Aipnnt-

l'Afita l<T I El il. CD

^liti^lniflÉfliai

^■«iikki^

'^h

"*-ui^<

-a '-^

r-r

«M

r*^

«r

fNTROOUCTION GÉNKRALE

17

*ékW,

¥»

Vers 53-55. mj.: cation de Paul respondance a- période ; Paul i i. et, après avoii [ doine. Les (]c\.\ toutes les leUi ' - 16 second séj(jii; de revenir à ( ! Galales a été r ;: séjour de Paul l

Au conimeiH Romains. Dépa: d'Achale, de M^ de la communal; Juifs, est reten;:

De 56 à 58, i a; tribunal de €■ - Malte.

Au printemp-^ i lif, 59-61, .\u t'-r 1 l'Apôtre avec Ici 1

En 61, condaiii'

En 6:5. de nom! meurent dans I - l'apôtre Pierre

La guerre de truction de la v;. retirée à Pella ;i : de son premier ;

Si les épitres a : tare, l'approsin; encore plus va.- .

L'épilre aux !1 l'an^o ; on peut du premier sié' . la première de V. Timotbée, celle 'i- Pierre.

II est probaL'.-r sont antérieur'? . évangélique, le- ; rédigés en ararnr rédactionnel ass plus ancien est M A. LoiST. i

r. : courte visite aux communautés de Galalic, prédi, 1 se, l'Apôtre a séjourné plus de deux ans. Lacor- L nimunauté de Corintbe 'a commencé durant cette I' fait un coui t séjour à Corinthe, est revenu en Asie, 1 très peu de temps à Troas. s'est arrêté en Macé- i s dites aux Corinthiens contiennent probablement aul a écrites aux Corinihiens, soit d'flphèse avant 1 ;)ôlre à Corinthe, soit d'Asie et de Macédoine, avant I pour la troisième et djrnière fois. L'épltre aux I ^sie, soit un peu avant soit un peu après le second

I ihe.

il !e l'an .56, l'Apôlre écrit de Corinthe l'épilre aux

0 .lérusalem. avec les délégués des communautés <i î, d'Asie, apportant la collecte faite pour les saint.<(

II e. Paul, à .lérusalem, assailli dans le temple parles -1 lier par l'autorité romaine.

1! de Paul à Césarée. Vers la fin de l'été .58, appel au

1 part pour Rome, navigation pénible, et naufrage à

'• arrivée à Rome, Paul reste encore deux an<! cap- i Celte captivité se rapportent la correspondance de ii piens, les lettres aux Coiossiens et a. Philémon. 'i( et mort de Paul.

. X nrétiens, poursuivis par le gotrvemement de Xéron. SI piices ; parmi eux, très probat>lement, se trouvait

:i n 66, qui finit par le siège de Jérusalem et la des- ' . temple en 70, la communauté chrétienne s'étant -1 du Jourdain, achève de détacher le christianisme ' t de l'influence judaisante.

^ iques de Paul ne peuvent être datées que par conjec- T 'our les antres écrits do Nouveau Testament, est

pothétiqiie. :i n'a pu être écrite avant l'an 63. ni beaucoup après .; ;r vers 75. On peut placer dans le dernier rjnart s onde aux Tbessaionicicns, l'épilre aux Ephé*ien'*. e vers loo-iio, au plus tôt, les épitres à Tite c à ^ru. s et celle de Jnde; rers i4o-t5o la secnode de

•; s coramencennents de la littéralare érangéliqne -1 -o. et que les premièr'»3 ébancbes de la légeBde

: - recueils de sentences attribuées à Jésos ont été s trois premiers évangiles sont le frattd'nn travail

!pl>?xe dont on ne saurait fixer tootes les étape». I..e :. '- Luc est le plus récent, à ce q^îl senUe. La rédac-

^i\is lia y-^acean Tesitim ^nt. a

16 I.ES LIVRES DU NOUVEAU TESTAMENT

feront connaître le point de départ, les premières éhauclies delà foi nais- sante et ses premières conquêtes; les évangiles dits synoptiques et les Actes lui monlreront la formation de la légende de Jésus, coordonnée au mythe du Christ qu'ont élahoré les épitres, aussi le développement de l'apologétique chrétienne, et celui de l'évangélisation, dont certains jalons principaux auront été d'abord fournis parles épitres de Paul Enfin la synthèse passahlement incohérente que lorment les écrits ditsjohanniques lui donnera quelque idée de la synthèse, un peu mieux équilibrée, qui se fera prochainement, dans la croyance ecclésiastique, du monothéisme et du messianisme juifs avec les idées de communion divine et de rédemption, ébauchées dans les épitres et apparentées aux cultes mystiques du monde gréco-romain.

Sans doute ne sera-t-il pas inutile de placer ici, pour l'orientation du lecteur, un aperçu chronologique des principaux faits qui sont visés dans nos livres, avec indication approximative des dates auxquelles on peut rapporter les éciits :

Ponce Pilate, procurateur de Judée, 2G-3G de notre ère. Condamnation et mort de Jésus, au piintemps de l'an 29, probablement, et plutôt un au ou deux avant qu'un an ou deux après. Ensuite, formation de la première communauté à Jérusalem, puis d'un groupe de croyants recrutés parmi les Juifs hellénistes; dispersion de ces croyants hellénistes apiès le martyre d'Etienne ; ils prêchent en dehors de la Palesthie la foi ilu Seigneur Jésus ; quelques-uns d'entre eux exercent à Antioche une prédication fructueuse auprès des païens.

Conversion de Paul, à Damas, en '3i. Même approximation que pour la mort de Jésus, et ainsi en est-il pour presque toutes les dates suivantes qui concernent Paul.

En 3'3, Paul vient à Jérusalem voir Pierre.

De 33 à 43, Paul, associé à Barnabe, prêche à Antioche et dans les pays de Syrie et de Cilicie.

Vers la fin de ^'i ou au commencement de 44, assemblée apostolique de Jérusalem, Barnabe et Paul reçoivent approbation de l'œuvre accom- plie auprès des Gentils, et sont désavoués les judaïsants qui voulaient imposera ceux-ci la circoncision ; Barnabe et Pau! retournent à Antioche.

Printemps de 44- Agrippa !"■ fait périr à Jérusalem l'apôtre Jacques fils de Zébédée, probablement aussi son frère Jean. Fuite de Pierre. Pc\i de temps après, Paul, à Antioche, entre en conllit avec Pierre, se sépare de Barnabe, et entreprend ses courses de missionnaire indépendant.

En 4'i"46, prédication de Paul à Derbé, Lystres, Iconium, Antioche de Pisidie, en Galatie.

Vers 47-49' mission de Paul en Macédoine, fondation de communautés à Philippe, à Thessalonique, à Bérée. Prédication infructueuse à Athènes.

Vers5o-52, séjour à Corintlie et fondation de la communauté corin. thienne. Vers 5i, Patd écrit de Corinthe l'épitre dite première auxThessa- loniciens.

l'NTnODUCTION GÉNÉRALE 17

Vers 53-55. après une courte visite aux coinnuinautés de Galatie, prédi. cation de Paul à Ephèse, l'Apôtre a séjourné plus de deux ans. La cor- respondance avec la communauté de Corinthc 'a commencé durant celte période ; Paul ensuite a fait un couit séjour à Corinthe, est revenu en Asie, et, après avoir prêché très peu de temps à Troas, s'est arrêté en Macé- doine. Les deux épîtres dites aux Corinthiens contiennent probablement toutes les lettres que Paul a écrites aux Corinthiens, soit d'Ephèse avant je second séjour de l'Apôtre à Corinthe, soit d'Asie et de Macédoine, avant de revenir à Corinthe pour la troisième et dernière fois. L'épitre aux Galales a été écrite d'Asie, soit un peu avant soit un peu après le second séjour de Paul à Corinthe.

Au commencement de l'an 56, l'Apôtre écrit de Corinthe l'épitre aux Romains. Départ pour .lérusalem, avec les délégués des communautés d'.Achaie, de Macédoine, d'Asie, apportant la collecte faite pour les saints de la communauté mère. Paul, à Jérusalem, assailli dans le temple parles Juifs, est retenu prisonnier par laulorilé romaine.

De 56 à 58, captivité de Paul à Césarée. Vers la fin de l'été 58, appel au tribunal de César. Départ pour Rome, navigation pénible, et naufrage à Malte.

Au printemps de 5^, arrivée à Rome, Paul reste encore deux ans cap- tif, ÔQ-Gi, Au temps de celte captivité se rapportent la correspondance de l'Apôtre avec les Philippiens, les lettres aux Colossiens et à Philémon.

En 6i, condamnation et mort de Paul.

En 6:5.de nombreux chrétiens, poirsuivis par le gouvernement de Néron, meurent dans les supplices ; parmi eux, très probablement, se trouvait l'apôtre Pierre.

La guerre de Judée, en 66, qui linit par le siège de Jérusalem et la des- truction de la ville et du temple en 70, la communauté chrétienne s'étant retirée à Pella au delà du Jourdain, achève de détacher le christianisme de son premier centre et de l'influence judaïsanle.

Si les épilrcs authentiques de Paul ne peuvent être datées que par conjec- ture, l'approximation, pour les autres écrits du Nouveau Tfistament, est encore plus vague et hypothétique.

L'épitre aux Hébreux n'a pu être écrite avant l'an 65. ni beaucoup après l'aR^'o ; on peut la placer vers j5. On peut placer dans le dernier (|uarl du premier siècle la seconde aux Thessalonicieus, l'épitre aux Ephésiens, la première de Pierre; vers looiio, au plus tôt, les épîtres à Tllc et à Timolhée, celle de Jacques et celle de Jude; vers i4o-i5o la seconde de Pierre.

11 est probable que les commencements de la littérature évangéli(|ue sont antérieurs à l'an 70, et que les premières ébauches de la légende évangélique, les premiers recueils de sentences attribuées à Jésus ont été rédigés en araméen. Nos trois premiers évangili!s sont le fruit d'un travail rédactionnel assez complexe dont on ne saurait fixer toutes les étapes. Le I)lus ancien est Marc, et Luc est le plus récent, à ce qu'il semble. Ln rédac- A. LoiSY. Les Licres du I\'oiieeaii Tcsiamenl. a

18 LES LIVRES DU >OUVEAU TESTAMENT

tion canonique du troisième évangile et des Actes ne doit pas être anté- rieure à l'an 100, mais elle pourrait être notablement postérieure à celte date, bien que les écrits originaux de Luc, qui onl été remaniés à fond dans cette rédaction, aient être composés vers l'an 80. Marc paraît être un ancien évangile romain qui a été compilé vers l'an -jo ; il n'est pas autrement certain que Luc l'ait connu dans sa forme actuelle; le rédacteur du premier évangile, vers loo-iio, l'a connu ainsi. Mais des retouches ont pu être pratiquées dans tous ces écrits jusqu'au moment fut constitué le canon du Nouveau Testament, si ce n'est dans ce temps même et pour cette occasion,

L'Apocalypse de Jean a être publiée dans les communautés d'Asie vers l'an 9.5. Certains éléments du quatrième évangile pourraient être anté- rieurs à cette date ; la rédaction même de l'évangile, qui parait avoir comporté plus d'une étape, se place vers 100-120; et ici encore les der- nières retouches pourraient ê Ire de peu antérieures à la formation du canon, si toutefois elles n'y ont pas été coordonnées. La composition des trois épîtres dites de Jean a été en rapport avec la publication de l'évan- gile. Les retouches pratiquées, vers i3o 140, dans la rédaction finale des trois grandes pièces, Apocalypse, évangile, première épitre, qui étaient d'auteurs dilTérenls, tendaient à les faire passer pour l'œuvre d'un personnage unique, l'apôtre Jean lils de Zébédéc. Du reste, l'attribution du premier évangile à Matthieu n'est pas mieux fondée ; celle du second, évangile à Marc a toute chance d'être aussi gratuite ; celle du troisième évangile et des Actes à Luc doit être plus d'à moitié frauduleuse.

Tous ces écrits, dès qu'ils ont été gardés ofliciellement comme Ecritru-es dans les communautés, n'ont plus subi d'altérations notables. Ils nous ont été conservés, comme les autres œuvres de l'antiquité, par une longue tradition manuscrite de menues altérations n'ont pu manquer de s'in- troduire. Nous n'avons pas le manuscrit original des épitres de saint Paul; mais nous n'avons pas davantage celui des harangues de Cicéron. La mul- tiplicité des copies, l'existence de versions anciennes, dont quelques-unes remontent plus haut que les plus anciens manuscrits grecs à nous connus, les citations desanciens auteurs ecclésiastiques permettent de constituer un texte critique suflisamment sur et qui correspond, saufen de menus détails, à celui qu'on a lu dans les communautés depuis le milieu du second siècle, l'our la période antécédente, la question de conservation n'a pas lieu d'être posée en ce qui regarde les écrits principaux, dont la rédaction définitive n'est pas de beaucoup antérieure à l'entrée de ces livres dans la collection canonique; ce qui importe ici est la question de composition et de rédac- tion. Ainsi en est-il pour les évangiles et les Actes, pour l'Apocalypse, pour la première épitre de Jean. Il y a lieu de se demander si les épitres aux Corinthiens et l'épîlre aux Philippiens n'auraient pas été compilées au moyen de plusieurs lettres d'ailleurs authentiques; s'il n'y aurait pas eu de-ci de-là quelque interpolation pratiquée, par exemple, dans l'épitre aux Romains, la première aux Thessaloniciens. Pour de menus écrits, qu'ils

INTRODUCTION GÉNÉRALE J9

soient anciens ou non. épilres aux Galates, aux Colossiens, à Philémon, seconde aux Tliessaloniciens, épître aux Ephésiens, épitres de Jacques, de Pierre, de ,Tude, petites épitres de Jean., même pour un écrit plus consi- déraljlc mais dont la manière est bien caractérisée, comme l'épître aux Hébreux, la question d'intégrité du texte n'a pas lieu de se poser.

La traduction qu'on va lire a donc été faite d'après les meilleures édi- tions critiques qui ont été publiées en ces derniers temps. En cas de diver- gence, la leçon qui a paru la mieux garantie a été adoptée. Très rare- ment, une leçon autorisée par le contexte et par des témoignages anciens a été préférée à celle que reconmiande la tradition commune des manuscrits et des versions. Quant à la forme littéraire delà traduction, le lecteur est prévenu que l'élégance n'y a été aucunement lecherchée. L'on s'est ellorcé de conserver à chaque écrit la forme et le caractère qu'il présente dans la rédaction originale. Le traducteur aurait pensé altérer gravement la phy- sionomie de ces livres, et jusqu'à un certain point leur signilication histo- rifjue, en leur prêtant à tous son propre style. Il a donc évité seulement d'être inintelligible et incorrect par excès de littéralisme. Mais un auteur tombait dans le galimatias, le traducteur, religieusement, l'a suivi, et jusque dans la tournure du discours. Autant qu'il était en lui, il a con- servé de même les façons énergiques de Paul, la majestueuse gravité de l'auteur aux Hébreux, l'harmonie quelque peu artiticielle delà phrase dans le troisième évangile et dans les Actes, la solennité du quatrième évan- gile, la sérénité de Matthieu, la fougue de l'Apocalypse. C'est à raison de la même lidélité, pour faciliter d'.-iutant l'intelligence des textes, que, par- tout où le discours a paru rythmé en membres parallèles, cette disposition a été marquée dans la traduction.

De l'intérêt que peut avoir, ainsi préparée, la lecture du Nouveau Testa- ment, ceux-là seuls sauront juger qui auront le courage de la faire. Cette lecture ne serait pas sans quelque prolit intellectuel et moral, si l'interprète n'est pas resté trop au-dessous de la tâche qu'il s'était à lui-même assi- gnée'.

I . En général, il n'est marque de références qu'aux livres bibliques et par des abréviations : Genèse, tin.; Exode, Ex.: Lévilique, Lv.; Nombres, No. ; Deuté- ronome, 1)1.; Josué, Js.; Juges, }g.; Samuel, Sm. ; Rois, Ko.; Isaïe, Is. : Jérémie, Jr. ; Ezécliicl, Ez. ; Osée, Os.; Amos, Ara.; Miellée, Mcli. ; Jonas,Jon. ; Habacuc, Hbc. ; Zacliarle, Zcli. ; Malacliie, Ml. ; Psaumes, Ps. ; Proverbes, Prv. ; Job, Jb. ; Ecclésiastique, Eccli.; Sagesse, Sg.; Daniel, Un.; Matthieu, Mt. ; Mare, Me; Lnc, Le; Jcan,Jn.; Actes. .\ct.; Itomaius, Rm. ; Corinthiens, I et II Cr ; Ga- lates, Gl. ; Lphésiens, Ei)h.; Pliillppiens, Plil. ; Colossiens, CI.; Thcssaloniciens, 1 et II Th.; Philémon, Phim.; Timolhée, 1 et II l'm.; Tite, Tl.; Hébreux, llbr.; -Vpocalypse, Ap. Les crochets [] maniucnt en général les passages qui man- quent dans certains témoins du texte et qui ont paru plus ou moins suspects d'interpolation. Dans la traduction du quatrième évangile et de la première aux Tliessaloniciens, ils désignent les passages que l'on peut avec vraisemblance considérer comme étant de rédaction secondaire .et comme interpolés dans des instructions ou des récits originaux.

LES EPITRES

NOTICE GENERALE

L'apôlre Paul a entretenu des correspondances avec les communautés qu'il avait fondées. L'étonnant serait qu'il n'en eût pas été ainsi. Du moment que l'ardent missionnaire ne se fixait nulle part et qu'il s'en allait par le monde, instituant communauté après communauté, des relations épistolaires devaient être établies pour maintenir le contact entre ces com- munautés naissantes et leur fondateur. D'un côté on avait des conseils à demander, de l'autre des encouragements à donner. Sans ces communica- tions réciproques. les groupes chrétiens, hâtivement recrutés et sommai- rement organisés, auraient couru le risque de se dissoudre. Des difficul- tés extérieures naissaient, en conséquence de la propagande ; des difficultés intérieures ne pouvaient manquer de se produire. Des messagers venaient donc, autant que faire se pouvait, des communautés à Paul, et de Paul aux communautés, avec des lettres les fidèles disaient leurs embarras, posaient des questions, demandaient des avis, et l'Apôtre faisait ses remontrances, donnait ses explications, disait les mesures à prendre pour le bien commun. La situation réciproque se compliquait à raison des agis- sements auxquels se livraient dans les communautés de Paul les croyants venus de Syrie qui critiquaient son attitude à l'égard des autres apôtres et tendaient plus ou moins à détacher de lui ses convertis. Ne pouvant être partout à la fois, Paul dut écrire pour faire l'apologie de sa conduite, de sa doctrine, et sauver son crédit. Ses lettres sont le complément et la défense de son apostolat.

Il a pu en écrire dont n'est restée aucune trace. Ainsi en a-t-il été de la lettre aux Laodicéens dont fait mention l'épître aux Colossiens (iv, 16). Rédi- géespour être lues dans l'assemblée de la communauté destinataire, parfois même dans plusieurs communautés, ces lettres ont été conservées dabord pour être relues à l'occasion ; plus tard les communautés ont échangé les lettres reçues, et des collections se sont formées. C'est précisément le cré- dit perpétuel dont jouissaient les lettres ainsi gardées qui a fait naître l'idée de joindre k celles-ci, sous le nom de l'Apôtre, d'autres pièces qui complè.

22 LES EPITRES

teraient son enseignement. Pour la même raison l'on en composa sous le nom d'autres apôtres dont on ne possédait aucun écrit.

Ces documents ne sont pas à comparer de tout point aux lettres com- munes que les découvertes archéologiques des derniers temps nous ont fait connaître, et qui sont dépourvues de toute prétention littéraire. Ni pour le fond ni pour la l'orme les épilres de Paul n'appartiennent à cette catégorie. D'autre part elles n'alTeclenl point le genre d'élégance qu'on trouve cliez les épistolicrs de l'antiquité, Cicéron par exemple, ou Sénèque, pour des lettres qui ne sont pas strictement privées mais destinées à être lues d'un certain public instruit. Ce ne sont ni les messages d'un simple particulier écrivant familièrement à ses parents et amis, ni de petits régals épislolaires servis par un lettré à ses admirateurs. Même dans l'épître à Philémon, qui concerne seulement son dcstinaire, Paul parle en apôtre et, avec une discrétion réelle mais toute relative, il fait à Philémon une leçon sur le cas dont il a voulu l'entretenir. A plus forte raison les épitres adres- sées à des communautés ne sont-elles pas de simples lettres d'un ami éloigné ; ce sont les instructions (jue le missionnaire envoie par écrit, ne pouvant les donner de vive voLx. Ces instructions souvent ne sont carac- térisées comme lettres que par le préambule et la conclusion ; encore est- il que, même dans ces parties accessoires et proprement épislolaires, le chrétien ordinairement parle plus que l'homme, et l'apôtre plus que le chrétien. A vrai dire, les lettres adressées au.^ communautés sont de petits traités, d'objet religieux et moral, plus étudiés sans doute, et quant au fond et quant à la forme, que ne l'était la prédication orale der.\pôtre. Ce qui en fait des lettres, c'est que ces traités ont été conçus en vue de la situation particulière se trouvent à l'égard de Paul les groupes chrétiens auxquels ils sont respectivement destinés.

L'épître dite première aux Thessaloniciens est, pour la majeure partie, une catéchèse morale, proportionnée au besoin de la jeune communauté, avec une certaine recherche de style qui se rencontre aussi bien dans toutes les épîlres. Si mouvementée qu'elle soit, l'épître aux Galates est très haute de ton dans la partie d'apologie personnelle, et dans la partie doctrinale c'est un exposé théologique de la justification rémission des péchés et garantie de salut moyennant la foi. Même caractère de l'apologie per- sonnelle dans les épitres aux Corinthiens ; ces épitres contiennent des instructions sur dirtërents points de croyance, de morale et de discipline, rédigées en un langage qui n'est point vulgaire et qui préti^nd bien ne pas l'être ; catéchèses si l'on veut, mais tournées en manière de dissertation et de harangue, d'après certains modèles. Le style de ces épitres est très soutenu, même quand il paraît brisé ; parfois il est plein d'emphase et de rhétorique, notamment dans les chapitres relatifs à la collecte pour les « saints » de Jérusalem (II Cu. vm-ix). A plus forte raison l'épître aux Romains est-elle tout autre chose qu'une simple lettre serait discuté familièrement un problème difficile. I-a salutation initiale (t. 1-71 est un morceau dont tous les termes ont été pesés ; et pareillement les déclara-

NOTICE GÉNÉRALE 23

tions personnelies qui viennent ensuite (i, 8-1;;), ainsi que celles de la fin (xv, i4-33). La partie dogmatique veut être un véritable traité, un traité savant, de la justitication par la foi; la forme même en est extraordinaire- ment soignée, et, surtout pour le commencement, l'auteur parait avoir consciemment imité la « diatribe » philosophique. Rien n'est moins impro- visé que ces douze chapitres Paul défend, à grand renfort de textes bibliques, sa théorie du salut et son attitude personnelle à l'égard du judaïsme. La partie morale est tout aussi étudiée quant au fond et quant à la forme. Dans lépilre aux Colossiens le ton est moins relevé, mais le style n'est aucunement négligé ; l'épître est très arlistement construite, surtout dans la partie doctrinale (i-ii), se développe une gnose pro- fonde Eiifln, nonobstant la place qu'y tiennent les renseignements et les sentiments personnels, l'épitre auxFhilippiens conserve le caractère d'une instruction apostolique, nourrie de doctrine, et d'un style qui n'est point abandonné.

Si les épitres authentiques de Paul ne sont pas de simples lettres, les épitres supposées lo sont encore moins. L'épître aux Ephésiens est, quant à la forme, un médiocre pastiche de l'épître aux Colossiens, composé dans un style ampoulé, verbeux, sans naturel; quant au fond, c'est principale- ment une dissertation de gnose mj'stitjue sur le Christ et l'Eglise, qui cor- respond à un courant nouveau de la pensée chrétienne, et qui aussi bien se reconunande à l'attention de toutes les communautés. Comme l'épître aux Ephésiens a été imitée de l'épître aux Colossiens, la seconde aux Thes- saloniciens a été imitée de la prcaiière, et son style se ressent de cet arti- fice ; pour le fond, c'est imc petite instruction sur les conditions du grand avènement, conçue, non par rapport à l'état d'opiniou d'une communauté particulière, mais à un état plus général ou à une inquiétude de la pensée chrétienne touchant ce premier objet de son espérance. L'épître à Tile et la première à Timolhée sont de petits traités de discipline ecclésiastique, avec la paît fictive de détails personnels qui a été jugée indispensable pour y mettre la couleur ou ra]>parence de lettres privées. La seconde à Timolhée, quelques-uns ont pensé reconnaître des éléments authen- tiques, serait des trois épitres dites pastorales celle qui ressemblerait le plus il une lettre ordinaire : artifice de l'auteur, qui a voulu y introduire plus de particularités et de souvenirs personnels que Paul n'en aurait mis s'il l'avait lui-même dictée; il s'agit, en réalité, coniino dans les autres pas- torales, de |)rémunir les chefs de communautés contre la gnose naissante, et de pourvoir à un besoin général d'orgauisatioa dans ces communautés, obligées de s'établir durablement sur la teri'e puisque le Christ ne vient pas.

L'épître aux Hébreux n'a rien <i'un faux, puisque c'est la tradition qui, d'elle-même et plus ou moins volontairement, s'est méprise sur son origine ; mais ce n'est pas une Ictlro . c'est une dissertation savante et originale sur le salut par li- sacrifice unique de l'unique pontife Jésus-Chiisl, avec une moralité en rapport avec celte instruction principale. Le ton est celui

24 lES EPITRES

dua discours solennel, et le style est aussi châtié qu'il convient à un écrit composé en vue de la i)ublicité. Celte épître a être adressée, par un per- sonnage autorisé de l'âge apostolique, à une communauté importante, et comme direction générale, en un moment critique de son développement, non coamie une instruction spéciale, en vue de circonstances tout ordi- naires.

Sauf pour la suscrlption, Tépître de Jacques na aucun caractère de lettre : c'est une instruction morale en style correct et d'une élégante sim- plicité. Ou dirait que la forme épistolaire, ayant encours pour l'instruction pastorale dans l'âge apostolique, a été volontiers affectée dans l'âge sui- vant pour les compositions apocryplies, afin de pourvoir sous la même forme aux besoins généraux des communautés. La correspondance de Paul, comme on vient de le voir, s'est ainsi enrichie de quelques faux ; Toutes les épitres dites catholiques sont également pseudépigraphes. La première de Pierre ressemble assez à un type de catéchèse baptismale, mais rédigée sous le coup de la persécution, et qui sert d'e.xhorlation aux comnmnautés ; le style en est travaillé ; une suscriplion et quelques lignes à ia fin ont sulli pour muer en épitre apostolique cet.e substantielle homé- lie. Plus abondantes sont les indications personnelles dans la seconde épître, faux mieux caractérisé, d'un style recherché, qui n'est pas celui d'une lettre familière ; ce qui convient moins encore à une telle lettre est lexploilatiou, contre la gnose, d'un document antérieur, soit l'épitre de Jude, soit plutôt la source mise pareillement à contribution pour celle-ci, et que le pseudo-Pierre s'est borné à paraphraser ; la fausse épître veut instruire l'Eglise à se garder des spéculations gnostiques et à ne pas s'in- quiéter du retardement que subit l'avènement du Seigneur. La suscription mise à part, l'épitre de Jude est une tirade contre les premiers docteurs gnostiques, probablement antérieure à la seconde de Pierre, qui lui est parallèle, ainsi qu'il vient d'être dit, pour une partie de son contenu. Des trois épitres dites de Jean, la première, dissertation de gnose chrétienne et de morale, toute pénétrée de mysticisme, avec une pointe de polémique contre la gnose hérétique, n'a presque rien dune lettre, et les deux petites épitres ont seulement la forme de lettres particulières ; les trois épitres sont destinées à promouvoir et à reconmiander la doctrine mystique qui a trouvé sa somme dans le quatrième évangile. Notons que le groupe des sept lettres, dans la première partie de r.\pocalypse (ii-iii), aide à com- prendre comment la forme épistolaire a pu être artificiellement employée en moyen d'enseignement mystico-moral dais le christianisme des pre- miers temps. c'est le (]hrist en personne, le Christ immortel, qui écrit aux sept communautés d'Asie ; Paul, Pierre et d'autres apôtres ont bien pu aussi écrire à l'Eglise après leur mort.

Suivant l'ordre de succession chronologique, la première aux Thessalo- niciens vient en tête des épitres de Paul, l'épitre aux Galales se place pro- bablement entre les deux épitres aux Corinthiens, et les épitres fictive- ment attribuées à Paul sont de beaucoup postérieures aux plus récentes

NOTICE GÉNÉRALE 25

des lettres authentiques ; de même les épîtres pastorales peuvent être plus récentes que telles des épîtres catholiques. Mais pour faciliter l'in- telligence de ces documents plus ou moins disparates, en tenant compte aussi de leurs allinités, il a paru préférable de mettre en premier lieu répîtreaux Galates.puis les deux aux Corinthiens et l'épilre aux Romains ; ensuite la première aux Thcssalonicicus et la seconde, qui en est dérivée ; le billet à Piiilémon. l'épître aux Colossiens et lépitre aux Ephésiens, qui en est le dédoublement, l'épître aux Philippiens ; l'épître aux Hébreux; les épîtres pastorales ; la première de Pierre, l'épître de Jude et la seconde de Pierre ; (inalement l'épître de Jacques.

L'EPITRE AUX GALAÏES

Notice

De toutes les épitres de Paul celle-ci est la plus insliuclive, et quant au caractère de l'Apôtre et quant aux origines du mouvement chrétien. Elle a été écrite pour des conimunaulés que Paul lui-même avait fondées en Galalic quand il s'éloigna d'Antiochc après s'être querellé avec Pierre et séparé de Barnabe. La province romaine de Galatie compreuait, indé- pendamment de la Galatie propre, la Pisidie, la Lycaonie et l'isaurie. Pîiul ayant prêché dans tous ces pays sauf en Isaurie, il n'y aurait pas, semble-t-il, de difficulté majeure à admettre que l'épître concernait et les communautés de Lycaonie et Pisidic, et celles que les Actes (xvi, 6 ; xviii, 2'i), sans les dénommer spécialement, disent avoir été fondées sur les confins de la Phrygie et de la Galalie proprement dite. Cependant les critiques modernes font adresser l'épitrc, les uns au premier groupe de communautés, les autres, d accord avec l'antiquité chrétienne, au second groupe ; si l'on veut l'aire un choix entre les deux, c'estlc second qu'il con- viendrait plutôt de préférer.

Entre la mission de Corinthe et celle d'Ephèse, vers 52-53, Paul a visité ces communautés, fondées par lui sept ou huit ans auparavant. C'était, semhle-t-il, en prévision de lapropagande qui est dénoncée dans l'épitre, et dont cette visite n'avait pas empêché le succès. Si l'on prenait à la lettre les dires de l' Apôtre, on pourrait croire que des judaîsfnts venus de Palestine s'étaient employés à prêcher aux lidèles galates la nécessité de la circoncision et des autres observances légales, comme ils avaient fait jadis à .\ntioclie, avant que l'assemblée apostolique de Jérusalem blâmât leurs agissements. Cette façon de présenter les choses est d'autant plus sujette à caution que Paul, en cette épitre même, accuse Pierre, et implicitement Barnabe, d'avoir voulu contraindre à la circoncision les chré- tiens d'Anliochc, alors qu'ils 'avaient simplement cessé de prendre leurs repas avec les croyants incirconcis. Comme la même propagande s'est exercée à peu près en même temps à Corinthe et en Galatie, et que, pour Corinlhe, Paul ne se risque pas à parler de judaïsalion mais répond seu- mentà des accusations soulevées contre l'authenticité de sa mission apos- tolique, il est à croire que, dans notre épitre, l'Apôtre a présenté, non

l'ÉPITRE aux CALATES '27

sans exaarération, comme champions des observances légales, des gens qui, a raison de son éclat avec Pierre et de sa rupture avec les autres missionnaires des Gentils, contestaient plus ou moins la légitimité de son apostolat et s'elïorçaient de rallier ses convertis à voie moyenne de Pierre et de Barnabe, au christianisme commun, ne se croyant pas obligés de crier sur les toits la déchéance de la Loi mosaïque. La situation serait, à certains égards, la même que pour l'épitreauxllomains ; à la com- munauté de Rome, qui n'avait pas été fondée par lui, qui était en grande majoiité composée dincirconcis et qui n'était pas réellement judaïsante, Paul adressera, en guise d'apologie personnelle, sa thèse de la justKica- tion par la foi seule, comme s'il avait lieu de la prémunir contre un apos- tolat pour la circoncision, apostolat que lui-même d'ailleurs semble igno- rer dans tout le corps de l'épître, comme il l'ignore dans les épitres aux Corinlhieus. Devant l'opposition qui se déclarait contre lui, il a cru pou- voir lier sa cause à celle de l'évangile, parler à peu i)rès comme s'il en était 1 unique représentant, et, dans le premier mouvement de son irrita- tion, se livrer à quelques excès d'opinion et de langage qu'il n'a pu soute- nir <Utns la suite, tout en gardant le principal de ses prétentions .

L Ce doit être vers I'.tu 53, au milieu de ses dilférends avec la commu- nauté de Corinthe, soit un peu avant soit un peu après le second séjour qu'il fit en cette ville et qui agrava les dissentiments au lieu de les écar- ter, quePaulaécrit l'épître aux Galates. Il l'a écrite dans un tiansporl d'in- dignation contre ceux qui compromettaient son œuvre, pour lui l'œuvre de l'évangile universel, et dans un sentiment de pitié, se mèlc quelque impatience, à l'égard de ceux (|ui ont été si prom()ts à se détacher de lui. Car ils semblent détaché:-, de lui, et pourtant ils ne sont pas encore cir- concis, puisque l'Apôtre, tour à tour violent et tendre, agite devant eux la circoncision comme une sorte d'épouvantail.

La salutation initiale (f, i-.ï) se développe en recommandation de l'au- teur et en rappel de l'idée il veut maintenant résumer sa prédication, l'idée do la rédemption par la mort du Christ ; il arbore, en elfet, sa qua- lité d'apôtre, en ayant soin de dire qu'il ne la tient pas des hommes, mais du Christ et de Dieu, qui a ressuscité le Christ. Prétention nouvelle pro- bablement, et qui est une revendication d'entière indépendance à l'égard des anciens apôtres, ou plutôt à l'égard de tout le christianisme antérieur à lui ; par conséquent, revendication excessive, ou plutôt illusion pro- fonde, mais mystiquement explicable, ainsi qu'il apparaîtra dans la suite de l'épître.

.Vussilôt, sans aucune des félicitations coulimiières, après une simple louange à Dieu pour la rédemption opérée parle Christ, Paul entre dans le sujet de sa lettre (i, 'i-f)): les li<lèles de Galatie sont en train d'abandonner l'évangile du Christ pour un autre qui n'est point vrai, qui est une altéra- lion de l'évangile véritable ; ne les avait-il pas avertis cependant, lors(|ue, en prévision cle cette éventualité, il avait dit, comme il dit encore mainte- nant, anathème à qni prêche une autre doctrine'? Sur (|uoi porte l'altéra-

28 LES ÉPITRES

tiondontil se plaint, on ne le verra que plus tard; mais ondoit remarquer qu'il fornmle une accusation générale sans en spécilier l'objet, et qu'on peut lire l'épitre d'un bout à l'autre sans savoir comment la soumission aux ol)servances légales a été prescrite aux Galates, ni même si on la leur a dirccloment ou indirectement recommandée. Ce qui est clair, c'est qu'on a représenté Paul aux Galates comme un missionnaire sans autorité, on pourrait dire un missionnaire sans mission. C'est pourquoi il s'ell'orce, pour commencer, d'établir cette autorité, ou plutôt l'autonomie de son apostolat et de son enseignement, en rappelant les circonstances de sa vocation et de sa carrière apostoliques, jusqu'au moment la vérité de sa doctrine, la légitimité de sa méthode, l'indépendance de son ministère ont été reconnus, c'est lui du moins qui le dit, à Jérusalem par les anciens apôtres (i, lo-ii, lo).

Son évangile ne vient pas des hommes mais de Dieu, attendu qu'il lui a été communiqué, à lui qui jusque-là persécutait les fidèles, par une révéla- tion divine qui lui a fait connaître le Fils de Dieu, le vrai caractère de la jiersoniie et de la mission de Jésus, pour qu'il prêchât le Christ aux Gen- tils (i, ii-iO). En réalité, quelle qu'ait été la vision qui a changé le per- sécuteur en apôtre, Paul s'était rallié à la foi qu'il avait combattue ; sinon, il aurait prêcher d'abord sa foi nouvelle à ceux qui avant lui faisaient profession de croire en Jésus. C'est en vertu de sa vocation singulière qu'il est allé tout de suite prêcher en Arabie, sans s'inquiéter des anciens apôtres, qui étaient à Jérusalem, et par conséquent sa)is avoir pris d'eux instruction ni mission; il n'est venu à Jérusalem que trois ans (ou la troi- sième année) après sa conversion, et c'était seulement pour faire la con- naissance de Céphas (Pierre) ; il est resté quinze jours avec lui, et il n'a pas vu d'autre apôtre si ce n'est Jacques frère du Seigneur; donc, en cette occasion, rappoi-ts de fraternité apostolique, et pas plus d'instruction demandée ou reçue qu'il n'y en avait eu au conmiencemcnt (i, i;;-20). MaiS;, communiant à la loi des chrétiens de Damas, Paul n'avait pas motif de se faire catéchiser à Jérusalem, et sa démarche auprès de Pierre montre qu'il pensait aussi bien communier à la foi de celui-ci; il ne venait certai- nement pas dire à Pierre (ju'il jouissait, lui Paul, dun évangile propre et qui ne devait rien à personne. Ensuite il est allé, de sa propre initiative, prêcher en Syrie et en Cilicie, et pendant des années, les communautés de Judée, qui ne le connaissaient pas, savaient seulement de lui que l'ancien persécuteur était devenu prédicateur de la foi ; ainsi poursuivait-il en toute indépendance le ministère dont le (Christ lui-même l'avait chargé (,i, 21-24). Déclaration matériellement incomplète et perspective moralement inexacte : durant tout ce temps-là, Paul est associé aux missionnaires qui avaient fondé la communauté d'Antioche, il travaille surtout avec Bar- nabe, qui n'est aucunement son disciple (cf. Act. xiii, 1-2), et dont il serait plutôt l'auxiliaire, si l'on devait marquer entre eux deux une dilTérence. Quatorze ans s'étaient écoulés (depuis sa visite à Pierre, ou plutôt depuis sa conversion) quand il revint à Jérusalem, cette fois avec Barnabe ; ce

I.'ÉI'ITRE AUX CALATES 29

n'était pas pour obéir à une injonction des preniieis apôtres ni pour se mettre à leurs ordres, mais de son propre mouvement, en vertu d'une révélation ; de faux frères s'étaient insinués dans les communautés de Syrie et avaient voulu imposer la Loi de Moïse aux païens convertis; pour être sur de ne pas perdre sa peine, Paul était venu conférer sur ce sujet avec les anciens apôtres ; ceux-ci approuvèrent ce qui s'était fait, encoura- geant les deux missionnaires à continuer l'œuvre commencée auprès des Gentils, taudis qu'eux-mêmes s'occuperaient des Juifs; ainsi l'apostolat des incirconcis était reconnu à Paul, comme celui des circoncis à Pierre ; ceux de Jérusalem avaient seulement demandé que l'on lit dans les com- munautés des contrées païennes une quête pour « les pauvres », c'est-à- dire pour la communauté même de Jérusalem; «les notables»,» les colonnes » de la première communauté avaient donc reconnu l'autonomie de l'apostolat dont Paul avait été investi par le Clu'ist (ii, i-io). Or il est certain, par le témoignage même de l'épître et par celui des Actes (xv, 2, 12, 25), que Barnabe et Paul vinrent ensemble comme représentants de la comnmiiaulé d'Antioehe, que tous deux examinèrent avec les anciens apôtres la question des observances légales, que leur ministère auprès des païens fut ratifié et autorisé, mais qu'une vocation supérieure et unique pour l'apostolat des Gentils n'a pu être reconnue à Paul, l'idée de deux apostolats distincts et indépendants l'un de l'autre, avec chef unique pour chacun, n'étant en rapport ni avec les faits du passé ni avec la situation visée dans le récit ; celte idée est une vision de Paul, ([ue lui a suggérée le besoin de son apologie, c'est la façon dont, une fois séparé des autres apôtres, il a voulu comprendre sa mission.

Cependant un fait regrettable s'est passé depuis à Antiochc : Pierre, qui y était venu (sans doute quand il s'est enfui do Jérusalem, au printemps de l'an '}^), les convertis du judaïsme, Barnabe lui-même, cédant aux émissaires de Jacques, se sont séparés pour les repas, conséquemment pour la cène eucharistique, des fidèles incirconcis ; Paul se flatte d'en avoir vertement réprimandé Pierre, celui-ci et les autres ayant agi dans cette circonstance comme s'ils voulaient contraindre les incirconcis à subir la circoncision et les autres o!)servances de la Loi; ainsi Paul seul est resté fidèle au principe reconnu dans l'assemblée apostolique, au véritable évan- gile, et les autres apôtres ne sont pas qualifiés pour lui en faire maintenant reproche (il, ir-i4)- Delà procède évidemment la séparation qui est intervenue entre Paul et tous les autres missionnaires ; cette séparation s'est produite dans les circonstances indi([uées, mais par le fait de Paul; et il est par ailleurs certain (juc les autres ne voulaient pas imposer, qu'ils n'ont point imposé les observances légales aux incirconcis d'Antioehe; ils ont eu seulement, à l'égard des Juifs, certains ménagements «lont Paul n'a pas voulu. L'Incident d .Vnliochc aura été l'occasion d'une rupture que rendait int'vitable le développement intensif d'une personnalité mysticiue de plus en plus renjplie de son importance et tendant à se fixer dans son idée.

.'ÎO LES ÉPITRES

II. Le Ijlànie que Paul prétend avoir adressé à Céphas se perd dans un énoncé formel de la Ihèsc du salut i)ar la loi au Christ sans les obser- vances de la Loi (ii, i5-2i), thèse qui va être démontrée dans la seconde partie de la lettre (ni-v, 12) par divers arguments et ccmiparaisous. Au fond, l'Apôtre, ayant interprété à sa guise les faits antérieurs à sa sépara- tion d'avec les autres missionnaires, justifie par sa théorie du véritable évangile la position quasi-schismatique il se trouve maintenant. 11 s'est ancré dans l'idée de la foi sans la Loi et même de la foi sans loi aucune : laire cas de la Loi est faire injure à la foi, puisque la foi du Christ suffit au salut et que la Loi n'y sert de rien. Ainsi posée la question est résolue d'avance, et les preuves qui vont venir ne font que varier la forme de l'affirmation initiale. Premier argument, l'expérience même qu'ont faite les chrétiens de Galatie : ils ont éprouvé en eux, avant même de connaître la Loi de Mo'ise, la vertu de l'Esprit dans les miracles ; ce n'est donc pas la Loi qui donne l'Esprit de Dieu, gage du salut (m, i-5). Arguments d'Ecriture et de raison. D'abord, Abraham est le type de la justification par la foi (m, 6). Assertion essentielle dans le système et qui est fondée sur un contresens, le texte visé (G.v. xv, C) signifiant que la confiance d'Abraham en la parole de Dieu lui fut comptée à mérite. Tous les Gen- tils, à ce que dit 1 Ecriture, ont été bénis en lui ; donc le salut par la foi seule est garanti aux païens. La Loi, il est vrai, maudit les pécheurs; mais le Christ s'est soumis à la malédiction de la Loi en prenant la chair et en mou- rant sur la croix, pour que, le péché et la Loi étant détruits par sa mort, la bénédiction d'Abraham arrivàtjaux Gentils parlafoi en lui Christ (m, '-i4)- Argumentation de visionnaire qui retrouve dans tous les textes bibliques l'idée uu'il porte en lui, et les conceptions delà mystique pa'ienne, aussi celles de la magie la plus primitive, se mêlent aux spéculations juives sur le personnage d'Abraham, Le régime de la foi, institué dans ce patriar- che, est le testament de Dieu, que la Loi mosa'ique, survenue quatre cent trente ans après, n'a pu invalider; cette loi, donnée par des anges à Moïse qui leur servait d'intermédiaire auprès d Israël, a été pour la raultiplioation des péchés, afin de conduire les hommes au Christ, qui les fera tous justes par la foi, sans distinction de nationalité, ni de condition, ni de sexe (m, 1(5-22). L'humanité sous la Loi, c'est l'héritier sous tutelle en attendant sa majorité; mais, le Clirist étant venu, ceux qui ont reçu de lui l'Esprit quileurfait appeler Dieu 'eur père sont émancipés, en sorte quelesGalales, en se mettant sous la Loi, retomberont sous une servitude analogue à celle ils étaient quand ils servaient les faux dieux (iv. i-ii). Assimilation qui est un trait de génie, mais lancé au travers de raisonnements abraca- dabrants sur le testament de Dieu et l'objet providentiel de la Loi. Ici Paul s'arrête à rappeler l'empressement et le dévouement que les Galates lui ont témoignés, nonobstant la maladie dont il souffrait, quand il leur prêcha l'évangile pour la première fois : serait-il devenu maintenant leur ennemi pour leur avoir dit alors la vérité ? 11 voudrait encore ne pas le croire (iv, 12-20). Mais un nouvel argument s'olTre à son esprit, tiré aussi

l'ÉPITP.E aux CALATES 31

de la Loi : Abraham eut deux fils, l'un selon la nature, d"une esclave, et l'autre en verlu de la promesse divine, d'une femme libre : l'esclave Agar est le Sinaî, l'économie israélite de la servitude ; la femme libre est la Jérusalem céleste dont les chrétiens sont les enfants, l'économie de la foi et de la liberté (iv, 21-33). Que l'onreste donc en cetteliberté que donne le Christ, et qu'on ne se mette pas en servitude sous la Loi ; car qui veut être justifié par la Loi est déchu de la grâce (v, i-6). Les Galates étaient bien partis; qui donc les a détournés du droit chemin? Pensent-ils que leur apôtre serait persécuté comme il 1 est, s'il prêchait avec les aulres la vertu de la circoncision'? Ehl qu'ils s'infligent donc à eux-mêmes la cas- tration, ceux qui troublent l'esprit des Galales sur un pareil sujet (v, 7-12). Cette plaisanterie gaillarde n'empêche pasl'argument symbolique fondé sur le double ménage d'Aljraham d'être encore une vision, d'autant plus singulière que l'esclave Agar et Ismaël sont les ancêtres des Arabes, Sara cl Isaac les ancêtres des Juifs. Et Paul ne voit pas une simple compa- raison ; c'est pour lui le mystère même, écrit dans le livre saint, et préfi- guré, prédéterminé, inauguré dans l'histoire d'Abraham, de ses deux femmes et de ses deux fils.

Comme l'argumentation se termine naturellement en exhortation pres- sante a. rester dans la liberté de la foi, l'Apôtre est amené à dire comment cette liberté spirituelle est tout le contraire de la licence des moeurs, et à donner aux Galates divers conseils pratiques en rapport avec leur situa- tion présente (v, i3-vi, 10). Jamais Paul n'a compris comment la chasse qu'il fait à l'iiée de loi, à ce qui est pour nous l'idée du devoir, en présen- tant le bien comme un produit spontané de l'inspiration dans l'individu, pouvait être à bon droit jugée compromettante pour 1 idéal moral et sa réalisation. Les lignes fiuales, autographes, sont un rappel énejgique du thème général : ceux qui veulent mener les Galales à la circoncision sont des menteurs qui n'observent pas eux-mêmes la Loi ; la foi seule compte ; qu'on laisse en paix l'apôtre du Christ, et que la grâce du Sei- gneur Jésas -Christ soit avec les fidèles de Galatie (vi, 11-18) Péro- raison bien enlevée, comme tout le reste de l'épitre, mais qui ne permet pas plus que la lettre mêin'î de conclure sûrement à une pression rigou- reuse qui aurait été exercée sur les Galates pour leur faire accepter la circoncision et les autres observances légales.

On ignore le succès qu'obtint cette lettre extraordinaire, il paraît assez probable qu'elle n'eùl aucun succès ; car il n'y a pas trace de relations conservées entre les communautés galates et Paul en ses dernières années. Ces communautés n'étaieni pas devenues pour cela judaïsantes ; elles s'étaient ralliées seulement à ce qu'on pourrait pi-esquc appeler déjà le christianisme catholique.

AUX GALATES

I, ' Paulapôtre, non de la part d'hommes ni par homme, mais par Jésus-Chi-ist et Dieu le Père, qui l'a ressuscité d'entre les morts, ' et tous les frères qui sont avec moi, aux communautés de Galalie : ' grâce à TOUS soit et paix delà part de Dieu notre Père etda Seigneur Jésus-Christ, 'qui s'est donné lui-même pour nos péchés, afin de nous arracher au siècle présent (et) mauvais, selonla volonté de notre Dieu et Père, '' à qui soit la gloire dans les siècles des siècles. Amen.

° Je m'étonne que si vite vous passiez, de celui qui vous a appelés en la grâce de Christ, à un autre évangile. ' Non que c'en soit un autre ; c'est seulement qu'il y a des gens qui vous troublent et qui veulent dénaturer l'évangile du Christ. 'Mais quand ce serait nous, ou bien un ange du ciel qui vous annoncerait comme évangile autre chose que ce que nous vous avons annoncé, qu'il soit analhème ! ' Comme nous l'avons déjà dit, maintenant encore je le répète : si quelqu'un vous annonce un autre évangile que celui que vous avez reçu, qu'il soit anathème !

Car, à présent, sont-cé des hommes que je veux me concilier, ou bien Dieu? Ou cherchè-je à plaire à des hommes? Si je me laisais encore agréer des hommes, du Christ je ne serais pas serviteur.

" En effet, je vous déclare, frères, que l'évangile annoncé par moi n'est pas selon homme. '■ Car ce n'est pas d'homme que je l'ai reçu ni que je l'ai appris, mais par révélation de Jésus-Christ. " Vous avez bien entendu dire ce que fut ma conduite autrefois dans le judaïsme : que je persécutais à outrance la communauté de Dieu et la ravageais, " et que je progressais dans le judaïsme par-dessus la plupart de ceux de mon âge dans ma nation, plus zélé que personne pour les traditions de mes ancêtres. " Mais, quand il plut à celui qui m'a distingué dès le sein de ma mère, et qui m'a appelé par sa grâce, '"de révéler son Fils en moi, pour que je l'annonce parmi les Gentils,

CALATES, I, 17-ir, 14 33

aussitôt, sans prendre conseil de chair ni de sang, " sans mon- ter à Jérusalem auprès de ceux qui étaient apôtres avant moi, je m'en allai en Arabie, puis, de nouveau, je revins à Damas. " Ensuite, après trois ans, je montai à Jérusalem pour faire connaissance de Géphas, et je restai auprès de lui quinze jours ; " mais je ne vis aucun autre des apôtres, si ce n'est Jacques, le frère du Sei- gneur. "" Or, ce que je vous écris là, Dieu m'est témoin que je n'y mens point. "' Ensuite j'allai dans les pays de Syrie et de Cilicie. ■" Mais j'étais inconnu de visage aux communautés de Judée qui sont dans le Christ ; ils avaient seulement entendu dire : « Celui qui jadis nous persécutait, maintenant prêche la foi que naguère il voulait détruire. » "' Et ils glorifiaient Dieu à mon sujet, ii, ' Ensuite, au bout de quatorze ans, de nouveau je montai à Jérusalem, avec Bar- nabe, ayant pris aussi avec moi Tite. - Or je vins d'après révélation, et je leur exposai l'évangile que je prêche parmi les Gentils, mais i je l'exposai ainsi), à part, aux notables, (pour être assuré) de ne pas courir ou de n'avoir pas couru en vain. ' Mais Tite, qui était avec moi, ne fut même pas, bien que Gentil, contraint de se faire circon- cire. ' (C'était) à cause des faux frères intrus qui s'étaient glissés pour espionner la liberté que nous avons en Christ Jésus, afln de nous asservir. 'A ceux-là, pas même pour un moment, nous n'avons fait de concession, afin que la vérité de l'évangile subsiste pour vous. ' Quant à ceux qu'on tenait pour notables, ce qu'ils pouvaient être ne m'importe, Dieu ne fait pas acception de personnes, lesnolabh'i ne m'ont rien imposé ; ' mais, au contraire, voyant que j'ai été chari;é de l'évangile du prépuce, comme Pierre (de celui) de la circoncision, car celui qui a réalisé en Pierre l'apostolat de la circoncision a réa- lisé ausai en moi (celui) des Gentils, ° et reconnaissant la grâce à moi attribuée, Jacques, et Céphas, et Jean, ceux qu'on regardait comme colonnes, donnèrent la main droite à moi et à Barnabe, (en signe de communion, afin que nous fussions pour les Gentils, et eux pour la circoncision ; " (ils demandèrent) seulement que nous eussions souvenir des pauvres, ce que j'ai eu souci de faire.

" Mais, lorsqueCéphas vintà Anlioclie, je lui résistai en face, parci! qu'il s'était mis dans son tort . '" Car, avant que certains fussent venus de la part de Jacques, il mangeait avec les Gentils; mais, quand ils l'urent venus, il se retira et se sépara, craignant ceux de la circonci- sion. " Et à sa feinte s'associèrent aussi les autres Juifs, en sorte que Barnabe lui-même fut enlraîné dans leur simulation. " Or, quand je vis qu'ils ne marchaient pas droit selon la vérité de l'évangile, je dis à Céi)has devant tous : « Si toi, qui es Juif, tu vis en Gentil et non

A. I.orsY. Lcx Livres ilu .\oiieeaii Testament. 3

34 CALATES, II, 15-III, 11

pas en Juif, comment peux-tu contraindre les Gentils à judaïser ? » " Nous, de naissance nous sommes Juifs,

Et non pécheurs (venus), d'entre les Gentils; '" Et sachant qu'homme n'estpas justifié par œuvres de Loi,

Mais par foi de Christ Jésus,

Nous aussi en Christ Jésus nons avons cru,

Pour être justifiés par foi de Christ et non par œuvres de Loi,

Parce que par œuvres de Loi ne sera justifiée aucune ciiair. '' Mais si, cherchant à être justifiés en Christ,

Nous sommes aussi trouvés pécheurs,

Christ serait donc ministre de péché? Que non pasi " Car, si, ce que j'ai détruit, je le rebâtis,

Je me donne moi-même comme prévaricateur. " Quant à moi, en effet, par Loi je suis mort à Loi,

Pour vivre à Dieu.

Avec Christ je suis crucifié. Et ce n'est plus moi qui vis, mais vil en moi Christ.

Et en tant que maintenant je vis en chair,

Je vis en la foi du Fils de Dieu,

Qui m'a aimé et qui s'est livré pour moi. " Je n'annule pas la grâce de Dieu.

Car, si par Loi était justice.

Donc Christ pour rien serait mort.

iri ' O insensés Galates ! Qui vous a ensorcelés, (vous) devant h;s yeux desquels Jésus-Christ avait été dépeint crucifié ? ' Ceci seu- lement je veux apprendre de vous : est-ce par œuvres de Loi que vous avez reçu l'Esprit, ou par audition de foi?' Etes-vous tellement insensés ? Ayant commencé par Esprit, allez vous finir par chair ? Vvez-vous fait de telles expériences pour rien ? Et ce serait pour 1 ien ! ' Celui qui vous confère l'Esprit et qui opère miracles parmi vous, est-ce donc par œuvres de Loi ou par audition de foi ? ° Ain^i Abraham crut à Dieu, et cela lui fut imputé à fustice.

' Sachez donc que les (hommes) de foi, ce sont eux lès fils d'Abra- ham. ' L'Ecriture, prévoyant que Dieu justifierait par foi les Gentils, , en fit la prédiction à Abraham : « En toi seront bénis tous les Gen- tils. » Si bien que les(homines)de foi sont bénis avec le fidèle Abraham. "' Car tous ceux qui en sont aux œuvres de Loi sont sous raalcdiclio!), puisqu'il est écrit : « Maudit soit quiconque n'est pas constamment fidèle à pratiquer ce qui est écrit dans le lii're de la Loi ! » " Or, que par Loi nul ne soit justifié devant Dieu, c'est évident, puisque : « Le

GALATEsi, III, 12-lV, 5 35

juste par foi vivra. » "Et la Loi ne lient pas de la foi, mais : « Qui Lv. : fait cela par cela vivra ». " Christ nous a rachetés de la malédiction de la Loi, étant devenu pour nous malédiction, puisqu'il est écrit : « Maudit soit quiconque est suspendu à bois », pour que la béné- Dt. diction d'Abraliam arrivât aux Gentils en Jésus-Christ, (et) que nous reçussions l'Esprit promis, moyennant la foi.

'' Frères, je raisonne en homme, encore est-il que d'un indi- vidu personne ne tient pour nul le testament A'alide ou bien n'y fait addition. " Or c'est à Abraham qu'ont été dites les promesses, et à sa postérité. Il n'est pas dit : « et à (ses) postérités », comme pour plusieurs, mais, comme pour un seul : « et à ta postérité », qui est Gn. xi; Christ. " Or je veux dire ceci : une disposition validement prise par Dieu, la Loi, survenue quatre-cent-trente ans après, ne peut l'invalider de façon à rendre nulle (ainsi) la promesse. " Car si de Loi venait l'hé- ritage, ce ne serait plus de promesse ; or c'est par promesse que Dieu à fait faveur à Abraham.

" Qu'est donc la Loi ? En vue des transgressions elle a élé ajou- tée, en attendant que vînt la postérité, que concernait la promesse ; édictée par anges, avec intervention de médiateur. "' Or on n'est pas médiateur pour une personne, et Dieu est un "'. La Loi va-t-elîe donc contre les promesses de Dieu ? Que non pas ! Car si Loi eût été donnée capable de procurer vie, réellement de Loi viendrait la jus- tice. " Mais l'Ecriture a tout enferme sous péché, afin que (l'objet de) la promesse, moyennant foi en Jésus-Christ, fût donné aux croyants.

" Avant que vînt la loi, nous étions en surveillance sous Loi, en- fermés en vue de la foi (jui devait être révélée ; '''' si bien que la Loi devint notre pédagogue vers Christ, afin que nous fussions justifiés par foi. "' Mais, la foi étant venue, nous ne sommes plus sous péda- gogue. ^'' Car vous êtes tous fils de Dieu, par la foi, en Christ Jésus. "' Vous tous, en effet, qui avez été baptisés à Christ, vous avez endossé Christ. " Plus n'est de Juif ni de Gentil, plus d'esclave ni de libre, plus d'homme et de femme ; car tous vous ôtcs un en Christ Jésus. " Mais, si vous êtes de Christ, donc postérité d'Abraham vous êtes, selon promesse héritiers.

IV ' Or je dis : aussi longtem[)s que l'héritier est enfant, il ne diffère en rien d'un esclave, bien qm; maître de tout, ' mais il est sous tuteurs et régisseurs jusqu'au temps fixé i)ar le père, ' De môme nous : lorsque nous étions enfants, sous lt!s clémenls du monde nous étions en servitude ; ' mais quand vint l'accomplissement du temps, Dieu envoya son Fils, de femme, sous Loi, ' pour qu'il rachetât ceux qui étaient sous Loi, et) que nous reçussions l'adoption.

36 CALATES, IV, G-27

Que vous êtes fils, (ce qui le [rouve est) que Dieu a envoyé l'Es- prit de son Fils en vos cœurs, qui crie : « ALba, Père ! » ' Si bien que lu n'es plus esclave, mai.s fils ; or, si lu es fils, lu es héritier par ;grâce de) Dieu.

' Mais jadis, ne connaissant pas Dieu, vous avez servi les dieux qui par nature ne le sont pas; tandis que, maintenant, ayant connu Dieu, ou plutôt ayant été connus de Dieu, comment retournez-vous encore aux infirmes et pauvres éléments que de nouveau vous voulez servir? '"Vous observez les jours, les mois, les saisons, les années ! " J'ai peur, pour vous, que je n'aie inutilement peiné sur vous.

'■ Devenez ce que je suis, puisque, moi aussi, (je fus) ce que vous cliez; frères, je vous en prie. En rien vous ne m'avez offensé. " Et vous savez que ce fut à cause d'une infirmité de la chair que je vous annonçai l'évangile la première fois ; " pourtant, ce qui, dans ma chair, était pour vous épreuve, vous n'en avez témoigné ni mépris ni horreur, mais vous m'avez reçu comme un ange de Dieu, comme Christ Jésus. " donc est allé voire contentement ? Car je vous atteste que, si c'eût été possible, vous vous seriez arraché les yeux pour me les donner. '* Serais-je donc devenu votre ennemi pour vous avoir dit la vérité ? '' On ne vous recherche pas à bonne intention, mais on veut vous exclure, pour se faire rechercher de vous. " Ce- pendant il (vous) est bon d'clre recherchés à bonne intention tou- jours, et non seulement quand je suis près de vous, "mes enfants, pour lesquels de nouveau je suis en travail jusqu'à ce que Christ soit formé en vous. -" Mais je voudrais être auprès de vous maintenant et changer de langage, parce (jue je suis perplexe à votre endroit.

"' Diles moi, vous qui voulez être sous Loi, n'entendez-vous i)as la Loi ? " Car il est écrit qu'Abraham eut deux fils, un de la ser- vante et un de la (femme libre. '' Mais celui delà servante naquit selon chair ; celui de la (femme) libre, en vertu de la promesse. "' Ce sont choses dites en allégorie : ces (femmes , en effet, sont deux tes- taments, l'un, (donné au mont Sinaï. enfantant pour servitude, c'est Agar. ■' Car Agar est le mont Sina'i, en Arabie. Elle cor- respond à la Jérusalem actuelle ; car (celle-ci est esclave avec ses enfants. -^ Mais la Jérusalem d'en haut est libre, (elle qui est notre mère. "' Car il est écrit :

« ncjouis-foi, stérile, qui n'enfantes point. Eclate en cris de joie, toi qui n'es point en trai'ail. Farce que nombreux sont les enfants de l'abandonnée Plus que ceux de la (fenwie) qui avait le mari.

CALATES, IV, 28-v, 2i 37

"* Quant à vous, frères, vous êles, à la façon d'isaac, enfants de promesse. " Mais de même qu'alors celui qui était selon chair per- sécutait celui qui était selon Esprit, ainsi en est-il encore à pré- sent. ^^ Mais que dit l'Ecriture ? Chasse la servante et son fils ; carie fils de la servante n héritera pas avec le fils de la {femme libre. » Gn

" Par conséquent, frères, nous ne sommes point enfants de ser- vante, mais de la femme libre, v, ' C'est pour la liberté que Christ nous a libérés. Tenez donc ferme, cl ne vous mettez point de nouveau sous un joug de servitude. ' C'est moi, Paul, qui vous le dis : si vous vous faites circoncire, Ghristne vous servira de rien. ' Et j'atteste de nouveau à tout homme qui se fait circoncire, qu'il est obligé d'accom- plir la Loi entière. ' Vous n'existez plus à l'égard de Christ, vous qui voulez être justifiés par Loi, vous êtes déchus de la grâce. ^ Car, nous, c'est jjar Esprit, de foi, que nous attendons espérance de justice. ' Dans Christ Jésus, en elTet, ni circoncision ni prépuce ne valent, mais foi agissant par charité.

Bien vous couriez ;qui vous a empêchés d'obéir à la vérité ? ' La suggestion ne vient pas de celui qui vous a appelés. ' Un ])eu de levain fait gonQer toute la pâte. '" J'ai confiance en vous dans Seigneur que vous ne penserez pas autrement. Mais celui qui vous trouble (en) portera la punition, quel ({u'il soit. " Quant à moi, frères, si je prê- che encore la circoncision, pourquoi suis-je encore persécuté ? Ainsi le scandale de la croix serait aboli '. " Ils devraient bien encore sff faire châtrer, ceux qui vous mettent en bouleversement.

" Car vous, c'est à liberté que vous avez été appelés, frères ; seule- ment, (que ce ne soit) pas la liberté jjour i fournir) prétexte à la chair ; maissoj'ez, parla charité, serviteurs les uns des autres. " Car toute la Loi s'accomplit dans un seul précepte, qui est : « Tu aimeras l ton prochain comme toi-même. » "' Mais, si vous vous mordez et vous mangez les uns les autres, voyez à n'être point les uns par les autres dévorés. '" Or je vous dis : marchez en Esprit, et vous «e satisferez pas les désirs de la chair. " Car la chair a désir contre l'Es- prit,etl'Esprit contre la chair ; ce sont (forces) qui s'opposent, en sorte que vous ne faites pas ce que vous voudriez. " Mais, si vous êtes con- duits ])ar Esprit, vous n'êtes pas sous Loi.

" Or bien connues sont les œuvres de la chair ; c'est : impudicité, impureté, débauche, "' idolâtrie, maléfices, inimitiés, discorde, envie, emportements, cabales, divisions, factions, " jalousies, ivrogneries, orgies et choses semblables, à propos de quoi je vous préviens, comme je vous ai (déjà prévenus, queceux qui font de ces choses-là

38 galatks, V, 22-vi, 18

n'hériteront pas le royaume de Die». " Quant au fruit de l'Esprit, c'est : charité, joie, paix, longanimité, affabilité, bonté, fidélité, "douceur, tempérance. Contre de telles choses il n'y a pas Loi. -* Mais ceux qui sont à Chi'ist Jésus ont crucifié la chair avec les pas- sions et les convoitises. ''Si par Esprit nous vivons, par Esprit aussi marchons. "N'ayons pas de vaine gloire, nous provoquant les uns les autres, les uns les autres nous jalousant.

VI ' Frères, si un homme est pris à quelque faute, vous autres, spi- rituels, redressez-le en esprit de douceur ; ayant garde à toi, qui pourrais bien aussi être tenté. - Portez les fardeaux les uns des autres, et ainsi vous accomplirez la loi du Christ. ' Car si quelqu'un s'ima- gine être quelque chose, n'étant rien, il se dupe lui-même. Que cha- cun examine son œuvre propre, et alors il aura sujet de gloire pour lui seul, et non à l'égard d'autrui ; ^ car chacun a sa charge à porter.

" Que celui à qui on enseigne la parole fasse part en tous ,ses biens à qui l'enseigne. ' Ne vous y trompez pas ; on ne se moque pas de Dieu. Car, ce que chacun aura semé, c'est cela aussi qu'il moisson- nera : qui sème en sa chair, de la chair moissonnera corruption ; et qui sème en l'Esprit, de l'Esprit moissonnera vie éternelle. ' Faisons le bien, ne nous décourageons pas ; car en temps voulu nous moisson- nerons, si nous ne nous relâchons pas. '" Donc, pendant que nous en avons le temps, faisons le bien envers tous, surtoutenvers les adeptes delà foi.

" Voyez en quels gros caractèresje vous écris de ma main. Tous ceux qui veulent faire agréable figure selon chair, ce sont ceux-là qui vous contraignent à vous faire circoncire, à seule fin de n'être point persécutés pour la croix du Christ. " Car les circoncis eux-m^mes n'observent pas la Loi ; mais ils veulent que vous soyez circoncis, pour tirer vanité de votre chair. "^ Quant à moi, puissè-je ne me glo- rifier qu'en la crois de notre Seigneur Jésus Christ, par laquelle le mcftide m'est crucifié, et moi au monde. " Car ce nest point circon- cision qui est quelque chose, ni prépuce, mais nouvelle créature. '" Et tous ceux qui suivront cette règle, paix sur eux soit, et miséri- corde,et sur l'Israël de Dieu.

" Désormais que nul ne me cause d'ennuis ; car, moi, ce sont les marquesde Jésus qu'en mou corps je porte.

'* La grâce de notre Seigneur Jésus-Christ soit avec votre esprit, Irères. Amen.

LA PREMIERE ÉPITRE AUX CORINTHIENS

^ Notice

Dans l'épîlre aux Galates Paul s'est révélé tout entier, sans retenue, avec son tempérament Aàsionnaire, ses prétentions illimitées et son invrai- semblable logique. I-es épitres aux Corinthiens peuvent aider à. com- prendre comment il s'était monté au paroxysme de l'irritation, à l'exalta- tion de son apostolat, à la théorie absolue de la justification par la foi sans loi, et aussi comment il a dû, devant les faits, devant l'opposition croissante qu'il avait rencontrée à Gorinthe, modifier sa ligne de défense, ne pins reprocher ouvertement à ses adversaires de vouloir judaïsor les ])aîens. et modérer ses revendications d'autonomie apostolique, avant de porter aux « saints » de Jérusalem la collecte de ses communautés.

Paul a écrit plus de deux lettres à la communauté de Gorinthe ; car la première épitre (v, 9) se i-éfère à une lettre antérieure, et la seconde vise en deux endroits (11, 3-4 ; vit, 8) une lettre qui ne peut être la première épître. Mais l'examen des deux épîlres canoniques donne à penser que celles-ci ont été formées par un travail de compilation et que les lettres qui y sont visées ne laissent pas d'y avoir été conservées. Les principales lettres de Paul auront été librement arrangées en deux morceau.x de lec- ture, pour la commodité de l'enseignement et probablement aussi de la transcription. IT est relativement facile de discerner dans la secondi' épître deux lettres qui ont été écrites durant les mois qui ont précédé le dernier séjour de Paul à Gorinthe : une lettre d'apologie, passablement violente, qui suppose entre rAi)ôtre et les Corinthiens les plus graves malentendus (conservée presque tont entière, à ce qu'il semble, dans 11, 14-VI, i3 ; VII, a-3 ; x-xm) ; et une lettre de réconciliation, laquelle se réfère à la précédente et à une intervention de Tile, qui ont rétabli l'ac- cord entre P.iul et la communauté corinthienne (i-n, i3 ; vrr, 5-ix). On se retrouve moins facilement dans la première épître. Cependant la lettre à laf|uelle celle-ci fait allusion comme ayant contenu, au sujet des relations avec les pécheurs, une prescription impossible :\ observer, pourrait être représentée par nn fragment isolé dans la seconde épître (vr, i^-vn, i), et certains morceaux de la première épitre (vi, 12-ao ; ix-x, aa ; xi, a-'5:'î) proviennent vraisemblablement de cette lettre, la première, en réalité,

40 LES lipiTRES

que Paul aurait écrite k la communauté qu'il venait de quitter pour fon- der celle dEphèsc. Après avoir reçu cette lettre, les Corinihicus eux- mêmes ont écrit à Paul en lui posant des questions auxquelles il a répondu (v-vi, II ; vii-viii, i3 ; x, 23-xi, i ; xii, xiv) ; et il est possible que cette réponse de l'Apôtre ait été envoyée à part, bien que l'on puisse en rigueur la rattachera la dernière lettre que Paul, avant de quitter Ephèse, écrivit aux Corinthiens touchant les divisions et les abus qui étaient sur- venus dans leur communauté (i-iv : xv-xvi). Toute cette correspondance est en rapport avec une siiile de faits délicats sur lesquels nous n'avons l)as d'autre documentation, la rédaction des Actes les aj'ant délibéré- ment passés sous silence.

1. La communauté do Corinthc pourrait bien avoir été, quant au nombre des fidèles, la plus considérable de celles que Paul a instituées : il était venu d'Athènes, après sa mission de Macédoine, et était resté plus de dix-huit mois (vers 5o-52), prêchant dans la synagogue, puis dans une maison particulière lorsque la synagogue lui avait été interdite. Son départ de Corinthc parait avoir été motivé jiar le désir de porter l'évan- gile en Asie, après toutefois qu'il aurait revu ses communautés de Gala- tic. Or, pendant qu'il était en ce pays, un certain Apollos, Juif alexandrin qui avait été gagné à la foi de Jésus, vint à Ephèsc, il enseigna quïlque temps, puis il se rendit à Corinthc, il fut aussitôt très écouté de la communauté. Il parait certain que d'autres chrétiens encore vinrent il'Antioche ou de Palestine et que les fidèles de Corinthc se trouvèrent bientôt, non seulement recevoir un enseignement qui n'était pas tout â fait conforme à celui de Paul, mais instruits delà situation particulière se trouvait leur apôtre à l'égard de ce qui existait alors de chrislianisme en dehors de lui. De naquit dans la communauté une agitation qui ne fil que grandir jusqu'au moment elle se déchaîna en véritable opposition contre Paul. Celui-ci, informé, probablement dès les premiers temps de son séjour à Ephèse (vers 53), de ce qui se passait et de certains relâchements qui se produisaient dans la communauté, riposta lestement aux propos tenus contre lui et prescrivit des règles de conduite très rigoureuses.

Aux objections que l'on fait à sa qualité d'apôtre, il répond qu'il est au moins apôtre pour les Coriixlhicns, qui sont son « œuvre dans le Sei- gneur ». On lui reproche de ne pas vivre, comme les autres missionnaires, aux frais de ceux qu'il évangélise. Il le pourrait, certes, et Barnabe aussi, qui s'en abstient comme lui. Mais il se garde bien de réclamer ce droit ; l'ait apôtre malgré lui, c'est sa façon à lui d'y avoir du mérite en y mettant toute l'abnégation dont il est capable. Il se fait juif et sous loi avec les .luifs. On peut douter qu'il eût écrit cela au fort de sa polémique anti- judaïsante. Il se fait sans loi avec les non-juifs. C'est pour gagner Juifs cl Gentils. Le salut est une course il veut ainsi remporter le prix (I Cr. ix). Il faut prendre bien garde que tous les Israélites qui ont passé la mer Rouge avec Moise et participé aux sacrements du désert n'ont pas été sauvés ; la plupart sont morts dans le désert en punition de leur ido-

LA PREMIÈRE ÉPITRE AUX CORINTHIENS 41

liilrie, de leurs fornications, et pour avoir tenté Dieu (x, i-i'3) ; fuyons donc l'idolâtrie, et, puisque nous sommes admis à la table du Seigneur, n'ayons aucune part aux sacrilices des dijmons (x, 14-22) ; fuj'ons la for- nication ; nos corps sont les membres du Christ, n'en faisons pas de s membres de prostituées ( vi, 12-20) ; n'ayons nul commerce avec les non- croyants, car la communion n'est pas possible entre la lumière et les ténèbres (^11 Cii. vi, i^-iS). Bien que les (Corinthiens observent en général dans leurs réunions les règles que leur apôtre leur a transmises, ils ont laissé des femmes prophétiser, tète découverte, au milieu de l'assemblée : qu'elles gardent leur voile, selon l'ordre établi par Dieu, et la pratique suivie dans toutes les comrauuaulés (1 Cn. xi, 2-16). Les Corinthiens ont aussi pris l'habitude de laire la cène par petits groupes l'on ne pra- tique pas toujours la sobiiété ; c'est abolir le repas du Seigneur que de procéder ainsi, et oublier ce que Paul lui-même leur a enseigné, d'après une révélation personnelle, touchant la signilication de la cène, qui a été instituée i)ar Jésus la veille de sa mort ; le pain est le corps du Christ, le vin est son sang ; il y faut participer dignement et en esprit de cliarité ; si les cas de mort et de maladie se multiplient dans la communauté, c'est parce qu'on a péché contre le corps elle sang du Christ (xi, 17-34)

II. Les remontrances de Paul paraissent avoir été assez l)iea reçues ; cependant l'on trouva excessive l'interdiction de tout commerce avec les non-croyants, et l'on se demandait aussi jusqu'où pouvaient bien aller les exigences de l'Apôtre en matière de chasteté. Une lettre fut envoyée de Corinthc l'on sollicitait des exj licatious sur la défense de manger les idolothytes (viandes de sacrifices), défense qui soidcvait des inconvénients pratiques il ne semblait pas que la foi fût intéressée; aussi sur l'état des vierges et sur les obligations des personnes mariées; enfin sur la façon d apprécier et de régler les manifestations de l'Esprit dans l<x glos- soialic (le parler en langues) et la prophétie. Les réponses témoignent que Paul n'était pas fermé aux leçons de l'expérience.

Un cas scandaleux s'est produit dans la communauté : un homme vil maritalement avec sa belle-mère, la veuve de son père, et la communauté l'a sup|)orté ; TApôlrc, « présent en esprit » au milieu des frères, décrète que cet individu soit excommunié, « livré à Satan pour la perte de son corps, afin que son esprit soit sauf au jour du Seigneur » (v.i-8). Quand il a interdit tout commerce avec les im[iudiqucs, Paul entendait les croyants pécheurs, mais il ne défendait pas toute relation avec les pécheurs non-chrétiens; autrement, il faudrait sortir de ce monde (v, g-i'J). Autre abus : certains frères, ayant litige entre eux, portent l'alfaire devant les tribunaux : que ne s'arrangent-ils à l'amiable ou ne supportcnl-ils le dom- mage ? Pas plus que les autres jiécheurs l'iinminc injuste n'entrera dans le i-oyaumc de Dieu (vi, i-ii^.

(juanl aux rapports de l'homme et de la femme, il serait bon que I homme s'abstint; mais, pour prévenir l'impudieité, que chacun ail sa fcnunc, et que les époux se considèrent comme s'apparlenanl l'un à

':2 LES EPITRES

l'autre, en réservant le temps de la prière (vu, 1-7). Les non mariés ef les veuves feraient bien de rester comme ils sont ; s'ils ne sont pas maîtres d'eux-mêmes, qu'ils se marient; mais, une fois mariés, les époux ne doivent pas se séparer, car le Seigneur a interdit le divorce (vu, 8- 11, 'J()-4o)- Si l'mi des conjoints se trouve n'être pas chrétien, mais consent à \ ivre en paix avec le conjoint croyant, ce dernier ne doit pas rompre le mariage ; si le païen est intolérant, que le croyant le quitte et qu'il épouse, s'il veut se marier encore, une personne croj'ante (vu, 12-16). En général ([ue chacun se tienne dans la situation il était quand Dieu l'a appelé : si l'on était Juif, ne pas dissimuler la circoncision ; païen, ne pas se faire l'irconcire ; esclave, ne rechercher pas l'affranchissement, car on est affranchi du Seigneur (vu, 17-24). Le Seigneur n'a pas donné de précepte touchant la virginité ; mais la continence est préférable, la fin du monde étant si proche, pour n'avoir pas les soucis des gens mariés ; toutefois, si quelqu'un, ayant en garde une vierge, ne sait se contenir, qu'il l'épouse ; mais celui-là fera mieux, cpii, sachant se contenir, la gardera en virginité (yu, p5-38).

En matière d'idolothytes, il faut user de discernement : un chrétien don- nerait scandale en participant à un repas de sacriûce (vui, i-i3) ; de même, on peut acheter toute viande étalée sur le marché, sans s'informer de sa provenance ; mais, si, dans un repas, telle viande est présentée <ommc étant de sacrifice, il convient de n'en pas prendre, à cause du scandale (x, 23-xi, i).

Un principe domine toute la question des dons spirituels : impossilile que l'Esprit de Dieu fasse dire à un homme : « Anathème Jésus » ; et impossible qu'un homme dise : « Seigneur est Jésus », si ce n'est par influence de l'Esprit saint. Mais les dons de l'Esprit sont très variés ; U i.'n- est de la communauté comme de notre corps, chaque membre a sa l'onction spéciale et n'est pas' fondé à envier celle d'un antre; pourtant, entre ces dons, il faut désirer les meilleurs (xii). L'on doit, par conséquent, préférer la prophétie à la glossolalie ; car le glossolale ne parle qu'à Dieu, et l'assemblée ne comprend rien à ce qu'il dit en son langage inconnu, à moins qu'il ne donne ensuite explication ; le prophète parle aux hommes et il édifie la communauté ; Paul, qui est glossolale plus que pas un, aime mieux dire en assemblée cinq paroles avec l'usage de son intelligence que dix mille par glossolalie ; la glossolalie ne fait pas de croyants ;car. si un étranger pénètre dans une réunion de glossolales, il se croira parmi des l'ous; mais, s'il s'agit de prophètes, l'étranger se voit entouré de gens qui pénètrent les secrets de son âme, el il est amené à reconnaître que Dieu est avec eux ; il faut donc mettre ordre à ces manifestations dans les assemblées; pour ce qui est des glossolales, que deux ou trois soient admis à parler, mais l'un après l'autre, et à condition qu'il y ait un inter- prète, sinon qu'ils se taisent dans la réunion et se livrent à la glossolalie dans leur privé ; quant aux prophètes aussi, deux ou trois pourront parler successivement, le premier se taisant quand un autre sera saisi de l'inspiration, et les antres prophètes seront juges; ainsi tout se fera selon

LA PRIi.MlÈRE ÉPITRE ADX CORINTHIENS 43

l'ordre, comme il- convient et comme- du- reste cella se passe dans les autres communautés (:ctv, r-33, 36-^o: xiv, 3?î-35 a été ajouté dans la compilation, pour enlever aux femmes le droit de parler dans les réunions, droit qui est admis implicitement et sans difficulté dans xi. 2-16, il est seulement défendu aux femmes d'ôter leur voile quand elles prophétisent dans rassemblée).

Paul a vu les inconvénients de la glossolalie, mais sans soupçonner le détraquement nerveux en quoi consiste ce don de l'Esprit. On conçoit qu'il préfère l'inspiration consciente du prophète : celle-ci pourtant a aussi ses dangers, puisqu'il faut comme un jury de prophètes pour s'assurer cpi'elle ne vient pas du démon. La compilation a pallié l'impression fâcheuse qu'a donner de bonne heure cette page extraordinaire, eu pla- çant au milieu le beau cantique de la charité (xnr; xiv, 1 reprend xii, 3r, après l'interpolation). Pour cela même, et bien qu'il soit digne de Paul en ses meilleurs moments, ce morceau a toute chance de n'être pas de lui.

III. Mais il y avait à Corinthe quelque chose de plus inquiétant pour Paul que l'agitation excessive des glossolales et des prophètes. Des ren- seignements de plus en plus précis lui parvenaient touchant les disposi- tions moins favorables des Corinlhiens à son égard et l'état troublé de la communauté. Certains ûdèles, « les gens de Chloé », venus de Oirinthe à Ephèse, l'avaient instruit. Il jugea bon d'envoyer son auxiliaire Timothéo pour tout remettre en ordre avant qu'il vint lui-même ; mais, comme Timo- Ihée devait passer par la Macédoine, Paul se proposait d'aller aussi avant de se rendre à Corinihe, il s'agissait de préparer dans toutes ces communautés la collecte que l'Apôtre voulait présenter aux saints de. Téru- salem avant de porter l'évangile à Rome, il adressa d'Ephèse (en 55, au commencement du printemps) à la communauté corinthienne ime lettre qui dut être transmise par cpielques fidèles de cette communauté retour, nant dans leur pays (peut-être ceux qui sont mentionnés I Cn. xvi, i-).

La lettre est écrite au nom de Paul et du frère Sosthénès, probable- ment un converti de Corinthe que r.\pôtre avait emmené avec lui et qui lui servait alors d'auxiliaire. Paul s'y intitule « apôtre de Jésus-Christ par vocation et volonté de Dieu », formule qui exprime en termes plus discrets les prétentions qui éclateront dans la suscription de l'épltre aux Galates. « La communauté de Dieu qui est à Corinthe » est saluée comme composée de « saints », Plaul rendant grAcc à Dieu pour l'abon- dance des dons spirituels dont les Corinthiens ont été enrichis, et qui fait bien augtwer de leur salut dans le jour du Seigneur Jésus-Christ (i, I .'j). Nonobstant ce compliment, il signalera bientôt une forte lacune dans la spiritualité des Corinlhiens. Aussitôt il entre en matière en les engageant à rester nnis. au lieu de se diviser comme ils font : les uns, paraît-il, se réclament de Paul, les antres d'Apollos, les autres de Pierre, les aiitrcH <lu Christ ; qu'est-ce à dire ? Veut-on morceler le Christ ? Ce n'est pas au nom de Paul que les Corinlhiens ont été baptisés, Paul d'ail- leurs n'ayant baptisé personne à Corinthe, si ce n'est tel ou tel ; son affaire

44 LES EPlTaES

n'est pas de baptiser, mais d'évangéliscr, et en toute simplicité de lan- gage, « pour ne point ruiner la croix du Christ » (t, 10-17). Début un peu confus, parce que l'Apôtre, à ce qu'il semble, ne voulant pas reconnaître neUement l'opposition qui lui est faite, parle comme s'il s'agissait de dis- putes plus ou moins spéculatives sur les mérites des maîtres que l'on a entendus, ou de petites coteries qui se formeraient sous leurs noms. On s'aperçoit bien que la prédication plus savante d"Ai)ollos avait déchaîné le niouvemeat dont Paul ne voit pas ou affecte de ne pas voir la profon- deur.

11 croit ou feint de croire qu'on lui reproche la simplicité de sa-catéclièse, et ce qu'il trouve d'abord à dire est que le véritable évangile n'a rien de commun avec la science humaine. La croix rédemptrice, scandale pour les Juifs et folie pour les Gentils, est le monument de la sagesse et de la puissance divines (i, 18 25); Dieu en a révélé le secret aux simples et aux humbles, et c'est à ce titre qu'en ont bénéficié les Corinthiens (i, 26-3i) ; Paul n'a rien voulu leur enseigner d'autre, dédaignant les ressources de la philosophie et de l'art oratoire, pour que la foi des Corinthiens n'eût d'autre fondement que la puissance de Dieu (11, i-5) ; il a bien une sagesse supé- rieure, qu'il dit seulement aux « parfaits », aux initiés; car c'est un mystère, un secret que Dieu avait caché aux« jjrinces de ce monde », les esprits qui gouvernent notre monde inférieur, qui ont cruciQé sans le connaître « le Seigneur de la gloire », le Christ étant ainsi désigné par allusion au Psaume (xxiv, 7-10) ; mais l'Esprit, qui connaît les profondeurs de Dieu, a révélé ce mystère à l'Apôtre des Gentils ; Paul le dit, dan.s le langage que l'Esprit lui suggère, à ceux qui sont capables de l'entendre, c est-à dire aux spirituels ; s'il n'en a pas donné communication aux Corinthiens, c'est qu'il ne pouvait leur parler comme à des spirituels, parce qu'ils étaient charnels et qu'ils le sont encore (11, 6-iu, 2). Déclarations instructives par rapport à la genèse du mystère chrétien. Le secret dont il s'agit ne peut être qu'une gnose concernant le salut par la foi en Jésus crucifié ; Paul se llatte de posséder en propre cette doctrine, parce qu'elle lui a été révélée par l'Esprit ; ce qu'il en dit. ici correspond à la révélation dont bientôt, s'adressant aux Galales, il dira avoir été favorisé ; au fond, c'est la théorie du salut qui est développée dans l'épitre aux Galales et dans l'épitre aux Romains. Ainsi l'opposition par lui rencontrée lui a fait affirmer le caractère personnel de sa doctrine, et aussi bien l'a in- duit à définir cette doctrine, qu'il n'avait pas accoutumé de livrer dans sa catéchèse.

Les querelles des Corinthiens, rémarque-t-il, montrent bien qu ils sont de vulgaire humanité, autrement ils reconnaîtraient que Paul et ApoUos ne sont, à des titres divers, que les collaborateurs de Dieu, Paul ayant planté, Apollos ayant airosé, mais Dieu seul ayant donné vie et croissance (m, 3 9). Toutefois, puisque Paul a procuré aux Corinthiens le Christ et la foi, c'est son travail qui est fondamental ; que l'on prenne garde à ce qu'on mettra par-dessus ce fondement ; car ce qui n'aurait point consistance

LA PREMlliRE KPITRE AUX CORINTHIENS 45

serait consumé par le feu au jour du jugement, et l'artisan de cette mauvaise besogne ne serait sauvé lui-même qu'à travers le feu (iit, io-i5). Avertissement qui ne témoigne pas d'une profonde estime pour les autres docteurs en christianisme. Kt Paul se retourne contre la sagesse de ce monde : que celui qui s'imagine être sage en ce monde se rende fou selon le monde pour être sage devant Dieu ; que l'on ne vante pas tel homme, car les prédicateurs de l'évangile, comme tout ce qui existe, ne sont que pour les élus, lesquels sont au Christ, et le Christ à Dieu ; que l'on regarde les missionnaires comme étant tous ministres du Christ et dispen- sateurs des mystères, en abandonnant à Dieu le soin de juger leurs mérites (lu, 18-1V, 5). Que les Corinthiens n'afQciient donc pas la prétention de juger leurs maîtres ; ils en prennent bien à leur aise et ils se montrent un peu trop fiers des dons qu'ils ont reçus, taudis que les apôtres mènent la vie la pins misérable et sont traités comme le rebut de l'humanité (iv, 6-i3)' Paul ne dit point ces choses pour les humilier, mais pour les avertir comme ses enfants ; il en a le droit, étant dans le Christ leur unique père, quand même ils auraient après lui dix mille autres maîtres ; ainsi, qu'ils se règlent sur lui ; à cet effet, il leur a envoyé Timothée, qui leur rappel- lera les principes de son enseignement ; quelques présomptueux ont dit que lui-même ne reviendrait plus à Corinthe ; il y reviendra, certes, et il verra ce que valent en réalité ceux qui sont si grands en paroles ; mainte- nant il dépend des Corinthiens que cette visite se fasse avec la verge ou en esprit de douceur (iv, 14-21). Ces propos ne manquent ni de tendresse ni de hauteur ; mais on ne peut pas se dissimuler que, d'un bout à laulre de son plaidoyer, l'Apôtre, consciemment ou non, parle à côté de la ques- tion principale, qui est celle de ses titres apostoliques, et en affectant de ne prendre au sérieux ni Iesol)jections de ses adversaires, ni les perplexi- té? des Corinthiens. Sans doute ne mesurait-il pas le déchet que son pres- tige avait subi auprès de ses convertis.

Le long morceau sur la résurrection des morts (xv) est liien dans le style de Paul, mais il ne se rattache nécessairement ni à la présente apologie, ni aux répon.ses faites par l'.Apôtre aux questions des Corinthiens, ni à ce qui parait être la première lettre écrite à ceux-ci par Paul. Quelques-uns, à Corinthe, avaient nié I<a résurrection des morts, sans nier, à ce qu'il semble, (jiie le Christ fi"it ressuscité. 11 se pourrai! {juc ces croyants aient nié la résurrection des corps, en professant l'immortalité de l'àme, conception fjui ne pouvait entrer facilement dans l'esprit de lApôtre, mais qui paraît avoir été assez répandue dans le christianisme ])rimilif. Paul rappelle donc aux Corinthiens qu'un article essentiel de la foi qu'il leur a préchée est la résurrection du Christ, ensuite de laquelle Jésus s'est montré vivant à Pierre, aux Douze, à ciruj cents frères assemblés, à Jacques, à lui-même Paul, le dernier des apôtres et le plus actif (xv, i-ii) ; mais, si l'on sou- tient que les morts ne ressuscitent pas, le Christ non i>lus ne sera pas res- suscité, en sorte (lu'il ne restera au chrétien nulle espérance de vie éler- nelle (xv, ia-i8); au coiitiaire, le Christ est ressuscité en prémices de la

46 LI'.S É PITRES

résurrectiou, et tous les hommes doivent être vivifiés en lui pour l'éternité, comme tous ont été frappés de mort en Adami, l'ordre providentiel voulant que le Christ ressuscite tlabord, puis, eu son avènement, les clu'éliens qui auparavant seront morts, et que, finalement, quand le Christ aura détruit toute puissance adverse, la mort elle-même étant détruite, sansdoute par la résurrection de tons les morts, ou au moins des justes non chrétiens, l'intervalle entre les deux résurrections correspondant au règne de mille ans dans l'Apocalj-pse (xx), Dieu régne désormais sur un monde obéis- sant (xv, 20-28) ; il ne servirait à rien de se laire baptiser pour les morts, comme certains le font, si les morts ne devaient pas ressusciter, et Paul lui-même perdrait sa peine ; il n"y aurait plus qu'à faire bombance en ce monde en attendant le néant : mauvaise doctrine et qui méconnaît Dieu (xv, 2g-34). La résurrection des morts n'est pas chose tellement incompré- hensible, car le grain mis en terre meurt pour ressusciter dans le corps qui lui convient ; il y a chair et chair, corps célestes et corps terrestres, et tous les corps célestee n'ont pas le même éc'at ; notre corps animal ressuscite en corps spirituel, le corps terrestre et périssable nous venant d'Adam, le corps spirituel et immortel devant nous venir du Christ (xv, 35-5o) ; le secret de la chose, que Paul veut bien révéler, est que les croyants que 1 avènement du Seigneur trouvera vivants seront simplement métamor- phosés, et que les morts auront à ressusciter ; le corps corruptible et mor- tel étant devenu incorruptible et immortel, la mort sera vaincue àjamais ;• ainsi pouvons-nous travailler en espérance (xv, 5i-58).

A la fin de sa lettre, Paul demande que l'on organise la collecte pour les « saints » de Jérusalem, comme il l'a prescrite aux communautés de Gala- tic, en mettant quelque chose de côté à cet effet le premier jour de chaque semaine ; par ce moyen, tout sera orêt quand il arrivera, les Corinthiens désigneront des porteurs, et Paul les accompagnera lui-même à Jérusalem, si la somme est assez importante. Comme la résolution de l'Apôtre est déjà prise, le « si » est pour encourager la générosité. Paul se propose de visiter d'abord la Macédoine, afin de séjourner ensuite à Corinthe, peut- être d'y passer l'hiver ; il reste jusqu'à la pentecôte à Ephèse, son ministère est fructueux eu dépit des adversaires (xvi, 5-ç)). Que l'on ail des égards pour Timothée quand il arrivera, et qu'on lui ménage bon retour à Ephèse ; Paul l'attend pour se mettre lui-même en route (xvi, lo-n). Il aurait bien voulu qu'Apollos, revenu à Ephèse. le précédât à Corinthe, mais ApoUos ne veut pas y retourner maintenant (xvi, 12). Abstention significative : Apollos, qui sait à quoi s'en tenir sur l'état des esprits à Corinthe, ne veut pas intervenir dans les démêlés de Paul avec les Corin- thiens. — L'Apôtre recommande la fermeté dans la foi, la charité ; il loue Stéphanas, Fortunatus et Achaîcus (peut-être les porteurs du présent mes- sage) : ce sont personnes dont les Corinthiens doivent apprécier le dévoue- ment (xvi, i5-i8). Salut des communautés d'Asie, les groupes chrétiens qui, durant les trois dernières années, se sont formés à Ephèse et dans la province ; salut d'Aqnila et de Prisca, avec leur communauté dômes-

LA PREMIEHE EPITRE AUX CORINTHIENS 4/

lique ; Aquilla et Prisca sont le couple chrétien que Paul a trouvé en arrivant à Corinthe, et qui, lorsque Paul a quitté celte ville, s'est installe à Ephèse (Act xviir, 2, 18, 26) ; salut des frères qui sont autour de Paul, les quelques auxiliaires qui l'assistent dans son travail aposto- lique ; que les Corinthiens se saluent eux-mêmes par le saint baiser ('.lus toute celle communion chrétienne (xvi, 19-28) ; salutation autographe Paul, suivie de quelques paroles enflammées qui doivent être aussi do main ; ana thème qui n'aime pas le Seigneur: Maranalha, formule ara- luéenne : « le Seigneur vient », ou : « Seigneur, viens » ; la grâce du Sei- gneur soit avec les Corinthiens, l'amour de Paul est avec eux (xvi, 19-24). Conclusion vivante et familière, à la lin d'une mercuriale évangélique-

PREMIERE AUX CORINTiïlKNS

1, 1. Paul apôtre, appelé, de Christ Jésus, par la volonté de Dieu, et Sosthénès le frère, - à la communauté de Dieu qui est en Corinllie, sanctifiés en Christ Jésus, saints appelés, ainsi qu"à tous ceux qui invoquent le nom du Seigneur Jésus-Christ en tout lieu, (le nom; de leur (Seigneur) et du nôtre : ^ grâce à vous soit et paix de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus-Christ.

* Je remercie Dieu toujours à voire sujet pour la grâce de Dieu qui vous a été donnée en Christ Jésus, ^ de ce que de tout vous êtes deve- nus riches, en lui, de toute pai'ole et de toute connaissance, ° selon que le témoignage du Chi'ist a été alTermi en vous, ' si bien que vous ne manquez d'aucun don de grâce, attendant la manifestation de Jésus-Christ, ' lui qui au^si vous afl'ermira jusqu'à la fin, irrépro- chables au jour de notre Seigneur Jésus-Christ. ° Fidèle est Dieu, par qui vous avez été appelés à la communion de son fils Jésus-Christ, notre Seigneur.

'" Mais je vous conjure, frères, par le nom de notre Seigneur Jésus- Christ, d'être tous d'accord, et qu'il n'y ait point parmi vous de divi- sions, que plutôt vous soyez unis dans le même sentiment et dans la même opinion. " Car il m'a été rapporté à votre sujet, mes frères, par ceux de Chloé, qu'il y a contestations parmi vous, '^ je veux dire que cliacun de vous dit : « Moi je suis à Paul ! Et moi à Apollos ! Et moi à Céphas!— Et moi à Christ! » " Le Christ est-il partagé? Est-ce que Paul a été crucifié pour vous, ou Inen est-ce au nom de Paul que vous avez été baptisés? '* Je rends grâces de ce que je n'ai baptisé aucun de vous, sinon Crispus et Gaius, '^ pour qu'aucun ne dise que c'est en mon nom que vous avez été baptisés. " J'ai bap- tisé aussi la famille de Stéphanas; par ailleurs, je ne. sais si j'ai bap- tisé quelque autre. "Car le Christ ne m'a pas envoyé baptiser, mais évangéliser, (et) non avec sagesse éloquente, afin que ne vienne pas à rien la croix du Christ.

PREMltHE AUX CORINTHIENS, I, 18 11, 4 49

" Car la parole de la croix, pour les perdus, est folie, Mais, pournous les sauvés, c'est vertu de Dieu. " Car il est écrit :

« Je détruirai la sagesse des sages, Is. xxix, 14

Etj'anéanlirai l'intelUgence des intelligents. » -" est le sage, le docteur, le disputeur de ce siècle? Est-ce que Dieu n"a pas rendu folle la sagesse du inonde ? " Après, en effet, que, dans la sagesse de Dieu, Le monde n'a pas connu par la sagesse Dieu, Il a plu à Dieu De sauver par la folie de la prédication ceux qui (y) croient.

'- Caries Juifs réclament signes et les Grecs cherchent sagesse, Mais nous, nous prêchons Christ crucifie. Aux Juifs scandale, aux Gentils folie, "' Mais aux appelés mêmes, tant Juifs que Grecs, Christ vertu de Dieu et sagesse de Dieu.

"' Parce que ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes, Et ce qui est faiblesse de Dieu, plus fort que les hommes. " Aussi bien, considérez voire vocation, frères : Ce ne sont point beaucoup de sages selon chair. Pas beaucoup de puissants, pas beaucoup de nobles.

'" Mais c'est ce qui est fou dans le monde qu'a choisi Dieu pour

confondre les sages; Et c'est ce qui est faible dans le monde qu'a choisi Dieu pour

confondre ce qui est fort, . " Et c'est ce qui est bas dans le monde et ce qui est comjJté pour

rien, qu'a choisi Dieu, Ce qui n'est pas, pour annuler ce qui est. Afin que ne se vante aucune chair devant Dieu.

" Mais c'est par lui que vous êles en Christ Jésus, Qui nous est devenu sagesse de par Dieu, Et justice, et sanctification, et rédemption, '" Afin que, selon qu'il est écrit :

« Qui se glorifie, du Seigneur qu'il se glorifie'. » j„ ,x, ^.^3,

II, ' Et moi aussi, quand je vins à vous, frères, ce n'est pas avec éclat de parole ou de sagesse que je suis venu, vous annonçant le témoignage de Dieu. ' Car je me suis proposé de ne rien savoir parmi vous (]ue Jésus-Christ, et lui crucifié. ' Et quant à moi, c'est en faiblesse, et en crainte, et en grand tremblement, que je fus chez vous ; ' et mon discours et ma prédication n'étaient pas en propos de sagesse persuasifs, mais avec démonstration d'Esprit et de foi'ce,

A. Loisv. t.ea l.icrcs du A'oiii'cou TtsiamenI . 4

:aë .a?'^ J

PREMIÈRE AUX COINÏIIIENS

I, '. Paul apôtre, appelé, de Christ Jôsl, par la volonté de Dieu, et Sosthénès le IVc-rc, ° à la communauté d'Dieu qui est en Corinlhe, sanctiliés en Christ Jésus, saints appels, ainsi qu'à tous ceux qui invoquent le nom du Seigneur Jcsus-CHsl en tout lieu, (le nom; de leur (Seigneur) et du nôtre : ° grîe à vous soit et paix de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jsus-Ghrist.

* Je remercie Dieu toujours à votre sujtpour la grâce de Dieu qui vous a été donnée en Christ Jésus, * de Cique de tout vous êtes deve- nus riches, en lui, de toute parole et toute connaissance, ° selon que le témoignage du Clirist a été adermen vous, ' si hien que vous ne manquez d'aucun don de grâce, atfndant la manifestation de Jésus-Christ, * lui qui au«si vous afl'ernra jusqu'à la fin, irrépro- chables au jour de notre Seigneur JésB-Clirist. ° Fidèle est Dieu, par qui vous avez été appe'és à la commuion de son fils Jésus-Christ, notre Seigneur.

Mais je vous conjure, frères, par le nm de notre Seigneur Jésus- Christ, dôtre tous d'accord, et qu'il n'y at point parmi vous de divi- sions, que plutôt vous soyez unis dans lénême sentiment et ds même opinion. " Car il m'a été rapport à votre sujet, me par ceux de Chloé, qu'il y a contestationsparmi vous^ que chacun de vous dit : « Moi je suis à ^l ! Et moi à Céphas!— Et moi à Christ! Est-ce que Paul a été cruciflé pour voï Paul que vous avez été baptisés? '* J baptisé aucun de vous, sinon Crispi dise que c'est en mon nom que tisé aussi la famille de tisé quelque autre. "( évangéliser, (et) non à rien la croix du Chi

i 4 .*"«

Le nuit ni !*"■"" lUflml'irt

'M

Clifi-i

'h .

Ceiir

PasLui. ,., . " Sirtt'trt

EU'estctfBHrUt^

^

'idljlir.

.^' ^

^^m A

- If m *f Dieu (]i

repro-

-; Dieu,

fecJesii-CbrisI,

" Car la paroi' Mais, pournous Car il est écrit : « Je délriiir( Etj'anéanli:

'" est le sai;i Est-ce que Dieu n Après, en effet, (■' Le monde n"a p;i Il a plu à Dieu De sauver par lu 1 1

'■ Caries Juifs r Mais nous, nous i Aux Juifs scandn' Mais aux appeli Christ vertu de 1 '

*' Parce que co \ Et ce qui est faiM Aussi bien, cou-i Ce ne sont point ! Pas beaucoup de :

"' Mais c'est ce

Et c'est ce qui os ' Et c'est ce quix^l

X CORlNTlIlliNS, I, 18 II, 4 49

croix, pour les perdus, est folie, - ivcs, c'est vertu de Dieu.

; ii,'-L'SSC des sages, is. xxix, 14

/ tcUigence des intelligents. »

c le docteur, le disputeur de ce siècle?

1 s rendu folle la sagesse du monde?

ms la sagesse de Dieu, M u par la sagesse Dieu,

lit c la prédication ceux qui (y) croient. t'ol nent signes el les Grecs chtr-hent sagesse, ! c( ons Christ crucifie, I : X Gentils folie, K es, tant Juifs que Grecs, i L sagesse de Dieu.

u folie de Dieu est plus sage que les hommes, ? de Dieu, plus fort que les hommes. r votre vocation, frères : .1 oup de sages selon chair, i Auts, pas beaucoup de nobles. I u st fou dans le monde qu'a choisi Dieu pour confondre les sages; t ff lie dans le monde qu'a choisi Dieu pour

confondre ce qui est fort, . ha lans le monde et ce qui est compté pour rien, qu'a choisi Dieu, u annuler ce qui est, o u<"'"ie chair devant Dieu. lu|ue vous êtes en Christ Jésus, iu.agessede par Dieu, ifijilion, et rédemption, t écrit :

u Seigneur qu'il se glorifiel » i„ ,x, aa-^j.

je vins à vous, frères, ce n'est pas avec ,'sse que je suis venu, vous annonçant le r je me suis proposé de ne rien savoir ist, et lui crucifié. ' '^t quant à moi, c'est t cl en grand tremblement, que je fus chez ma prédication n'élaient pas en jjropos de is ivec démonstration d'Esprit et de force,

l Xoiiccau Tnslamenl. 4

- -r- ^

^ i

50 PHEMIÈRE AUX CORINTHIENS, 11, Ô-IU, 3

' afin que votre foi ne fût point (fondée) sur sagesse d'hommes mais sur force de Dieu.

' Cependant nous parlons sagesse parmi les parfaits, Mais point sagesse de ce monde . Ni des princes de ce monde qui sont déchus, ' Mais nous disons sagesse de Dieu en mystère, Celle qui était cachée,

Que Dieu avait définie avant les âges en vue de notre glorifica- tion, * (Et) qu'aucun des princes de ce monde n'a connue. Car, s'ils l'avaient connue.

Ils n'auraient pas crucifié le Seigneur de la gloire. ' Mais (nous disons), comme il est écrit : « Cequ'œil n'a point on et qti oreille n'a point entendu Et qui au cœur de l'homme n'est pas monté, Tout ce qu'a préparé Dieu pour ceux qui l'aiment. » '" A nous, en elTet, l'a révélé Dieu, par l'Esprit ; Car l'Esprit pénètre tout, même les profondeurs de Dieu. " Qui des hommes, en efi'et, connaît ce qui est de l'homme. Sinon l'esprit de l'homme, qui est en lui ? Ainsi, ce qui est de Dieu, nul non plus ne le connaît. Sinon l'Esprit de Dieu.

'" Nous, ce n'est pas l'esprit du monde que nous avons reçu. C'est l'Esprit qui (vient de Dieu,

Pour que nous connaissions ce qui par Dieu nous a été donné : " De quoi aussi nous parlons.

Non point en paroles apprises de sagesse humaine, Mais en (paroles) apprises d'Espint, Expliquant aux spirituels le spirituel.

" Or-l'homme naturel ne perçoitjpas ce qui est de l'Esprit de

Dieu, Car folie ce lui est, et il ne peut l'entendre, Parce que cela s'apprécie spirituellement; '" De son côté le spirituel juge tout,

Mais lui-même n'est jugé par personne. "- Car, qui connaît sens du Seigneur, pour lui en remontrer? Mais nous, nous avons sens de Christ.

III, ' Et quant à moi, frères, je ne pouvais pas vous parler comme à des spirituels, mais comme à des charnels, comme à des nour- rissons en Christ ;" c'est de lait que je vous ai abreuvés, non d'aliment (solide); vous n'en étiez pas encore capables. Mais, même encore main-

PREMIÈUL AUX COUINTHIENS, III, 3-19 51

tenant, vous n"cn êtes pas capables ; ' cai* vous êtes encore charnels. Puique, en efiet, il y a parmi vous Jalousie et contestation, n'est-ce pas que vous êtes charnels et que vous vous comportez en hommes? ' Car, lorsquel'un dit : « Moi. je suis de Paul », et l'autre : « Moi d'Apollos», n'est-ce pas que vous êtes hommes?^ Qu'est donc Apollos ? El qu'est Paul ? Des servants, par qui vous avez cru, et selon ce qu'à chacun le Seigneur a donné.

° C'est moi qui ai planté, Apollos a arrosé, Mais c'est Dieu qui a fait croître : ' Ainsi n'est-ce pas le planteur qui est quelque chose, Ni l'arroseur. Mais celui qui lait accroissement. Dieu.

' Or le planteur et l'arroseur sont tout un, Mais chacun sa récompense recevra selon sa peine. ' Car de Dieu nous sommes collaborateurs; De Dieu champ, de Dieu bâtisse vous êtes.

"' Selon la grâce de Dieu à moi donnée. J'ai, comme habile architecte, posé fondement; Et un autre construit dessus. Mais à chacun de voir comment il construit dessus.

" Car fondement autre nul ne peut poser. Que celui qui a été mis, lequel est Jésus-Christ. Mais, si quelqu'un édifie sur le fondement Or, argent, pierres précieuses, bois, foin, paille, " De chacun l'œuvre viendra au clair.

Car le jour fera montre, parce que ce sera par le feu révélé ; Et do quelle sorte est l'œuvre de chacun, le feu en fera l'épreuve. " Si de quelqu'un subsiste l'œuvre qu'il a dessus construite,

Récomi)ense il recevra. '' Si de quelqu'un l'œuvre est consumée, à l'amende il sera. Mais lui-môme sera sauvé, toutefois comme à travers leu.

"' Ne savez-vous pas que vous êtes temple de Dieu Et que l'Esprit de Dieu en vous habite? " Si quelqu'un détruit le temi)le de Dieu, Dieu détruira celui-là. Car le temple de Dieu est saint, et c'est vous.

'" Que nul ne se fasse illusion: Si quelqu'un pense être sage parmi vous en ce niontle, Que fou il devienne, pour qu'il devienne sage. " Car la sagesse de ce monde est folie près de Dieu. Il est écrit, en edet :

52 piiiiMiKiiii Ai;x coruNTHiiiNS, m, 20-iv, lO

Celui (jiiiprend les sages dans leur fourberie ; Et encore: Dieu sait que les pensées des sages sont vaines.

" Ainsi, que nul ne lasse gloire d'hommes ; car tout est à vous, " Soit Paul, soit Apollos, soit Céphas, Soit monde, soit vie, soit mort, Soit choses présentes, soit choses à venir ; Tout est à vous, *' mais vous êtes à Christ, et Christ à Dieu. IV, ' Que l'on nous i-egarde ainsi, Comme servants de Christ Et administrateurs des mystères de Dieu. ' Ce que d'ailleurs on réclame des administrateurs, C'est d'être trouvés fidèles.

' Mais ce m'est fort peu de choses d'être par vous jugé, Ou par jour (de jugement) huraain; Je ne me juge même pas moi-même.

'Car je n'ai de rien conscience, mais je ne suis pas pour cela Celui qui me juge, c'est le Seigneur. justifié ;

" Ne jugez donc rien avant le tcmps> Avant que vienne le Seigneur, Qui éclairera les secrets des ténèbres, Et mettra au clair les volontés des cœurs ; Et alors la louange viendra à chacun de Dieu. " Cela, frères, je l'ai toui-né par rapport à moi et Apollos à votre intention, pour que vous appreniez par nous le « pas plus qu'il n'est écrit » I?), afin que vous ne vous gonfliez pas l'un contre l'autre pour quelqu'un.

Car qui te distingue ? Et qu'est-ce que tu as que tu n'aies reçu ? Et si aussi bien tu l'as reçu.

Qu'en fais-tu gloire comme si tu ne lavais pas reçu? ' Déjà vous êtes rassasiés, déjà vous êtes riches ; Sans nous vous régnez. Et que ne régnez-vous. Pour que, nous aussi, nous régnions avec vous !

' Car Dieu, je pense, nous a exposés, (nous) apôtres, derniers. Comme condamnés à mort,

Puisque nous sommes devenus spectacle au monde, Aux anges et aux hommes,

'" Nous (sommes) fous pour Christ, vous, sensés en Christ; Nous, faibles, mais vous, forts; Vous à l'honneur, mais nous au mépris.

PREMIÈRE AUX CORINTHIENS. IV, 1 l-V, 8 S.l

" Jusqu'à l'heure pi'ésenle Nous avons faim, nous avons soif, nous sommes nus, Nous sommes souffletés, nous sommes errants, " Nous peinons en travaillant de nos mains. Injuriés, nous bénissons ; Persécutés, nous supportons; " Outragés, nous disons de bonnes paroles, Comme soulfre-douleur du monde nous sommes devenus. De tous le rebut jusqu'à ce jour. '' Ce n'est pas pour vous faire honte que j'écris cela, mais pour TOUS réprimander comme mes enfants aimés. '* Car, si vous avez mille pédagogues en Christ, pourtant (vous n'avez) pas plusieurs pères. C'est moi, en effet, qui, en Clirisl Jésus, par l'évangile, vous ai engendrés. "Donc, je vous en prie, soyez de moi imitateurs, '' C'est pourquoi je vous ai envoyé Timothée, qui est mon enfant aimé et fidèle dans le Seigneur, pour qu'il vous rappelle les principes que (j'ai) en Christ, comment partout, en chaque communauté, j'en- seigne. " Comme si je ne devais pas venir chez vous, quelques-uns se sont gonflés ; '' je viendrai cef)endant bientôt chez vous, si le Sei- gneur le veut, et je saurai (ce que vaut), non la parole de ceux qui se sont gonflés, mais (leur) force. "" Car ce n'est pas en parole que (con- siste le règne de Dieu, mais en force. "' Que voulez-vous? Est-ce avec l)âton que je dois venir chez vous, ou bien avec charité et esprit de douceur?

v, ' On entend parler couramment chez vous d'impudicilé, et d'une impudicilé telle qu'il n'en existe pas même chez les Gentils : qu'un (homme) a la femme de son père. '" Et vous, vous êtes gonflés ; et vous n'avez pas été plutôt aflligés, pour extirper du milieu de vous celui qui a fait cette action! ' Car, quant à moi, absent quant au corps mais présent par l'esprit, j'ai déjà prononcé, comme étant présent, fiue celui qui s'est ainsi comporté, *vous étant, au nom du Seigneur Jésus, rassemblés, ainsi que mon esprit, avec la force de notre Sei- gneur Jésus, ' que cet individu soit livré à Satan pour perte de la chair, afin que l'esprit soit sauvé au jour du Seigneur.

' Ce n'est pas belle vanteric que la vôtre. Ne savez-vous pas qu'un peu de levain fait lever toute la pâte ? ' Débarrassez-vous du vieux levain, pour que vous soyez nouvelle pâte, comme vous êtes azymes. Aussi bien notre agneau ])ascal a-t-il été immolé, Christ. " C'est pour que nous célébrions la fête, non avec vieux levain, ni avec levain de méchanceté et de perversité, mais avec azymes de pureté"et <lc vériti'-.

54 PREMll'îRE AUX rOIUNTHlENS, V, 9-YI, 13

"Je vous ai écrit, dans la lettre, de ne pas fréquenter les impu- diques, non pas, en général, les impudiques de ce monde, ou les escrocs, ou les voleurs, ou les idolâtres, puisqu'il vous faudrait alors sortir du monde. '" Mais c'est que je vous écrivais de ne pas fréquen- ter le frère prétendu qui serait impudique, ou escroc, ou idolâtre, ou blasphémateur, ou ivrogne, ou A-olcur : avec individu de cette sorte (vous ne devez) pas même manger, " Car qu'ai-je à juger ceux du dehors? Ne sont-ce pas ceux du dedans que vous-mêmes jugez ? " Quant à ceux du dehors, Dieu (les) jugei-a. Extirpez le méchant du milieu de vous.

VI, ' Quelqu'un de vous ose-t-il, ayant difierend avec un autre, se faire juger jiar les injustes et non par les saints? * Ne sauriez-vous pas que les saints jugeront le monde? Et si c'est par vous qu'est jugé le monde, serez-vous incompétents pour les moindres procès? ' Ne savez-vous pas que nous jugerons les^anges ? Et (nous ne jugerions) pas les affaires communes ! ' Si donc vous avez des procès vulgaires, ceux qui ne comptent pas dans la communauté, ce sont ceux-là que vous mettez au siège ? " Je le dis à votre confusion. N'y a-t-il réelle- ment parmi vous aucun sage qui soit capable de décider entre ses frères? " Mais frère a procès avec frère, et cela devant infidèles ! ' C'est déjà certes une faute à vous, que vous ayez des procès entre vous? Quene supportez-vous plutôt le tort? Que ne vous laissez-vous plutôt dépouiller? " Mais vous, vous faites tort et vous dérobez, et cela, à des frères ! ^ Ne sauriez-vous pas que ceux qui font tortn'auront point part au règne de Dieu ? Ne vous iy) trompez point : ni impudiques, ni idolâtres, ni adultères, lii efféminés, ni pédérastes, '"ni voleur.--, ni escrocs, ni ivrognes, ni blasphémateurs, ni brigands n'auront part au règne de Dieu. " Et c'est cela que, en bon nombre, vous fûtes ; mais vous avez été lavés, mais vous avez été sanclifiés, mais vo;:- avez été justifiés par le nom du Seigneur Jésus-Christ et par l'Espril de notre Dieu.

" Tout m'est permis, mais tout n'est pas utile, Tout m'est permis,

Mais je ne me livrerai pas. au pouvoir de qui que ce soit, " Les aliments sont pour le ventre. Et le ventre pour les aliments ; Mais Dieu détruira celui-là et ceux-ci.

Or le corps n'est pas pour l'impudicité, mais pour le Seigneur, Et le Seigneur est pour le corps.

PREMIÈRE AUX CORINTHIENS, VI, 14-VII, 10 55

'* Mais Dieu, iqui, a ressuscite le Seigneur,

Nous ressuscitera aussi par sa puissance. " Ne savez-vous pas que vos corps sont les membres du Christ?

Vais-je donc prendre les membres du Christ

Pour en faire des membres de prostituée? Que non pas ! Ou bien ne savez-vous pas

Que qui s'unit à la prostituée ne fait (avec elle) qu'un corps? Car les deux, est-il dit, Jie feront qu'une chair. '■ Mais qui s'unit au Seigneur ne lait (avec lui) qu'un esprit. " Fuyez l'impudicité.

Tout péché que fait un homme est en dehors du corps ;

Mais limpudique pèche envers (son) propre corps. '" Ou bien ne savez-vous pas

Que votre corps est temple du saint Esprit, qui est en vous,

Que vous avez de Dieu, et que vous n'êtes plus à vous-mêmes? '^ Car vous avez été achetés au comptant.

Honorez donc Dieu par votre corps.

VII, ' ISIais, quanta ce dont vous m'avez écrit,

11 est bon pour l'homme de ne point toncher femme ; " Cependant, à cause des impudicilés, que chacun ait sa femme. Et que chacune ait son mari.

' Qu'à la femme le mari rende le dû. Mais pareillement, aussi, la femme, au mari. * La femme n'a pas disposition de son corps, mais le mari ; Pareillement le mari, aussi bien, n'a pas disposition de son

corps, mais la femme. ^ No vous privez pas l'un de l'autre, Si ce n'est de commun accord, pour uu temps ; Afin de vaquer à la prière et d'être de nouveau ensemijie. Pour que Satan ne vous tente point par votre incontinence. ' Mais ceci je dis comme permission, non comme précepte. ■■ Et je voudrais que tous les hommes fussent comme moi même ; Mais chacun a de Dieu sa grAcc, Tel ainsi, et tel autrement.

' Cependant je dis aux non mariés et aux veuves Qu'il leur est bon de rester comme moi. ' Mais s'ils ne se peuvent contenir, qu'ils se marient ; Car mieux vaut se marier que brûler.

" Et aux miiriés je prescris, pas moi, mais le Seigneur, Que la femme ne .'■c sépare par de son) mari.

56 riŒMitr.E Ai'x coiuntiiiens, vu, 11-25

" Mais, si pourtant elle se sépare, qu'elle reste non mariée, Ou bien qu'elle se réconcilie avec son mari, Et que le mari ne renvoie pas (sa) femme.

" Et aux autres je dis, moi, pas le Seigneur, : Si un frère à une femme non croyante Et qu'elle consente à habiter avec lui, Qu"il ne la renvoie pas; " Et une femme qui a un mari non croyant. S'il consent a demeurer avec elle, Qu'elle ne renvoie pas (son) mari.

" Car le mari non croyant est sanctifié par la femme, Et la femme non croyante est sanctifiée par le frère : Autrement vos enfants seraient impurs, Et pourtant ils sont saints.

'' Mais, si le non-croyant se sépare, qu'il se sépare : Le Irère ou la sœur ne sont point assujettis en tels cas ; C'est à paix que vous a appelés Dieu. " Car, que sais-tu, femme, si tu sauveras (ton) mari ? Ou que sais tu, homme, si tu sauveras ta femme ?

" Mais que chacun, selon que l'a partagé le Seigneur, Chacun, comme Dieu l'a appelé, ainsi qu'il marche. Et ainsi dans toutes les communautés en fais-je prescription.

" Un circoncis a-t-il été appelé, qu'il n'allonge pas ; Un (homme) en prépuce a-t-il été appelé, qu'il ne se fasse ]>as

circoncire. " La circoncision n'est rien et le prépuce n'est rien.

Mais (c'est) l'observation des commandements de Dieu (qui est

quelque cliosc). ^'' Que chacun, en l'état il fut appelé, demeure. " Esclave tu fus appelé, ne t'en inquiète pas ;

Mais, même si tu peux devenir libre, demeure plutôt (esclave). "Car celui qui, esclave, a été appelé dans le Seigneur, Est afl'ranchi du Seigneur ;

Pareillement celui qui, libre, a été appelé, est esclave de Christ : " Au comptant vous avez été achetés, Ne devenez point esclaves d'hommes. ■' Chacun, en l'état il fut appelé, frères. Qu'il y reste devant Dieu.

" Mais, quant aux vierges, je n'ai pas de précepte du Seigneur; C'est avis que je donne En tant que par miséricorde du Seigneur, je suis croyant.

PREMIÈRE AUX CORINTHIENS, VII, 2G-38 57

' J'estime donc que cela est bon à cause de la misère imminente ; Qu'il est bon pour l'homme d'êlre ainsi.

" lîs-tu lié à lemme, ne cherche pas séparation ; Es-tu sans lien de femme, ne cherche point femme. * Mais si pourtant tu te maries, tu ne pèches pas ; Et si se marie la vierge, elle ne pèche pas. Seulement ceux-là auront alTliclion à la chair. Et je vous en voudrais exempts.

"' Or ceci je dis, frères : le temps est court, En sorte que désormais ceux qui ont femmes sont comme s'il

n'en avaient pas ; Ceux qui pleurent, comme s'ils ne pleuraient pas ; Ceux qui se réjouissent, comme s'ils ne se réjouissaient pas ; Ceux qui achètent, comme s'ils ne possédaient pas. Ceux qui usent de ce monde, comme s'ils n'en jouissaient pas ; Car s'en va passant la forme de ce monde.

^^ Or je voudrais que vous fussiez sans souci. Le non-marié a souci des choses du Seigneur, (Cherchant) comment il pourra plaire à Dieu ; Mais le marié a souci des choses du monde, (Cherchant) comment il pourra plaire à la femme, Et il est partagé.

Aussi la femme non mariée et la vierge ont souci des chosi s

du Seigneur, Pour être saintes de corps et d'(!sprit. Mais la (femme) mariée a souci des choses du inonde. (Cherchant) comment elle pourra plaire au mari.

" Ceci, c'est dans votre intérêt que je le dis. Non pour vous jeter un lacet,

Mais pour la convenance et l'assiduité au Seigneur, Sans distraction.

" Mais, si quehpi'un pense ([u'il agira mal envers sa vierge. S'il est trop ardent, et que cela doive être. Qu'il fasse ce qu'il veut ; il ne pèche pas; qu'ils se m&rient.

'' Mais celui qui en son c<eur se tient ferme, N'ayant point nécessité. Qui est maître de sa volonté. Et qui a pris celte décision <;n son creur. De conserver sa vierge, bien fera.

"En sorte que celui qui épouse sa vierge fait bien, El que celui qui ne l'épouse pas fait mieux.

■^ rUEMlîiRE AUX CORINTHIENS, VII, 39-VIIl, 12

" Une femme est liée aussi longtemps que vit son mari ; Mais, si le mari meurt, elle est libre d'épouser qui elle veut. Pourvu que ce soit en le Seigneur. '" Elle est pourtant plus heureuse si elle reste ainsi, (Du moins) à mon avis. Orje pense avoir, moi aussi, l'Esprit de Dieu.

viii, ' Et quant aux idololhytcs, Nous sommes conscients que tous nous avons savoir. Le savoir enfle, mais la charité édifie. " Si quelqu'un croit savoir quelque chose.

Il ne sait pas encore comment il faut savoir ; ' Mais si quelqu'un aime Dieu, il est connu de lui.

* En ce qui regarde donc la consommation des idolothytes, Nous savons bien qu'il n'est point d'idole existant au monde. Et qu'il n'est de dieu qu'un (seul). '' Aussi bien, quoiqu'il y ait de prétendus dieux Soit au ciel soit sur la lei're, Comme il y a (en effet)' nombre de. dieux Et nombre de seigneurs.

Néanmoins il n'est pour nous qu'un Dieu, le Père, De c[ui (vient) tout, et vers qui nous (allons), Et un Seigneur, Jésus-Chiist, Par qui (est) tout, et par qui nous (sommes). ■" Mais ce n'est pas en tous qu'est le savoir. ' Et certains, ayant habitude antérieure de l'idole, Mangent comme (tel) l'idolothyte. Et leur conscience, faible, est souillée.

■' Mais ce nest pas nourriture qui nous amène à Dieu : Point n'est, si nous ne mangeons pas, de désavantage pour

nous. Ni, si nous mangeons, d'avantage. Cependant prenez garde que cette liberté vôtre Ne devienne scandale aux faibles.

'" Car si quelqu'un te voit, (toi) qui as savoir, Attablé dans un temple,

Est-ce que (sa) conscience, à lui qui est faible. Ne sera pas « édifiée » à manger les idolothytes ? " Ainsi se perd le faible, par ton savoir. Le frère pour qui Christ est uiort.

Or, péchant de la sorte envers les frères.

PREJUÈRE AUX CORINTHIENS, VIII. 13-IX, 12 59

^t heurtant leur conscience faible, C'est envers Christ que vous péchez, ' C'est pourquoi, si (telle; nourriture fait scandale à mon frère, Je ne mangerai plus de viande jamais. Pour ne faire point scandale à mon frère .

IX, ' Est-ce que je ne suis pas libre ? Est-ce que je ne suis point apôtre? Est-ce que je n'ai pas vu Jésus notre Seigneur? Est-ce que vous n'êtes pas, vous, mon œuvre en Seigneur? ' Si pour d'autres je ne suis point apôtre, Du moins le suis-je pour vous.

Car, le sceau de mon apostolat, vous l'êtes en Seigneur. ' Telle est ma réponse à ceux qui me critiquent. ' Est-ce que nous n'avons pas faculté de manger et de boire? Est-ce que nous n'avons pas faculté d'emmener une sœur

(comme) femme. Ainsi que (font) les autres apôtres. Les frères du Seigneur, et Céphas ? ' Ou bien moi seul et Barnabe N'avons-nous pas la faculté de ne point travailler ?

'' Qui fait jamais campagne à sa propre solde? Qui plante vigne et n'en mange pas le fruit? Ou bien qui paît trouj^eau l'^t ne se nouri'it pas du lait du troupeau.

* Est-ce en homme que je dis cela, Ou bien la Loi aussi ne le dit-elle pas? Car dans la Loi de Moïse il est écrit : « Tu ne muselleras pas le bœuf foulant le grain.

Est-ce des bu'ufs que Dieu s'inquiète ; Ou bien est-ce pour nous généralonient qu'il parle? Car c'est pour nous qu'il est écrit Que celui qui laboure doit labourer avec espoir. Et que celui qui bat le grain (le bat) avec espoir de parti

cipation . " Si nous vous avons semé le spirituel. Est-ce beaucoup que nous moissonnions votre temporel? Si d'autressont admis à disposer de vous, (Pourquoi) pas plutôt nous? Mais nous n'avons pas usé de cette faculté ; Tout plutôt nous supportons,

00 PREMlÙnE AUX COniNTIIlENS, IX, 13-25

ACn de ne point créer d'obstacle à l'évangile du Christ.

" Ne savezvous que ceux qui accomplissent les sacriQces

Mangent (leur) part de la victime ;

Que ceux qui siègent à l'autel participent à l'autel ? " C'est ainsi que le Seigneur aussi a prescrit

Acflux qui annoncent l'évangile de vivre de l'évangile. '" .Mais moi, je n'ai mis à profit rien de cela.

Et je ne vous l'écris par pour qu'ainsi soit fait avec moi.

Car j'aime mieux mourir que.,. Ma gloire, nul ne la détruira. " Car, si j'évangélise, ce ne m'est pas sujet de gloire :

Nécessité m'en incombe.

Car malheur à moi si je n'évangélise ! " Si, en effet, c'est de ma propre volonté que je le tais,

J'ai (droit à) récompense ;

Mais, si c'est malgré moi, je suis chargé d'une gestion. " Quel est donc mon i titre à) récompense ?

C'est, évangélisant, que je mette l'évangile sans Irais,

En n'usant pas de mon droit en l'évangile. '" Car, étant libre à l'égard de tous .

Je me suis fait esclave de tous.

Pour gagner la plupart. '" Et aux Juifs je suis devenu juif, pour Juifs gagner ;

A ceux qui sont sous Loi, sous-Loi,

N'étant point moi-même sous- Loi,

.\fln de gagner les sous-Loi ; •' Aux sans Loi un sans Loi,

N'étant point sans-loi de Dieu, mais en-loi de Christ.

Pour gagner les sans-Loi ; " Aux faibles je suis devenu faible pour les faibles gagner.

\. tous je suis devenu tout,

Pour en sauver du moins quelques-uns. "' Or je fais tout pour l'évangile.

Afin que j'y sois participant. " Ne savez-vous pas que ceux qui courent dans le stade,

Gourent bien tous,

Mais qu'un seul emporte le prix ?

Courez ainsi pour gagner. I "' Mais tout concurrent aux jeux s'abstient de tout :

Ceux-là pour obtenir une couronne corruptible.

Mais nous une incorruptible.

'" Moi donc, je cours ainsi, non point à l'aveugle ;

PREMlÙlilî AUX CORINTHIENS, IX, IQx, 13 61

Je boxe ainsi, non point en frappant l'aii-. .Mais je bats mon corps et je l'asservis, De peur que, après avoir prêché aux autres, Je ne me trouve moi-même rejeté.

X, ' Car je ne veux pas vous (laisser) ignorer, frères,

Que nos pères ont tous été sous la nuée,

Que tous ont traversé la mer, ' Tous ont été baptisés à Moïse dans la nuée et dans la mer, ' Tous ont mangé la même nourriture spirituelle, ' Tous ont bu le même breuvage spirituel,

Car ils buvaient à la pierre spirituelle qui (les) suivait ;

Or la pierre était le Christ ;

Mais qu'en la plupart d'entre eux Dieu n eut point complai-

Car ils ont été abattus dans le désert. sance ;

Or cela est arrivé en exemple pour nous.

Pour que nous ne soyons pas désireux du mal

Comme ils en eurent désir. ' Ne devenez pas non plus idolâtres.

Comme (le lurent) quelques-uns d'eux, selon qu'il est écrit:

i< Le peuple s'assit pour manger et boire,

Et ils se levèrent pour Jouer. » i;,\. x.vxn, (*.

iNe soyons pas non plus impudiques.

Comme quelques-uns d'eux le furent.

Et tombèrent en un jour vingt-trois mille. ' Ne tentons pas non plus le Seigneur,

Gomme quehiues-uns d'eux le tentèrent.

Et périrent par les serpents.

Ne murmurez pas non plus

Comme quelques-uns d'eux murmurèrent. No. ,\xi, s.o.

_,. . . . !.. . . No. XVI, 41-50.

lit périrent par l extermin.nteur.

" Or cela leur est advenu typiquement, Ht ce fut écrit en leçon pour nous, Sur (jui est arrivée la fin des temps.

C'est pourquoi, qui croit se bien tenir prenne garde de tomber. Aucune tentation ne vous a atteints, sinon humaine ; Or fidèle est Dieu,

Qui ne vous laissera pas tenter au delà de ce que vous pouvez, Mais, avec la tentation, créera l'issue Moyennant laquelle vous la pourrez supporter.

" C'est pourquoi, mes bien chers, fuyez devant l'idolâtrie.

62 PREMIKRE ALX lOllINTHIENS, X, l'î-29

' C'est comme à gens intclligeiils que je (vous) pai-le ;

Pesez vous-mêmes ce que je dis.

'" La coupe de la bénédiction, que nous bénissons,

N'esl-ellepas communion au sang du Chi-ist ?

Le pain, que nous rompons.

N'est-il pas communion au corps du Clirist ? ■' Parce que (nous sommes) un (seul) pain,

Nous sommes un (seul) corps, quoique nombreux ;

Car tous au pain unique nous avons part. '* Voyez l'Israël selon chair :

Est ce que ceux qui mangent les victimes

Ne sont pas en communion de l'autel ? " Que dis-je donc ? Que Tidolothyte soit quelque chose,

Ou que l'idole soit quelque chose ? "' Mais c'est que ce qu'ils immolent,

C'est aux démons, et non à Dieu qu'ils l'immolent :

Je ne veux pas que vous enti-iez en communion des démons. "' "Vous ne pouvez pas. boire à la coupe du Seigneur

Et à la coupe des démons ;

Vous ne pouvez pas participer à la table du Seigneur

Et à la table des démons. ■" Ou bien provoquons nous le Seigneur ?

Est-ce que nous sommes plus forts (jue lui?

"' Tout est jiermis, mais tout n'est pas utile. Tout est permis, mais tout n'édifie pas,

" Que nul ne cherche son (intérêt i, mais celui d'autrui. ■' De tout ce qui se vend au marclié mangez, Sans rien rechercher pour la conscience ; '" Car au Seigneur est la terre ainsi que son contenu. " Si un non-croyant vous invile et que vous vouliez (y) aller. De tout ce qui vous est servi mangez Sans rien rechercher pour la conscience. "' Mais si quelqu'un vous dit : « Ceci est du sacrifié », N'en mangez pas.

A cause de celui qui a donné l'indication, Et à cause de la conscience. ■'■' Je dis conscience, pas la tienne, mais celle d'autrui.

Car pourquoi ma liberté serait-elle jugée par la conscience

d'autrui ? '" Si c'est avec action de grâce que je prends mon repas,

PBEMlÈUi: AUX CORINTHIENS, X, 30-Xl, 12 63

Pourquoi m'invectiver à propos de ce dont je rends ç;ràc& ?

" Soit donc que vous mangiez, soit que vous buviez. Et quoi que vous fassiez, Faites tout pour la gloire de Dieu . "'- Ne soyez en scandale ni aux Juifs

Ni aux Gentils ni à la communauté de Dieu, '^ Comme aussi, moi, je complais à tous en tout, Ne cherchant pas mon avantage.

Mais celui du grand nombre, pour qu'ils soient sauvés. XI ' Soyez mes imitateurs, comme je (le suis) du Christ.

' Or je vous loue de ce qu'en tout vous vous souvenez de moi

Et, comme je vous les ai transmises,

Vous conservez les traditions. ' .Mais je veux que vous sachiez

Que de tout homme le chel est le Christ ;

Et le chef de la femme, l'homme; et le chef du Christ, Dieu. ' Tout homme qui prie ou prophétise ayant chose sur le chef

Fait honte à son chef;

Et toute femme qui prie ou prophétise à chef découvert

Fait honte à son chef;

Car c'est une seule et même ciiosc avec la tondue. ' Si, eu ellét, une femme ne se voile pas,

Aussi bien qu'elle se fasse tondre.

Et s'il est honteux pour une femme d'être tondue ou rasée,

Qu'elle se voile.

Car l'homme n'est pas tenu de se voiler le chef.

Etant image et reflet de Dieu ;

Mais la femme est reflet de l'homme.

" Car l'homme n'est i)as (issu) de la femme.

Mais la lemme de l'homme ; ' Aussi bien l'homme n'a-t-il pas été créé pour la femme,

Mais la femme pour l'homme. '" C'est pourquoi la femme doit avoir puissance (?) sur le chef,

A cause des anges.

" D'ailleurs, ni femme n'est sans homme,

Ni homme sans femme, dans le Seigneur ;

Car, de même que la femme est (issue) de l'homme,

.Ainsi l'homme aussi est-il par la (cmme ;

Et tout est de Dieu.

" Vous-mêmes, jugez-en :

^ PREiMlÈUE AUX COftlN TIIIENS, XI, 13-31

Est-il convenable qu'une femme prie Dieu non voilée? " Est-ce que la nature môme ne vous enseigne pas

Que l'homme, s'il a longs clieveux, ce lui est déshonneur, " Mais que la femme, si elle a longs cheveux, celui est honneur?

Parce que la chevelure lui a été donnée en guise de voile. "^ Mais, si quelqu'un veut ctre disputeur,

(Soit dit que) nous n'avons pas la coutume en question,

Et non plus les communautés de Dieu.

'"Mais voici chose que, faisant mes recommandations, je ne loue point: que ce n'est pas pour le mieux mais pour le pis que se font vos réunions. '"Car d'abord j'apprends que, dans vos assemblées de communauté, des partis se foi ment parmi vous, et, pour une part, je (le) crois. " Car il faut bien qu'il y ait des divisions parmi vous, afin que les (hommes) éprouvés se fassent connaître parmi vous. "" Lors donc que vous vous assemblez en réunion, il n'est pas possible de vjnanger le repas du Seigneur ; "' car chacun prend en avance sonrepas, quand on mange, et celui-ci est alTamc tandis que celui-là est saoul. "N'avcz- vous donc pas de maisons pour manger et boire, ou bien méprisez- vous la communauté de Dieu et faites-vous honte à ceux qui n'ont rien ? Que vous dirai-je ? Dois-je vous louer ? En cela je ne (vous) loue point.

" Car je tiens moi-même du Seigneur, ce qu'aussi je vous ai transmis, que le Seigneur Jésus, dans la nuit il fut livré, prit du pain'* et, ayant rendu grâces, (le) rompit et dit : « Ceci est mon corps, qui (est) pour vous. Faites ceci en souvenir de moi ». ■' Pareillement la coupe aussi, après le rejtas, disant : « Cette coupe est la nouvelle alliance dans mon sang. Faites ceci, toutes les fois que vous (la) boirez, en souvenir de moi. »

"" Car toutes les fois que vous mangez ce pain cl que vous buvez la coupe, vous annoncez la mort du Seigneur en attendant qu'il vienne. "' De sorte que quiconque mange le pain ou boit la coupe du Seigneur indignement est coupable envers le corps et le sang du Seigneur. '"' Mais que l'homme s'éprouve lui-même, et ainsi qu'il mange du pain et boive à la coupe ; " car qui mange et boit mange et boit sa propre condamnation, s'il ne fait discernement du corps. '" C'est pourquoi il y a parmi vous beaucoup d'infirmes et de malades, et bon nombre sont morts. " Mais si nous nous exami- nions nous-mêmes, nous ne serions point jugés ; '" mais, jugés par le Seigneur, nous sommes corrigés, pour que nous ne soyons

l'REMlÈRt: AUX CORINTHIENS, XI, 32-XlI, 13 65

pas condamnes avec le monde. " Ainsi, mes frères, quand vous vous assemblez pour manger, attendez-vous les uns les autres. " Si quelqu'un a laim, qu'il mange à la maison, afin que vous ne vous réunissiez pas pour condamnation. Quant au reste, lorsque je viendrai, je (le) réglerai.

XII, ' Et pour ce qui est des spirituels, frères, Je ne veux pas que vous soyez en ignorance. ' Vous savez que, quand vous étiez païens, Vous étiez comme conduits vers les idoles muettes par entraîne- ment. ■' Aussi je vous déclare que nul, parlant en Esprit de Dieu, Ne dit : Maudit soit Jésus » ; Et nul ne peut dire « Seigneur Jésus », Si ce n'est en l'Esprit saint.

' Pourtant il y a diflerences de dons. Mais c'est le même Esprit ; ' Et il y a différences de services, mais c'est le même Seigneur ; ° Et il y a différence d'opérations, Mais c'est le même Dieu qui opère tout en tous ;

' Et à chacun est donnée la manifestation de l'Esprit Pour l'utilité commune : " Gara l'un par l'Esprit est donné discours de sagesse,

Mais à l'autre, discours de connaissance, selon le même Esprit ; '' A un autre, foi, dans le même Esprit ;

A un autre, dons de guérisons, par l'unique Esprit ; " A un autre, opérations de miracles ; A un autre, prophétie ; à un autre discernements d'esprits ; A un autre, sortes de langues ; A un autre, interprétation de langues. " Mais, tout cela, un seul et même Esprit l'opère,

Répartissant son don) propre à chacun, comme il veut.

" Car, de même que le corps est un et a beaucoup de membres. Mais, que tous les membres du corps, tant qu'ils sont, sont un Ainsi est aussi le Christ. (seul) corps,

" Cardans un (seul) Esprit nous tous Avons été baptisés en un (seul) corps, Juifs ou Grecs, esclaves ou libres ; Et tous nous avons été abreuvés d'un (seul) Esprit.

" Aussi bien le corps n'est-il pas un seul membre Mais plusieurs.

A. Ixjisv. Len Livres du Someau Testament. S

6l) PREMIÈRE AUX CORINTHIENS, XII, 14-30

' Si le pied dit : « Puisque je ne suis pas main, Je ne suis pas du corps », Est-ce que pour cela il n'est ])as du corps ? '" Et si l'oreille dit : « Puisque je ne suis pas œil. Je ne suis pas du corps »,

Est-ce que, pour cela, elle n'est pas du corps ? " Si tout le corps était œil, serait l'ouïe ? S'il était tout ou'ie, serait l'odorat? '" Mais Dieu a disposé les membres

Chacun dans le corps comme il a voulu, '■ Et si le tout n'était qu'un membre, serait le corps '" 11 y a donc plusieurs membres, mais un (seul) corps. " Et l'œil ne peut pas dire à la main : « Je n'ai pas besoin de toi » ;

Ou bien encore la tête aux pieds : « Je n'ai pas besoin de vous ». " Mais bien plutôt ce sont les membres du corps qui sont jugés

plus faibles qui sont nécessaires ;

" Et ce sont ceux que nous estimons (les) moins honorables du

corps à qui nous attribuons le plus d'honneur.

Ce sont nos (membres) honteux qui comportent le plus de

décence. "' Nos (membres) décents n'en ont pas besoin Mais Dieu a composé le corps, Attribuant plus d'honneur au membre) qui en manquait, " Afin qu'il n'y ait pas division dans le corps,

Mais que d'accord les membres aient souci l'un de l'autre : " Et si un membre pàtit, tous les membres compatissent ; Si un membre est honoré, tous les membres se conjouissent.

"' Or vous êtes le cori^s de Christ, Et membres pour (votre) part ; " Et Dieu a placé les uns (et les auti'cs dans la communauté : Premièrement apôtres, deuxièmement pi'ophètes, troisièmement

docteurs ; Ensuite miracles, ensuite dons de guérisons. Assistances, directions, genres de langues,

-' Est-ce que tous sont apôtres? est-ce que tous sont prophètes ? Est-ce que tous sont docteurs? Est-ce que tous jont le don des) miracles? " Est-ce que tous ont les dons de guérisons ? Est-ce que tous parlent en langues? Est-ce que tous interprètent ?

PnEMiÈnE AUX CORINTHIENS, XII, 31 XIV, 1 67

"' Mais aspirez aux dons les plus importants.

[El j'ai encore une voie supérieure à vous montrer, xiii, ' Si je parle dans les langues des hommes et (celles) des Mais que je n'aie point charité, anges,

Je suis airain résonnant ou cymbale bruyante.

" Et si j"ai don de prophétie, Que je connaisse tous les mystères et tout le savoir, Et si j'ai toute la foi, à transporter montagnes, Mais que je n'aie point charité, je ne suis rien.

' Et si je mets en aumônes tout mon avoir. Et si je livre mon corps pour être brûlé, Mais que je n'aie point cliarité, je n'y gagne rien.

' La charité est patiente, elle est bonne ; La charité n'est point jalouse ; la charité n'est point vantarde ; Elle ne s'enfle pas, ' elle n'est pas inconvenante ; Elle ne cherche pas son intérêt. Elle ne s'irrite pas, elle ne tient compte du mal ; ° Elle ne se réjouit pas de l'injustice,

Mais elle se conjouit à la vérité. ' Elle supporte tout, croit tout, espèro tout, endure tout, " La charité jamais ne tombe, Mais, soit prophéties, elles seront abolies ; Soit langues, elles cesseront ; Soit savoir, il sera aboli.

' Car c'est par morceaux que nous savons Et par morceaux que nous j)rophétisons ; Mais, quand sera venu le parfait, le partiel sera aboli. " Lorsque j'étais enfant, je parlais en enfant, Je pensais en enlant, je raisonnais en enfant ; Lorsque je suis devenu homme, j'ai aboli ce qui était de l'enfant.

" Car nous voyons maintenant par miroir en énigme, Mais alors (ce sera face à face; Maintenant je connais par morceaux, Mais alors je comprendrai comme je suis compris.

" Or donc demeurent foi, espérance, charité, ces trois-Ià ; Mais la plus importante de ces (trois) est la charité. XIV, ' Poursuivez la charité, mais aspirez aux (donsj spirituels], Et surtout a être jjrophètes.

' Car celui qui parle en langue, Ce n'est point aux hommes qu'il parle, mais à Dieu ;

G8 rnEMiKRE aux coniNTiiiENS, XIV, 2-i5

Nul. en effet, ne l'entend.

Mais en Esprit, il dit des choses mystérieuses. ' Or celui qui prophétise parle aux hommes

Edification, exhortation, consolation. ' Celui qui parle en langue s'édifie lui-même ;

Mais celui qui prophétise édifie la communauté. ' Je souhaite bien que tous vous parliez en langues,

Mais plus encore que vous prophétisiez.

Celui qui pi-ophétise vaut mieux que celui qui parle en langues,

A moins que (celui-ci) n'interprète.

De façon que la communauté soit édifiée.

" En effet, frères, si je viens à vous parlant en langues,

A quoi vous servirai-je,

Si je ne vous parle en révélation ou savoir,

Prophétie ou instruction?

' De même les objets inanimés qui donnent un son.

Soit flûte, soit cithare,

S'ils ne font pas distinction des tons,

Gomment saura-ton ce que joue flùtr; ou cithare? ' Aussi bien si la trompette donne un son inintelligible,

Qui se préparera au combat? " Ainsi de vous,

Si par la langue vous ne donnez discours clair.

Comment saura-t-on ce qui est dit?

Vous serez alors parlant en l'air. " Tant il y a d'espèces de langues au monde,

Et aucun peuple n'étant sans vocabulaire propre. " Si donc, je ne connais pas le sens de la langue.

Je serai pour celui qui parle un barbare,

Et celui qui parle (sera) pour moi un barbare . " Ainsi vous-mêmes, puisque vous êtes avides d'esprits.

Tâchez d'en abonder pour l'édification de la communauté. " C'est pourquoi, que celui qui parle en langue

Prie afin d'interpréter. " Car, si je prie en langue, c'est mon esprit qui prie,

Mais mon intelligence est inféconde. '' Qu'est-ce donc dire)? Je prierai par l'esprit,

Mais je prierai aussi par l'intelligente ;

Je chanterai par l'esprit,

Mais je chanterai aussi par Tintelligence .

PREMIÈRE AUX CORINTHIENS, XIV, 16-29 69

"■ Car si tu dis bénédiction pai- esprit. Celui qui tient le rôle d'audite ur Comment dira-t-il amen à ton action de grâces, Puisqu'il ne sait pas ce que tu dis ? Tu peux rendre bien grâces, mais l'aulre n'est pas édiûé.

" Grâces à Dieu, je parle en langues plus que vous tous, Mais, en communauté,

J'aime mieux dire cinq mots avec mon intelligence, Aûn d'instruire aussi les autres, que mille mots en langue.

"' Frères, ne devenez point enfants par la raison. Mais soyez enfants quant au vice, et par la raison soyez adultes. ' Dans la Loi il est écrit : C'est par gens d'autres langues et par d'autres lèvres u. xxvm. n-t

Que je parlerai à ce peuple, Et ainsi non plus ils ne m'entendront, dit le Seigneur »,

■' Si bien que les langues servent de signe. Non pour les croyants, mais pour les incroyants ; Au lieu que la prophétie n'est pas pour les incroyants, Mais pour les croyants.

'' Si donc toute la communauté se réunit au même lieu Et que tous parlent en langues,

Puis qu'entrent des gens du commun ou des non-croyants, Ne diront-ils pas que vous êtes fous ?

■' Mais si tous prophétisent Et qu'entre un non-croyant ou un (simple) auditeur, Il est repris par tous, il est examine par tous ; Les secrets de son cœur sont mis au jour. Et ainsi, tombé sur sa face, il adorera Dieu, Proclamant que réellement Dieu est parmi vous.

'" Qu'est-ce donc dire), frères '? Lorsque vous vous réunissez, chacun a cantique, A instruclion, a révélation, a langue, a interprétation : Que tout pour édification se fasse.

" Si quelqu'un parle en langue, Que ce soit à deux, ou au plus trois. Et l'un après l'autre, et que quelqu'un interprète ; Mais, à défaut d'interprète, ((u'il se taise dans la réunion, Et ne parie qu'à lui-même et à Dieu.

'^ Quant aux prophètes, que deux ou trois parlent, Et que les autres décident.

70 PREMltnE AUX COIUNTHIENS, XIV, 30-XV, 9

" Et s'il se fait révélation à un autre qui est assis.

Que le premier se taise. " Car vous pouvez, un à un, tous prophétiser,

Afin que tous s'instruisent et que tous soient exhortés,

* Aussi bien les esprits de prophètes Sont-ils soumis aux prophètes ; " Car Dieu n'est pp.s (un dieu) de désordre mais de paix. [Comme en toutes les communautés des saints, " que les femmes dans les réunions se taisent, car il ne leur est point permis de liarler ; mais qu'elles soient soumises, comme aussi la Loi le) dit. Et si elles veulent s'informer de qjielque chose, qu'elles interrogent, ■\ la maison, leurs maris. Car il est inconvenant qu'une femme parle

en réunion]. ' Ou bien est-ce de vous qu'est venue la parole de Dieu, Ou à vous seuls qu'elle est allée ? '' Si quelqu'un pense être prophète ou spirituel. Qu'il reconnaisse que ce que je vous écris Est précepte du Seigneur.; '* Mais si quelqu'un ne le reconnaît pas, il ne sera pas reconnu. "' Ainsi, mes frères, aspirez à prophétiser, Et n'empêchez pas de parler en langues . '" Mais que tout convenablement et avec ordre se passe.

XV, ' Or, je vous notifie, frères. L'évangile que je vous ai annoncé. Qu'aussi vous avez accepté, auquel vous vous tenez, Par lequel vous êtes sauvés. Si vous le retenez comme je vous l'ai annoncé, A moins que vous n'ayez cru pour rien.

' Car je vous ai transmis en premier lieu Ce qu'aussi j'avais reçu :

Que Christ est mort pour nos péchés, selon les Ecritures ; ' Qu'il a été enterré, qu'il est ressuscité le troisième jour.

Selon les Ecritures ; " Qu'il est apparu à Céphas. puis aux Douze ; " Ensuite il est apparu h plus de cinq cents frères en une fois, Dont la plupart subsistent encore maintenant, Mais quelques-uns sont morts ;

' Ensuite il est apparu à Jacques, puis à tous les apôtres ; * Et en dernier de tous, comme à un avorton, il est apparu aussi à ' Car je suis, moi, le moindre des apôtres, moi.

PREiMlÈRE AUX CORINTHIENS, XV, 10-25 71

Qui ne suis pas digne d'être appelé apôtre, Parce que j'ai persécuté la communauté de Dieu. ' Mais, par grâce de Dieu, je suis ce que je suis. Et la grâce qu'il a eue pour moi n'a pas été inutile, Mais plus qu'eux tous j'ai travaillé, Non pas moi pourtant, mais la grâce de Dieu avec moi.

" Donc, soit moi, soit eux, ainsi prêchons-nous. Et ainsi avez-vous cru.

" Mais si l'on prêche du Christ qu'il est ressuscité des morts. Gomment quelques-uns pai-mi vous peuvent-ils dire Qu'il n'y a pas résurrection de morts ? S'il n'y a pas résurrection de morts, Christ non plus n'est pas ressuscité. •Mais si Christ n'est pas ressuscité, Vide est notre prédication, vide aussi est' votre foi.

" Et nous sommes aussi trouvés faux témoins de Dieu, Pour avoir témoigné à l'encontre de Dieu Qu'il a ressuscité le Christ, Qu'il n'a pas ressuscité, Si vraiment les morts ne ressuscitent pas.

'" Car, si les morts ne ressuscitent pas, Christ non plus n'est pas ressuscité. .Mais si Christ n'est pas ressuscité, Vaine est votre foi, \^ous êtes encore dans vos péchés. Donc aussi ceux qui reposent en Christ sont perdus. Si en cette vie seulement nous avons espoir dans Christ, Nous sommes plus à plaindre que tous les hommes.

" Mais Christ est ressuscité des morts. Prémices de ceux qui reposent, (jar, puisque par homme est mort, .\insi par homme est la résurrection de morts. De môme, en effet, qu'en .\dam tous meurent, .\insi dans le Christ tous redeviendront vivants.

■' Mais chacun en son rang : Prémices, Christ;

Ensuite ceux du Christ, dans son avènement; Puis la fin, quand il remettra la royauté à Dieu, au Père, (Jtuanil il aura aboli toute domination, tout pouvoir et puissance.

"" Car il doit régner Jusqu'à ce qu'il ail mis tous les ennemis sous ses pieds.

i PREMIÈRE AUX CORINTHIENS, XV, 26-41

'"''■ Le dernier ennemi aboli sera la mort. ■' Car i7(Dieu) a tout mis sous ses pieds.

Mais quand on dit que tout lui a été soumis,

(Cela s'entend) évidemment

A l'exception de celui qui lui a soumis tout. "* Et lorsque tout lui aura été soumis,

Alors le Fils lui-môme se soumettra

A celui qui lui aura tout soumis.

Afin que Dieu soil tout en tout.

"" Aussi bien, que leront ceux qui sont baptisés pour les morts?

S'il n'est point vrai du tout que les morts ressuscitent.

Pourquoi donc se font-ils baptiser pour eux ? '" Pourquoi, nous aussi sommes-nous en péril à chaque heure ? " Tous les jours je suis à la mort,

J'en jure, frères, par la gloire que j'ai de vous

En Christ Jésus notre Seigneur. '' Si, comme homme, j'ai eu à combattre les bêtes à Ephèse,

Que m'en revient-il?

Si les morts ne ressuscitent pas,

Mangeons et buçons, car demain nous mourons. " Ne vous (y) trompez pas :

Mauvaises compagnies gâtent bonnes mœurs ; " Dégrisez-vous comme il faut et ne péchez pas,

Car il y a des gens qui ont ignorance de Dieu :

A votre confusion je le dis .

" Mais, dira-t on, comment les morts ressuscitent-ils?

Et avec quel corps viennent-ils ? " Insensé, ce que tu sèmes

N'est point rendu vivant s'il ne meurt. " Et ce que tu sèmes, ce n'est pas le corps à venir que tu sèmes,

Mais wn simple grain, de blé par exemple, ou d'autre sorte. " Mais Dieu lui donne corps comme il veut,

Et à chaque sorte de semences son corps particulier. " Toute chair n'est pas la même chair,

Mais autre est celle des hommes,

Et autre la chair des bestiaux, autre est la chair des oiseaux,^

Autre celle des poissons, '" Et il est des corps célestes, il est des corps terrestres;

Mais autre est l'éclat des célestes, autre celui des terrestres ; "Autre l'éclat du soleil, et autre l'éclat de la lune,

Autre l'éclat des étoiles ;

PREMIÈRE ALX CORINTHIENS, XV, 42-58 73

Car étoile diiTère d'étoile en clarté,

'■ Ainsi en est-il de la iv'surreclion des morts : Le corps) est semé en corruption, il est ressuscité en incorrup- tibilité, Il est semé en ignominie, il est ressuscité en clarté; Il est semé en faiblesse, il est ressuscité en force ; Il est semé corps animé, il est ressuscité corps spirituel.

S'il y a corps animé, il y a aussi (corps) spirituel. Ainsi encore est-il écrit :

Le premier homme, Adam, fui fait âme vivante ; Gn. h, -.

Le dernier Adam, esprit vivifiant ;

" Mais ce n'est pas le spirituel qui vient en premier, C'est l'animé; ensuite le spirituel. Le premier homme est de la terre, terrestre ; Le second homme est du ciel. Tel le terrestre, tels aussi les teri-eslres. Et tel le céleste, tels aussi les célestes, ' Et comme nous avons porté la ressemblance du terrestre. Nous porterons aussi la ressemblance du céleste.

'"" Or, ce que je dis, frères, C'est que chair et sang ne peuvent hériter le règne de Dieu, Et que la corruption n'héritera pas l'incorruptibilité.

" Voici un secret (jue je vous dis : Nous ne mourrons pas tous, mais tous nous serons changés, En un instant, en un clin-d'œil, au dernier (coup de) trompette, Car il y aura son de tromjjelte, Et les morts ressusciteront incorruptibles. Et nous, nous serons changes.

" Car il faut que cet être corruptible revête l'incorruptibilité, Et que cet être mortel revête l'immortalité.

' Or, lorsque cet (être) corruptible aura revêtu l'incorruptibilité. Et que cet (être) mortel aura revêtu l'immortalité, Alors sera réalisée la parole qui est écrite :

La mort a été engloutie pour victoire; is. xxv, s.

' est, mort, ta victoire? est, mort, ton aiguillon? Os. xm, r,

" Or, l'aiguillon de la mort, c'est le péché. Et la force du péché c'est la Loi. ' Grâce soit à Dieu, Qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ! "' Ainsi, mes frères très chers, soyez fermes, immuables.

74 pnEMlÈUE AUX CORINTHIENS, XVI, 1-24

Toujours plus appliques à l'œuvre du Seigueur en tout tmps. Sachant que votre peine dans le Seigneur n'est point intile.

XVI, ' El quant à la coUecle pour les saints, selon les inn uctions quej'ai données aux communautés de Galatic.ainsi faites von mêmes. " Chaque premier jour de la semaine, que chacun de vous lelte de côté en épargne ce qu'il aura gagné, afin que les collectes nient pas lieu (seulement) quand je viendrai. ^Mais, quand je serai arr é.ceux que vous jugerez bon, je les enverrai avec des lellies porlr votre offrande à Jérusalem; 'et si cela mérite que j'y aille aussi. Is iront avec moi. 'Or je viendrai chez vous lorsque j'aurai traversé i Macé- doine. Car je passerai par la Macédoine, "mais je resterai chz vous, si c'est possible, ou môme j'y passerai l'hiver, pour que vou^me fas- siez conduite j'irai. 'Car je ne veux pas vous voir seuleient en passant; j'espère plutôt demeurer quelque temps chez vous, i le Sei- gneur le permet, 'Mais je resterai a K[)hèse jusqu'à la pcti'côte; "car une porte m'a été ouverte, grande et de succès, avec Laucoup d'adversaires.

'" Fa si Timothée vient, voyez à ce qu'il soit sans craiie chez vous; car il travaille à l'œuvre du Seigneur, tout comme m(, " <}tic personne donc ne le dédaigne ; et faites-lui conduite en pa: (jour qu'il me vienne trouver, car je l'attends avec les frères.

" Et quant au frère ApoUos, je l'ai beaucoup engagé à allr chez vous avec les frères; mais ce n'était pas du tout (sa) volonté d aller maintenant, et ilira quand il (en) aura le loisir.

" Veillez, restez fermes dans la foi, soyez des hommes, soyz forts. '' Que tout chez vous se lasse en charité. "' Or, je; vous en prid'rères : vousconnaissczlamaisondeStéphanas,qu'elleestprémicesde iVchaïe et qu'ils se sont mis au service des saints ; '* vous aussi, soyez oumis il de tels (hommes) et à quiconque travaille et peine avec eux . Je me réjouis de la présence de S(éphanas, de Fortunatus et d'Auaïcus, I)arce qu'ils ont suppléé ce qui manquait de votre part; " car Is ont tranquillise mon esprit comme le voli-e. Reconnaissez donc le tels (hommes).

'• Les communautés de l'Asie vous saluent. Vous saluent beucoup tlans le Seigneur Aquila et PrLsca, avec la communauté qui c; dans leur maison. " Tous les frères vous saluent. Saluez-vous les ns les autres en baiser saint.

"Salutation autographe de moi Paul. Si quelqu'un n'aime pas le Seigneur, qu'il soit maudit. Maranatha. ' La grâce du Seignev Jésus soit avec vous. " Mon amour est avec vous tous en Christ Jéss .

I

1-

m ^^t> '- tait im k t.

rlkità. l."-OetKk-.- tUelMwir.

<|9l'l(^fl«Wfu'

|iirt. il s\ ft i,li'il«,4ttii . 'l(lK wtnm:

imlr-' Au i

•'«O/^infL ,.,

'>'*>U_B.^

LA SECONDE EPITRE AUX CORINTHIENS

Notice

^ftâ<U^

Ainsi qu'il était prévu, Tiniolhée rejoignit bientôt Paul à Ephèse, mais les nouvelles apportées par lui de Coi'inlhe furent assez alarmantes pour que I Apôtre, changeant ses projets, se rendît tout de suite à Corinthe, sans passer par la Maci'''oine, comme il en avait eu l'intention. Sou arri- vée inattendue ne servit qu'à faire éclater l'opposition qui avait peu à peu grandi contre lui dans les derniers temps. Il retourna bientôt en A^ie, pro- mettant de revenir plus tard ; et, en attendant, il adressa aux Corinthiens une apologie fulminante, comparable à l'épilre aux Gaiates. qui a été écrite vers le même temps (fm de l'été 5.5). niais plus réfléchie, plus directe, moins chargée d'argumentation théologiqae, le fantôme de la judaîsation étant écarté, parce que, sûrement, les Corinthiens ne.s'en seraient point clfrayés.

I. Cette lettre était probablement écrite au nom de Paul et de Timo- ihée (comme II Cr. », t- 2), et, n'y ayant pas lieu de faire l'éloge des desti- nataires, elle commençait comme un dithyrambe en l'honneur de l'aposto- lat universel que Dieu avait attribué à Paul : grâces soient rendues k celui qui le promène par le monde, en parfum de vie pour les élus, en odeur de mort pour les incroyants, ministre de la parole divine, qu'il prêche toute pure, au heu de l'altérer, comme tant d'autres (11, i^-i~ ; cf. Gl. 1, 7). Ce qu'il en dit n'est pas pour se recommander lui-même, car il n'a pas besoin d'être recommandé, il n'use pas, comme d'autres, - Apollos était du nombre (Act. xviii, a-), et la pratique était toute naturelle, on peut même dire nécessaire, de lettres de recommandation pour l'accréditer auprès des Corinthiens ou bien de leur part ; les Corinthiens sont sa lettre de recommandation (m. i-3). Dieu lui-même l'adapte à son ministère, qui est de Dieu, ministère de la nouvelle alliance, ministère de l'Esprit qui vivi- fie, non de la lettre qui tue ; ce ministère de la lettre, le niinistère de la Loi, eut sa gloire, son resplendissement divin, puisque Moïse, en descen- dant de la montagne, devait cacher le rayonnement de son visage pour ménager les Israélites ; mais combien plus grande que celle de ce minis- tère transitoire doit être la gloire du ministère (jui ne passe pas, qui ne met pas de voile, qui réflécliit à visage découvert la gloire du Seigneur et

74 PREMIÈRE AUX CORINTHIENS, XVI, 1-24

Toujours plus appliques à l'œuvre du Seigueur en tout temps. Sachant que votre peine dans le Seigneur n'est point inutile.

XVI, ' Et quant à la collecte pour les saints, selon les instructions quej'ai données aux communautés de Galatie,ainsi faites vous-mêmes. " Chaque premier jour de la semaine, que chacun de vous mette de côté en épargne ce qu'il aura gagné, afin que les collectes n'aient pas lieu (seulement) quand je viendrai. 'Mais, quand je serai arrivé, ceux que vous jugerez bon, je les enverrai avec des lettres porter votre offrande à Jérusalem; 'et si cela mérite que j'y aille aussi, ils iront avec moi. 'Or je viendrai chez vous lorsque j'aurai traversé la Macé- doine. Car je passerai par la Macédoine, 'mais je resterai chez vous, si c'est possible, ou même j'y passerai l'hiver, pour que vous me fas- siez conduite j irai. 'Car je ne veux pas vous voir seulement en passant ; j'espère plutôt demeurer quelque temps chez vous, si le Sei- gneur le permet. 'Mais je resterai à Ephèse jusqu'à la pentecôte; 'car une porte m'a été ouverte, grande et de succès, avec beaucoup d'adversaires.

'" Et si Timothée vient, voyez h ce qu'il soit sans crainte chez vous; car il travaille à l'oeuvre du Seigneur, tout comme moi. " Que [>ersonne donc ne le dédaigne ; et faites-lui conduite en paix pour qu'il me vienne trouver, car je l'attends avec les frères.

" Et quant au frère ApoUos, je lai beaucoup engagé à aller chez vous avec les frères; mais ce n'était pas du tout (sa) volonté d'aller maintenant, et ilira quand il (eu) aura le loisir.

" Veillez, restez fermes dans la foi, soyez des hommes, soyezforts. •' Que tout chez vous se lasse en charité. "" Or, je vous en prie, frères : vous connaissez la maison de S téphanas, qu'elle est prémices de l'Acha'ie et qu'ils se sont mis au service des saints ; '" vous aussi, soyez soumis à de tels (hommes) et à quiconque travaille et peine avec eux. " Je me réjouis de la présence de Sféphanas, de Fortunatus et d'Achaïcus, parce qu'ils ont suppléé ce qui manquait de votre part; " car ils ont tranquillisé mon esprit comme le vôtre. Reconnaissez donc de tels (hommes).

" Les communautés de l'Asie vous saluent. Vous saluent beaucoup dans le Seigneur Aquila et Prisca, avec la communauté qui est dans leur maison. Tous les frères vous saluent. Saluez-vous les uns les autres en baiser saint.

" Salutation autographe de moi Paul. Si quelqu'un n'aime pas le Seigneur, qu'il soit maudit. Maranalha. " La grâce du Seigneur Jésus soit avec vous . " Mon amour est avec vous tous en Christ Jésns .

LA SECONDE ÉPITRE AUX CORINTHIENS

Notice

Ainsi qu'il était prévu, Timolhée rejoignit bientôt Paul à Ephèse, mais les nouvelles apportées par lui de Corinliie furent assez alarmantes pom" que 1 Apôtre, changeant ses projets, se rendit tout de suite à Corinthe, sans passer par la Macédoine, comme il en avait eu l'intention. Sou arri- vée inattendue ne servit qu'à faire éclater l'opposition qui avait peu à peu grandi contre lui dans les derniers temps. Il retourna bientôt en Asie, pro- mettant de revenir plus tard ; et, en attendant, il adressa aux Corinthiens une apologie fulminante, comparable à l'épitre aux Galates, qui a été écrite vers le même temps (lin de l'été 55), mais plus rélléchie, plus directe, moins chargée d'argumentation théologique, le fantôme de la judaïsation étant écarté, parce que, sûrement, le>: Corinthiens ne.s'en seraient point clfrayés.

I. Cette lettre était probablement écrite au nom de Paul et do Timo- lhée (comme II Cr. », i- 2), et, n'y ayant pas lieu de faire l'éloge des desti- nataires, elle commençait comme un dithyrambe en l'honneur de l'aposto- lat universel que Dieu avait attribué à Paul : grâces soient rendues à celui qui le promène par le monde, en parfum de vie pour les élus, en odeur de mort pour les incroyants, ministre de la parole divine, qu'il i)rêcho tout(^ pure, au lieu de l'altérer, comme tant d'autres (11, i4-i" ; cf. Gl. 1, ^). Ce qu'il en dit n'est pas pour se recommander lui-même, car il n'a pas besoin d'être recommandé, il n'use pas, comme d'autres, - Apollos était du nombre (Act. xviii, a;), et la |)ratique était toute naturelle, on peut même dire nécessaire, de lettres de recommandation pour l'accréditer auprès des Corinthiens ou l)ien de leur part ; les Corinthiens sont sa lettre de recommandation (m, i-3). Dieu lui-même l'adapte à son ministère, qui est de Dieu, ministèi'e de la nouvelle alliance, ministère de l'Esprit qui vivi- fie, non de la lettre ([ui lue ; ce ministère de la lettre, le ministère de la Loi, eut sa gloire, son resplendissement divin, puisque Mo'i's»-, en descen- dant de la montagne, devait cacher le rayoïmemcnt de son visage pour ménager les Israélites ; mais combien plus grande- que celle de ce minis- tère transitoire doit être la gloire du ministère (pii ne passe pas, qui ne met pas de voile, qui réfléchit à visage découvert la gloire du Seigneur et

76 LES ÉPITRES

Cil est comme transfiguré, tandis qu'Israël garde encore son voile devant l'Ecriture, qu'il ne comprend pas (m, 4-8) ! Investi d'un tel ministère, Paul marche hardiment, disant en toute franchise la parole de Dieu; et si son évangile est voilé, c'est seulement pour les réprouvés, que Salan aveugle ; mais cet évangile est la lumière de Dieu, reflétée sur le Christ (iv, 1-6). Un être faible est chargé de ce puissant message ; il meurt chaque jour afin que la vie de Jésus se manifeste en sa chair mortelle, jamais découragé au milieu des plus dures épreuves, parce que la peine fugitive du présent lui prépare, il le sait, un trésor éternel de gloire (iv, 7-18). La tente terrestre qui nous abrite dans la vie actuelle doit être, en effet, rem- placée par une demeure éternelle qui nous attend au ciel, et notre espoir est que celle-ci absorbe celle-là, pour que nous soyons près du Seigneur (v, i-io). Mais il importe de vivre dans la conscience de cette destinée - Paul n'en parle pas pour s'en prévaloir, mais pour que les Corinthiens sachent que répondre à ceux qui se gloriûent d'avantages temporels (v, 11-12).' Ce trait vise, dans la pensée de Paul, les adversaires que l'épître aux Galates dénonce en bloc comme judaisants, c'est-à-dire tous les pré- dicateurs chrétiens autres que Paul lui-même et ses disciples. Hors de sens, comme il le parait à plusieurs, il l'est certes, mais pour Dieu, qu'il sert selon les lumières qu'il en reçoit ; cela ne l'empêche pas d'être sage en tant qu'il est aussi bien au service des Corinthiens pour leur salut; il s'abandonne à l'amour du Christ, qui est mort pour tous afln qu'on ne vive plus que pour lui ; c'est pourquoi il ne connaît plus personne selon la chair, selon l'ordre de la connaissance naturelle, pas même le Christ, le monde de la foi au Christ mort et ressuscité étant un monde nouveau, tout spirituel ; c'est selon cet ordre tout spirituel de connaissance que Paul, négligeant Ponce Pilate, a pu écrire (l Cr. ii, 8) que « les archontes de ce monde ont crucifié le Seigneur de la gloire » ; Dieu s'est ainsi réconcilié le monde par le Christ, et c'est de cette réconciliation que Paul est le héraut (v, i3-ai) ; comme tel, il adjure les Corinthiens de ne pas recevoir en vain la grâce de Dieu, et il supporte tout dans l'accomplis- sement de son ministère, étant au-dessus de toutes les tribulations et de toutes les calomnies, au-dessus de tout ce qui est humain, et comme tout- puissant dans l'ordre de l'Esprit ( vi, i-to). Celui qui a écrit ces lignes est bien le même qui, dans l'épître aux Galates, s'est donné comme l'apôtre unique du véritable évangile ; il s'est fait une place essentielle, hors de comparaison, dans l'économie du salut. Apostrophant maintenant les Corinthiens, il leur dit que son cœur est élargi de leur côté, qu'ils n'y sont pas à l'étroit, mais que leur cœur à eux s'est rétréci pour lui et qu'il fau- drait l'élargir aussi (vi, 11 -i3).

La suite de ce beau mouvement est coupée, comme hachée, par des intercalations (insertion de vi, i4-vii, i, peut-t'lre fragment de la première lettre aux Corinthiens, cf. siipr., p. '39 : et de vu, 5-ix, morceau impor- tant de la dernière lettre), qui ne résultent pas d'un accident ; eu prati- quant de cette façon la combinaison rédactionnelle, on aura voulu corriger

LA SECONDE ÉP1THE AUX CORINTHIENS 77

l'impression que donnait notre lettre en sa forme originale. Et l'opération n'a pas dît se faire sans quelques suppressions ni sans sutures artiflcielles (vu, 1 pourrait en être une, et vu, 5, qui était originairement la suite de II, i3, a être un peu relouciié).

Certes, reprenait l'Apôtre, il n'avait causé de tort à personne, et il ne le disait pas pour faire de la peine aux Corinthiens, mais pour établir la vérité(vit,2-3). Il préféi-ait dire ces choses pénibles à distance, pourn'avoir pas à flétrir publiquement ses dilTamateurs quand il retournerait à Corinthe (transition à supposer pour rejoindre x-xii). On l'accuse de n'être hardi que de loin : il prie les Corinthiens de lui épargner la nécessité de l'être aussi Ijien quandilsera parmi eux ; on lui prête des intentions purement humaines, et Ton se trompe ; il se sert d'armes spirituelles pour combattre tout orgueil et toute désobéissance (x, i-6i. Au surplus, que lui manque- t-il si l'on veut regarder aux titres extérieurs ? Si les autres se présentent comme étant au Christ, lui aussi est au Christ ; il pourrait alïecter plus d'autorité, pratiquement, s'entend, car on ne voit pas comment il pour- rait aller plus loin dans ses prétentions de principe, à moins de prendre la place de son Christ ; il pourrait se montrer, en traitant directement avec les gens, aussi sévère qu'il l'est dans ses lettres (x, 7-11). 11 n'oserait pas, dit-il avec ironie, se comparer à certains qui se recommandent eux- mêmes ; ce sont peut-être ceux à qui plus haut il reprochait de venir avec des lettres de recommandation (jui font valoir leur qualité ; mais, sans se comparer à d'autres, il se glorilie uniquement selon la mesure que Dieu lui a faite, et les Corinthiens doivent bien savoir qu'il est venu jusqu'à Corinthe ; il ne tire pas gloire des travaux d'autrui en se substi- tuant à eux ; ce trait frappe ceux qui se sont permis de venir à Corinthe après lui ; et il espère, la foi des Corinthiens grandissant, porter l'évangile encore plus loin, toujours sans mettre le pied sur le terrain d'autrui ; mais que celui qui se glorifie se glorifie dans le Seigneur (x, 12- 17). Pourtant les Corinthiens lui passeront bien un peu de folie, et il va tout de même se comparera ceux qu'on lui oppose: il était religieusement jaloux pour la communauté coiinthienne, qu'il se réservait de présenter au Christ son fiancé comme une vierge pure ; et voilà que les Corinthiens, comme Eve jadis, se laissent séduire par ceux qui leur apportent un autre Christ, un autre esprit, un autre évangile; (xi, i-4). Ainsi s'oxprime-t-il touchant les prétendus judaîsants de Galatic. Pourtant il ne le cède en rien aux « surapôtn^s »(xi, 5). Façon de parler qui n'est ])as exemple d'ironie, et qui, si elle ne concerne pas uni([uement, tant s'en faut, Pierre et les anciens apôtres, les comprend nécessain^ment. Il ne brille pas ])ar l'éloquence, mais il n'est inférieur à personne en science (xi, 6). I..ui fera- t-on grief d'avoir prêché gratuitement l'évangile ? Les frères de Macédoine ont pourvu à son besoin ({uand il prêchait à Corinthe, et il n'a pas voulu être à charge aux Corinthiens ; il continuera de garder envers eux le même procédé, non qu'il ne les aime i)oint, mais pour ne pas faire le jeu de ses adversaires, faux apôtres déguisés en aiiôlres du Christ, comme

78 LES ÉPITRES

Satan parfois se déguise en ange de lumière (xi, j-iS). Le propos est vif, mais on ne doit pas oublier que Paul est l'apôtre unique de la vérité. Encore une fois, les Corinthiens, ces sages qui se laissent si aéfiément malmener par les insensés, lui souffriront bien ce moment de folie : il peut, comme les autres, se parer de titres humains : hébreu, Israélite, enfant d'Abraham, il l'est comme eux ; ministre du Christ, soit dit en folio, plus cpi'eux il l'est, à raison de tous les mauvais traitements, accidents, fatigues, privations auxquelles il s'est exposé, du souci perpétuel que lui donne la direction des communautés et des fidèles (xi, i6-33). Si l'on parle de révé- lations sui-naturelles, il sait quelqu'un quifut, il y a quatorze ans, ravi au troisième ciel. Il pourrait donc se vanter sans être vraiment fou ; mais il ne veut pas qu'on se fasse de lui une trop haute idée : du reste, un ange de Satan, sans doute une maladie importune et humiliante, lui a été donné pour le rappeler au sentiment de sa faiblesse, et quand il a demandé à en être débarrassé, le Seigneur lui a répondu qu'il eût à se con- tenter d'être en grâce avec lui ; dans cette faiblesse se manifeste la puis- sance du Christ (xn, i-lo). Ce sont les Corinthiens qui l'obligent à parler ainsi de lui-même, à dire que, tout en n'étant rien, il n'est en quoi que ce soit inférieur aux « surapôtres » (xii, li). Il est clair que ceux-ci sont les prédicateurs les plus réputés du christianisme commun, et que Paul ne se comparerait pas ainsi au fretin des évangélistes, moins encore à de vulgaires imposteurs. Son apostolat, exercé en toute patience, a été signalé par les miracles les plus variés ; les Corinthiens n'ont rien à envier aux autres communautés, si ce n'est que leur apôtre ne leur a pas été à charge ; il va venir pour la troisième fois chez eux, et il continuera de ne leur demander rien ; ce ne sont pas les enfants qui amassent pour les parents, mais les parents pour les enfants ; et Paul se dépense pour les siens, au risque d'être moins aimé pour plus de dévouement (xn, ii-id).

Mais ne les aurait-il pas circonvenus '.' La réponse à cette objection (xii, i(>), la plus grave de tontes, et qui probablement vise le silence gardé par lui sur sa situation à l'égard des autres apôtres, a dis)iaraitre par la volonté des compilateurs, soit parce qu'on ne la comprenait plus, soit plutôt parce qu'on la comprenait encore trop, et qu'on n'en était pas édilié ; elle aura été remplacée par une mauvaise pièce de raccord (xii, 17-18), le rappel de la mission de Tite à Corinthe pour la collecte, fait postérieur à la présente lettre, mais qui est énoncé antérieurement (viii, 16,17,23) dans la compilation officielle. Il est probable que Paul se disculpait, comme dans l'épître aux Galates, en chargeant les autres : ce n'est pas lui qui avait abusé les Corinthiens, c'étaient leurs faux apôtres qui les avaient trompés.

II a, dit-il pour conclure, l'air de se justifier devant les Corinthiens, mais il ne parle en réalité que pour leur édification et dans leur intérêt : il ne veut pas se retrouver au milieu des divisions, contestations et abus qui l'ont affligé dans son précédent séjour ; c'est le troisième qui sera déci- sif ; aux Corinthiens de s'examiner eux-mêmes et de réprimer chez eux

LA SECONDE ÉPITRE ALX CORINTHIENS 79

les désordres, de telle sorte qu"il n'ait pas à employer, pour détruire, la puissance que le Seigneur lui a donnée pour édifier (xii, 19. xîii, 10). Puis- sent-ils vivre en bonne entente et en paix ; qu'ils se saluent dans le saint I>aiser, en recevant par la présente la salutation des saints ; el que la grâce du Seigneur, Tamour de Dieu, la communication de TEsprit saint soient avec eux tous (xiii, ii-i3). Notons que, dans cette véhémente et pathé- tique apologie, Paul a oublié tous les ménagements qn"il gardait dans la première épitre, il voulait bien considérer Pierre, Barnabe, Apollos el tous les autres comme des ministres du Christ et des collaborateurs de l'œuvre évangélique : maintenant il est monté au diapason de Tépilre aux Galates, héraut unique du véritable évangile, et les grandes autorités de l'apostolat sont plutôt pour lui ministres de Satan. S'il n"a dit mot de la justification par la foi seule, ce peut être parce qu'il n'osait parler de judaïsation : peut-être aussi se sera-t-il retenu d'émettre pareille théorie devant des gens qu'il savait bien n'être pas tous confirmés on vertu.

II. Une réconciliation est intervenue, dont les autres morceaux de la seconde épitre nous fournissent le document. La lettre qu'on vient de voir a peut-être contribué à ce résultat, mais on peut douter qu'elle leùt opéré toute seule. Un personnage s'est trouvé fort à propos pour ménager l'ac- cord, mais non par la simple soumission, que prévoyait et réclamait celle apologie. Tite. que Paul avait connu jadis à Antioche et qui l'avait accom- pagné à Jérusalem quand il y était allé avec Barnabe pour l'alfaire de la circoncision, l'avait rejoint, on ne sait comment, lorsque, fuyant Corinthe, l'apôtre était retourné en Asie. Ce no doit pas être ïite qui a porté à Corinthe la lettre apologétiqufc ; il y sera venu seulement un peu après, ayant, semble-t-il, amené Paul à des sentiments plus conciliants envers les anciens apôtres, dont lui-même, autant qu'on en peut juger, ne s'était point détaché. La rencontre de Tite et de Paul avait eu lieu à Ephèse ou dans la région, et rendez-vous fut pris à Troas, Paul avait occasion de fonder une communauté ; Tite, de son côté, devait aller à Corinthe et venir ensuite retrouver Paul en passant par la Macédoine : Tite n'arrivant I)as, Paul lui-même se rendit de Troas en Macédoine, et c'est qu'il apprit de Tite l'apaisement du conflit dont on vient de suivre le dévelop- pement. Ne pouvant ou ne voulant aller tout de suite à Corinthe, Paul écrit une dernière lettre pour préparer sa visite et coulirmer la paix.

Celle lellre est adressée par Paul, « apôtre de Jésus-Christ par volonté de Dieu », et « le frère Timothée, à la communauté de Dieu qui est à Corinthe. ainsi qu'a tous les frères tpii sont en toute l'Achaïe » (i, 1-2). Loué soit Dieu, le Dieu de toute consolation, pour celli- que l'Apôtn- a reçue en son affliction, et (jui lui ])ermet d<- consoler lui-même les (xjrinthiens allli- gés (l, 'i-8)! Grand a été l'accablemenl que Paul vient d'éprouver en Asie : crise de désespoir dont il a plu à Dieu, son unique espérance, de le tirer, et de façon durable, si les Corinthiens veulent bien l'assister de leurs {«rières (i, 8- 11). Il na d'autre gloire que le témoignage de sa conscience, assuré qu'il est d'avoir agi toujours loyalement, et en particulier vis-à-vis

80 LES ÉPITI'.ES

des Corinthiens ; là-dessus il n'a rien écrit que ceux-ci ne connaissent. et ils savent bien qu'il est leur gloire, comme eux la sienne, pour le jour du Seigneur (i, 12-14). C'est dans ces sentiments qu'il avait voulu procurer aux Corinthiens l'avantage d'une double visite en venant chez eux avant d'aller en Macédoine, pour revenir ensuite à Corinthe et partirde pour la Judée ; bien qu'il eût d'abord annoncé un autre dessein (I Cr. xvi, 5), le parti qu'il a pris flnalemont n'est pas une preuve de légèreté ; ses projets n'ont pas été plus inconsistants que sa doctrine.et l'évangile de Jésus-Christ, prêché aux Corinthiens par lui, par Silvanus, le Silas des Actes, et par Timothée, n'était que vérité positive, les promesses de Dieu ayant toutes leur accomplissement en Jésus, par qui et en qui Dieu nous donne l'Esprit pour l'immortalité (i, i5-22). Si Paul n'est pas retourné encore à Corinthe, c'est par ménagement pour les Corinthiens, non atin d'exercer une sorte de domination sur leur foi; il s'est promis de ne pas les revoir en affliction, ne voidant pas attrister ceux dont il veut la joie ; ce qu'il a écrit dans la tristesse n'était pas pour les attrister eux-mêmes, mais pour leur faire connaître son atfection (1, 2'i-ii, 4)- Si quelqu'un l'a insulté, c'est aux Corinthiens qu'a fait affront celui-là. Allusion à un incident pénible du dernier séjour, sur lequel l'Apôtre ne veut pas insister. Cet individu a été assez puni par la décision qu'a prise à son égard la majorité ; il con- viendrait maintenant de lui faire grâce pour qu'il ne tombe pas dans le désespoir ; c'était pour éprouver les Corinthiens que Paul avait parlé de punition ; il s'associe bien volontiers à la grâce que les Corinthiens accor- tleront, la rigueur ne pouvant servir que les desseins de Satan (11, 5-ii). Sa lettre précédente (xiit, 2, .5, 10) semblait exiger de plus nombreuses exé- rulions, et plus radicales. Il rappelle l'inquiétude qui le tourmentait à 'l'roas, il attendait Tile, et comment il quitta, pour aller en Macédoine au devant de son ancien disciple, unemission qui promettait beaucoup; enfin rite est venu, et Paul a connu les bonnes dispositions des Corintliiens à son égard (11, i2-i3 ; vit, S-j). Maintenant il ne peut pas regretter de les avoir attristés par sa lettre, puisque cette tristesse a tourné en repentir salutaire et qu'elle a montré que les Corinthiens étaient innocents de ce qui est arrivé ; aussi bien n'avait-il écrit que pour leur fournir occasion de témoi- gn3r ce dévouement ; ce n'était pas dans son propre intérêt ni contre celui qui l'avait insulté ; il a été consolé encore par la joie de Tite et n'a pas eu à regretter l'éloge qu'il avait fait des (Corinthiens à celui-ci en l'envoyant jiuprès d'eux vu, 8-16). Sentiments délicats, un peu subtils dans leur expression ; indulgence qui contraste singulièrement avec les propos vio- lents tenus dans la précédente lettre au sujet des autres apôtres, et avec la rigueur de ses exigences envers les Corinthiens. On peut croire que si Tite a pacifié la communauté de Corinthe, il s'est employé tout autant à pacilier Paul, son intention n'ayant pas été seulement de réconcilier celui-ci avec les Corinthiens, mais aussi avec les autres représentants de l'apostolat.

Les deux chapitres concernant la collecte semblent devoir être rattachés à la lettre de réconciliation. Paul avertit les Corinthiens que les communau-

LA SECONDE ÉPITUE AUX CORINTHIENS 81

tés de Macédoine, bien que pauvres, ont voulu particii>er à cette œuvre ; ils ne peuvent pas moins faire, et il est temps de finir ce qu'ils ont com- mencé l'année jirécédcntc (conformément à I Cr. xvi, 1-2) ; le service qu'ils rendront sera compensé plus tard par ceux